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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dépaysement total : Java, à la fin du 19e siècle.

Java, c'est en Indonésie, mais c'était alors les Indes néerlandaises et la reine Wilhelmine venait de monter sur le trône. le narrateur et héros du roman, Minke, est un Javanais né le même jour que la souveraine et très amoureux de l'image inaccessible de sa reine. C'est un indigène favorisé, car il fréquente un collège néerlandais où il a d'excellents résultats scolaires. Il gagne sa vie en vendant des meubles qu'il fait fabriquer par un voisin français. Il réussira aussi à faire publier ses textes dans le journal.

Un collègue étudiant l'amène chez une « Nyai », la concubine d'un homme blanc. Les préjugés voudraient qu'il pénètre dans un lieu malfamé, mais la Nyai est au contraire une femme extrêmement cultivée, qui lit et parle néerlandais. Elle hébergera Minke qui deviendra l'amant de sa fille Annelies qui se rend malade tellement elle est amoureuse de lui.

Le roman présente une image de relations sociales complexes avec des « purs blancs », des métis et des indigènes. Pour Minke, instruit des valeurs néerlandaises, les choses qui semblaient aller de soi, comme de se mettre à genoux face contre terre devant un chef, ne lui semblent plus du tout normales. Il sait qu'il est aussi intelligent que les « purs blancs », même s'il n'a pas de nom de famille.

Un livre qui m'a fait réaliser à quel point je suis ignorante de cette partie du monde. Je l'avoue, je ne connaissais pas grand-chose de l'Indonésie à part son emplacement sur le globe terrestre. C'est pourtant le 4e pays le plus peuplé et selon Wikipédia, c'est une des plus importantes sources de biodiversité, mais aussi un pays pauvre et à majorité musulmane. C'est une société cosmopolite, le roman mentionne les Javanais, les Madurais, les Balinais, les Aceh, mais ce ne sont que quelques-uns de plus d'un millier de groupes ethniques recensés aujourd'hui…

Un livre étonnant et dépaysant, à savourer au son du gamelan : https://youtu.be/UEWCCSuHsuQ.

Le problème avec ce roman, c'est qu'il n'est que le premier d'une tétralogie et que j'ai vraiment envie de connaître la suite. Ma PAL va encore s'alourdir.
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Minke est un indigène, la caste la plus basse sur l'ile de Java à la toute fin du XIX ème siècle. Ses parents ont réussi à l'inscrire dans une prestigieuse école destinée essentiellement aux colons, les Néerlandais. Un de ses camarades l'amène dans une riche propriété, appartenant à Hermann Melema , un colon qui a réussi dans l'agriculture. Pourtant dans cette ferme , la maitresse de maison est une indigène.

