Poète antillais, chantre de la négritude, co-fondateur de la revue Présence Africaine et diplomate en Afrique, Guy Tirolien reste méconnu, contrairement à Aimé Césaire et Léopold Sendar Senghor; pourtant ses poèmes sont de vrais merveilles.
Ils rappellent ceux de Césaire mais sont plus doux, moins révoltés, ce qui explique peut-être qu'ils aient eu moins d'impact.
Poète de la nature et des éléments, de l'Afrique et des Antilles, de l'esclavagisme, de la condition des Noirs à travers les siècles et les continents, Guy Tirolien est marqué au fer rouge par l'Histoire de ce peuple noir- puisqu'on ne peut pas dire race en France, contrairement à d'autres langues - qui n'a plus de racines si ce n'est, dans son cas, un petit bout de terre au milieu de l'océan qui ne lui appartenait pas et qui se doit d'aller de l'avant pour réécrire cette Histoire.
Comme toujours, les meilleurs poèmes sont ceux qu'on pourrait relire toute notre vie et qui continueraient à se révéler et ce recueil n'en manque pas, j'ai la frustrante sensation de n'avoir saisi qu'une infime partie de ce qui est dit, ressenti.
Malheureusement je dois rendre le livre, mais ça a été une très belle découverte!
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Nous unirons nos voix en un bouquet de cris
à briser le tympan de nos frères endormis;
et sur la proue ardente de nos îles,
les flammes de nos colères
rougeoieront dans la nuit en boucans d'espérance.
Nous obligerons la fleur sanglante du flamboyant
à livrer aux cyclones son message de feu;
et dans la paix bleutée des aubes caraïbes
nos volcans réveillés cracheront des mots de soufre.
Mais forts de la nudité riche
des peuples sans racine
nous marcherons sereins parmi les cataclysmes.
Adieu "Adieu Foulards"
Et puis
elle est vraiment trop triste leur école
triste comme
ces messieurs de la ville
ces messieurs comme il faut
qui ne savent plus danser le soir au clair de lune
qui ne savent plus marcher sur la chair de leurs pieds
qui ne savent plus conter les contes aux veillées -
Seigneur je ne veux plus aller à leur école.
Prière d'un Petit Enfant Nègre
Salut, île! Voici ton enfant qui revient.
Par-delà la ligne blanche des brisants,
et plus loin que les vagues aux paupières de feu,
je reconnais ton corps brûlé par les embruns.
Je ne veux pas céder aux sourds et aux avides
vifs à escamoter comme un écu d'argent
la lumière de mon verbe.
Je ne veux pas régler le vol de la parole
et les pesées secrètes de son cours,
ni ses pudeurs ni ses reflux,
sur les passages cloutés de nos banalités.
Langage
sans peur et sans bagages je grimpe
agile vigie
au haut mât du présent
dos tourné à mon ombre et à toutes les ombres
je vous salue
formes sans vie et cependant vivantes
millions d'oeufs inéclos
future humanité
dieux que l'avenir de ses doigts lumineux tendrement façonne.
Fruits dépareillés
Aux racines de l'histoire africaine et la supercherie du Mémorial ACTe
avec Guy Tirolien