Il y a des livres qui remis dans leur contexte prennent toute leur force. L'auteur a passé sa vie à prôner la liberté . C'est en prison que le texte du Monde des hommes a germé dans les années 70. L'auteur devra attendre la fin des années 90 et de Suharto pour pouvoir publier cette oeuvre , premier tome d'une tétralogie.
Ce livre est immense . le héro, Minke, est un indigène parlant couramment le Néerlandais. On est constamment dans la quête de l'identité, le poids du passé, les convenances devant les colons, la liberté contrecarrée, l'injustice coloniale.
A travers ses personnages, l'auteur montre toute la stratégie du colonialisme, mais va bien au delà en instaurant des personnages complexes, humanistes comme lui.
Le monde des Hommes est avant tout un cri, une prise de conscience , la rébellion d'un peuple soumis, le dos courbé devant le colon et qui s'en remet à ses instruits pour relever la tête.
Il n'y a pas un mot de gratuit, pas un personnage fortuit. Il y a foison de thèmes abordés, toujours autour de l'humain : La passion , la liberté, l'honneur, les rapports de force, l'instruction mais aussi la psychanalyse balbutiante.
Lorsque l'on ouvre un livre , qui plus est inconnu, on part en voyage. A travers ses mots, l'auteur peut graver dans notre esprit des images très fortes. "Pram" est un maître. Un humaniste à découvrir pour que son combat soit porté à travers les continents.
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J'avoue ne mettre jamais penchée sur l'histoire du colonialisme néerlandais..Notre propre histoire coloniale étant encore empreinte de tant d'opacité que nous avons quelque foisn du mal a comprendre le système colonialisme dans sa globalité. Mais heureusement la littérature et ses auteur-e-s nous permettent d'éclairer nos nuits.
Ce livre fut raconté, puis il fut écrit. Raconté par l'auteur à ses co-détenus. Car ce livre fut crée en prison. Il s'agit donc d'un texte qui aurait pu ne jamais nous parvenir. Rappelons qui en est l'auteur : «  Pramoedya Ananta Toer est né en 1925 sur l'île de Java. Après avoir été emprisonné par le gouvernement colonial hollandais de 1947 à 1949, il est envoyé en 1965, sous la dictature de Suharto, au bagne de Buru, dont il sort en 1979 sous la pression internationale. Grand humaniste, fidèle à ses idéaux jusqu'à la fin de sa vie en 2006, il est surveillé et systématiquement censuré. Son oeuvre est immense – plus de cinquante romans, nouvelles et essais, traduits dans près de quarante langues. Fresque politique, roman d'initiation, d'amour et d'émancipation, le Buru Quartet est une incroyable machine romanesque – géniale, puissante et unique. » Editons Zulma.
« Le monde des hommes » est le premier opus du Buru Quartet. Et c'est un récit percutant.
L'histoire s'ouvre en 1899...L'esclavage est aboli...Le monde se veut « moderne »..
« L'usage du terme empire pour désigner toutes les activités d'outre-mer des néerlandais fait débat car de nombreuses colonies n'étaient en fait que des postes de commerce gouvernées par des entreprises privés, La Compagnie néerlandaise des Indes orientales et la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales. C'est seulement après les guerres napoléoniennes terminées en 1815, que les Britanniques rendirent à la monarchie néerlandaise les possessions que ceux-ci avaient occupé. le pays prit alors directement en charge la gestion des colonies. Après cette date, tous les historiens utilisent le terme d'empire et d'impérialisme, pour faire référence à un aspect plus européen et la plupart du temps, seulement pour la période 1880-1940, de leur colonisation. En 1968, un historien néerlandais écrivit pour un public anglais : « La politique coloniale néerlandaise n'a jamais été dominée par la vision d'établir un empire néerlandais en Asie », S. L. van der Wal dans : Bromley and Kossmann.
De plus, il n'y avait pas de politique d'assimilation, et les indigènes n'étaient pas forcés d'adopter la langue néerlandaise, ou les moeurs ou coutumes des Hollandais, comme la religion, protestante ou catholique. La colonisation était surtout économique, les Indes néerlandaises n'étaient pas une colonie de peuplement pour les colons néerlandais, et la présence des Européens était restreinte. En revanche, les populations étaient soumises à l'occupant, qui pouvait avoir recours au travail forcé » Wikipédia.
Opaque est donc notre histoire, et parfois peu édifiante. Méconnue parce que souvent encore tue.
En lisant l'article de Rokhaya Diallo, paru en 2013 dans les Inrocks, dont je vous invite ici à prendre connaissance : https://www.lesinrocks.com/2013/07/02/actualite/actualite/les-pays-bas-hantes-par-la-memoire-de-lesclavage/ , on comprend l'étendue, les conséquences des traumatismes des peuples et ceux des nations, du «  monde des hommes ».
Il y a une parole qu'il faut entendre, une parole porteuse d'histoires, histoires que les hommes racontent, transmettent, que ce soit du fond de leur cellule ou à travers les livres. Bien fous et bien monstrueux celles et ceux qui voudraient l'enfouir sous les cendres.
La littérature est utile à la compréhension du monde des hommes , à son articulation, à la réémergence de ses vérités.
Il fut un temps… Mais est ce là encore un échappatoire linguistique qui nous pousse à utiliser un temps qui bien qu'il fut n'en reste pas moins présent .
Il fallait un roman pour que cette histoire nous parvienne. Et Pramoedya Ananta Toer l'a écrit.
Oui il fut un temps, où le terme d'« indigène » était une graine putride germant dans le cerveau non moins putride d'un système économique et politique qui envahit le monde. Il fut un temps où l'on s'appropriait le corps des hommes, la terre des hommes. Il fut un temps où la haine de l'autre poussait des hommes à en venir à se haïr ou à se régner soi même. Il fut un temps où des hommes avaient un nom et d'autres n'en avait pas le droit. Il fut un temps où le ventre des femmes ne leur appartenaient pas, il fut un temps où l'enfant que portait une femme ne lui appartenait pas.
Il fut un temps où quelque tribunal de quelque capitale pouvait au nom d'une loi qu'elle était la seule à reconnaître pouvait d'une ligne spolier des hommes de leur terre, de leur droit.
Il fut un temps où les filles et fils d'indigènes se mirent à lire. A apprendre, à comprendre.
Et le temps commencèrent à changer...Mais pas à disparaître, malheureusement.
Il fut un temps où l'histoire n'était parfois plus racontée, il fut un temps où tout pouvait continuer…
Mais il fut également un temps où l'histoire fut imprimée, où des hommes donnèrent des visages aux sans nom.
Cette histoire commence en 1899, à Java. Mais cette histoire résonne dans le coeur du monde entier.
Elle est de partout et de tout temps. « Enfant de toutes les nations » sera le deuxième tome de cette grande histoire. Et il me tarde de la découvrir.
« Han, certes, ce n'est pas chose nouvelle, ce chemin où l'on met ses pas a été maintes fois parcouru mais seul le voyage actuel y pose des jalons ».
« Prison de Buru,
raconté en 1973,
écrit en 1975. »

Astrid Shriqui Garain
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"Mais  il y a une autre forme de colonisation, c'est celle qui s'adapte aux  peuples qui ont, ou bien un excédent de capitaux, ou bien un excédent de  produits. Les colonies sont pour les pays riches un placement de  capitaux des plus avantageux. Dans la crise que traversent toutes les  industries européennes, la fondation d'une colonie, c'est la création  d'un débouché. " Ainsi s'exprimait notre grand Jules Ferry, devant les députés le 28 juillet 1885 .
Oui, la colonisation était un moyen de se développer et de s'enrichir, en France comme aux Pays-Bas.
Pramoedya Ananta Toer, Pram nous raconte une autre histoire, une histoire ayant pour cadre l'une de ces iles des Indes Hollandaises.
Minke, rencontre Annelies Mellema et sa mère Ontosoroh. Toutes deux apprécient le jeune homme, "un indigène qui a reçu une éducation européenne".
Ontosoroh est "la nyai", la concubine de Hermann Mellema et donc sa propriété. Mellema est un riche colon hollandais. Ontosoroh est la concubine originaire de l'île, c'est elle qui dirige le domaine quand  le maître est absent. Elle est la mère d'Annelies, la fille qu'elle eut avec lui.
Bien qu'il soit indigène, Minke est étudiant dans une école renommée réservée aux Blancs venus des Pays-Bas et également accessible aux métis.
Hiérachie des couleurs de peau, hiérarchie des valeurs. On distingue : Les "pur blancs", les métis, les indigènes...une hiérarchie de valeurs à respecter en toutes occasions
Minke est son surnom, un surnom qui lui fut donné parce qu'un professeur, un "pur blanc", l'avait appelé Monkey!
Tous rampent plus ou moins selon leur couleur de peau devant ces colons et rares sont les indigènes instruits. Les relations entre colons, indigènes et métis sont à la fois codifiées et complexes. le colon des Indes Néerlandaises a besoin d'une classe intermédiaire, celle des métis,  pour diriger les indigènes au bas de l'échelle. Ceux-ci doivent adopter "la démarche servile qu'imposaient les maîtres indigènes à leurs serviteurs, assortie de courbettes incessantes pour réaffirmer leur insignifiance". Une violence insidieuse inscrite dans les relations humaines
Cette hiérarchie des classes ne permet pas, ou alors c'est exceptionnel, l'assimilation des indigènes. Jamais le maître ne s'adressera directement à un indigène travaillant sur son domaine.
La phrase terrible prononcée par Jules Ferry, homme politique connu et reconnu pour avoir promu l'école publique laïque, gratuite et obligatoire, homme politique dont on ne peut ignorer les sentiments républicains, prend tout son sens avec cette lecture.
Qu'importent la langue, et le pays colonisateur. le colonisateur est là pour faire fortune ! Cela fait partie de la normalité de l'époque !
"Les rôles changent d'une génération à l'autre, d'une nation à l'autre. Des hommes de couleur, les Mongols par exemple, ont commencé par conquérir des hommes à peau blanche. Maintenant, ce sont les hommes blancs qui conquièrent les hommes de couleur."
Ces colons n'étaient pas d'origine française, mais leurs motivations restaient identiques à celle de tous les colons. Cette colonisation était dans la nature des choses et ne choquait, alors, que de rares consciences.
Pramoedya Ananta Toer, Pram fut emprisonné de 1947 à 1949 sur l'île de Buru. Là pour distraire ses compagnons, il racontait des histoires, qu'il écrivit une fois libéré...des histoires dont Minke, jeune journaliste, en est le personnage principal.
Pram, opposant politique fut encore emprisonné jusqu'en 1979, et resta soumis à un contrôle judiciaire jusqu'en 1992.
Tous ses lives ne sont pas traduits en Français.
J'avais été séduit par "Une empreinte sur la terre", j'avais alors fait la connaissance de Minke.Ce livre fait partie d'un cycle "Buru Quartet" comprenant, dans l'ordre
- le Monde des hommes
- Enfant de toutes les nations
- Une empreinte sur la terre
- La Maison de verre
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Époustouflant!!! D'une délicatesse précieuse, une douceur et une lucidité intemporelle !
Quitter ces personnages en est presque douloureux !. Presque ? Non carrément douloureux! Heureusement l'aventure humaine continue.
Quelle magnifique découverte !
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A la fin du XIXe siècle alors que l'Indonésie est encore une colonie hollandaise, Minke, un jeune étudiant d'une école renommée de l'île de Surabaya, est en admiration la jeune et métisse Annelies. Cette jeune fille est la fille d'un chef d'entreprise d'Europe et de sa concubine, une indigène autodidacte devenue femme d'affaires. Mais cette relation est mise à mal ; il n'est bien vu pour un indigène de côtoyer les européens. Nombreux sont ceux qui ne voient pas d'un bon oeil, l'installation de Minke dans la grande maison européenne. de rudes batailles s'engagent…
Un roman instructif parce qu'on découvre la société javanaise d'il y a plus de 100 ans, une société hiérarchisée où chacun a un statut selon sa naissance. Cette profonde injustice, on la remarque à travers le jeune Minke, un indigène qui n'accepte ce système et le remet en cause. J'ai aimé ce roman de révolte, d'injustice et d'amour ; il est touchant et impressionnant de justesse. Ce roman est le premier tome de la tétralogie « The Buru Quartet ». (Par contre, je ne sais pas si les autres tomes sont traduits en français…)
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Le Monde des hommes est le premier volet de Buru Quartet, le seul des quatre ouvrages traduit en français jusqu'à ce jour. L'auteur, Pramoedya Ananta TOER l'écrivit en 1975, après de longues années passées en prison à cause de son engagement nationaliste. C'est pendant ses années de détention qu'il avait petit à petit élaboré ce récit et l'avait raconté à ses co-détenus puisqu'il lui était interdit d'écrire. Quelques années après sa parution, alors que l'Indonésie était devenue indépendante, le livre fut interdit sous prétexte qu'il promouvait le communisme. Il fut finalement réhabilité en 2005 et traduit dans de nombreuses langues.
A la toute fin du 19ème siècle, à Surabaya sur l'île de Java, alors que L'Indonésie est une colonie néérlandaise, Minke fréquente une des meilleurs écoles du pays. Il est un des rares indigènes à avoir le droit à l'éducation, la même que celle des jeunes européens de son âge. Par jalousie, et pour le mettre dans une situation embarrassante, un de ses condisciples Robert Suurhof va l'introduire dans le foyer de Nyai Ontosoroh dont la fille a la réputation d'être la plus belle métisse de la région. La jeune fille va s'éprendre de Minke qui tombera sous son charme. Elle va s'attacher à lui et Minke, touché par sa fragilité, va finir par venir habiter à ses côtés. Minke est javanais, un indigène, c'est à dire qu'il est au plus bas de la société, mais Nyai, elle aussi indigène, est également la concubine d'un européen, ce qui la relègue encore plus bas aux yeux de tous, trainant comme ses consoeurs une réputation de femme débauchée. Minke va tout de suite s'apercevoir qu'elle est très différente de ce que l'on dit d'elle : c'est une femme intelligente, perspicace, autodidacte. Depuis que son maître est devenu fou et s'est éloigné de leur foyer c'est elle qui gère complétement sa ferme et la fait fructifier. Minke va réussir brillamment ses examens et parallélement à ses études va entamer une carrière de journaliste tout en veillant sur la jeune Annelies. La santé de celle-ci est fragile et elle ne peut plus se passer de la compagnie de Minke. Tout entiers à leur amour, ils ne le savent pas, mais leur monde va bientôt s'effondrer.
Minke, ce jeune indigène qui bien que d'ascendance noble, n'a aucun droit dans son pays ni aucune existence aux yeux des occidentaux va tenter de se frayer un chemin entre les codes indigènes ancestraux et les lois érigées par les néérlandais. Très intelligent, très bon élève, il dénote dans son collège où la plupart de ses professeurs blancs l'ignorent. Il pourrait devenir "bupati " comme son père, c'est à dire haut fonctionnaire - dont le pouvoir est extrémement limité et toujours soumis à la discipline des hollandais- , mais il veut être journaliste. Il s'étonne de plus en plus que les agissements des colons néérlandais ne correspondent pas du tout aux valeurs occidentales qu'on lui a inculquées au collège et heurtent l'esprit humaniste et libertaire qu'il y a acquis.
Le Monde des Hommes est un roman magnifique, passionnant....On en apprend beaucoup sur l'histoire et la société de l'Indonésie à cette époque. Une société extrémement cloisonnée, codifiée, où il faut choisit les gestes et les termes à employer selon la classe sociale et la position de la personne à laquelle on s'adresse, classe sociale dont il est bien sûr impossible de sortir. Dans ce roman qui se déroule dans un pays où les colonisateurs blancs sont les maîtres il est beaucoup question d'oppression, de racisme et d'injustice. C'est un récit profondément humain. On sent que l'auteur a vécu ce qu'il raconte : le mépris, l'incompréhension, le sentiment de révolte envers tant de mauvaise foi et d'iniquité. Je n'ai pu m'empêcher de ressentir toutes ces émotions avec le jeune Minke et de ressortir de ma lecture complétement révoltée.
Malgré ses cinq cent pages qui pourraient effrayer certains lecteurs ce livre se lit très vite tant le style de l'auteur est fluide et souple.

Le deuxième volet de la quadrilogie va paraitre chez Zulma en Mars 2017.
Un énorme merci à Babelio et aux Editions ZULMA pour cette belle découverte.
Lien : http://lecturesdebrigt.canal..
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Le Monde des hommes ouvre une tétralogie intitulée "Buru Quartet" (du nom de l'île indonésienne dans laquelle Pram a été envoyé au bagne, et d'où il écrivit la plupart de ses romans), dont seuls les deux premiers tomes ont été traduits en français (pauvres de nous !). A la fin du XIXème siècle, la société de Java est gangrenée par une distinction raciale : les européens blancs d'un côté, les indigènes de l'autre, et entre les deux, les métis. Minke, jeune étudiant javanais indigène, croise le chemin d'une famille singulière, aussi attirante qu'effrayante. Son moteur ? Ontosoroh, une Nyai, c'est-à-dire une concubine d'un riche colon hollandais nommé Herman Mellema dont elle a deux enfants : la jeune et belle Annelies, qui se revendique indigène comme sa mère, et Robert qui au contraire les méprise et veut être considéré comme métis du fait de sa filiation avec son père colon. A travers une suite d'événements divers, Minke doit faire face à un tiraillement entre ses racines javanaises et son instruction européenne, et interroge ainsi le monde dans lequel il vit.

Ce jeune écrivain en herbe croise le destin de personnages marquants, dont certains me hanteront sûrement pour quelques temps, tant ils paraissent réels grâce à délicatesse de la plume de Pram : une prostituée japonaise, un ancien combattant français reconverti en artiste peintre et dessinateur de mobilier d'intérieur, une professeur de langue et de littérature néerlandaise (qui a des airs de M. Keating, le professeur du cercle des poètes disparus campé par Robin Williams), un docteur dont la pratique se rapprocherait de celle d'un ethnopsychiatre ... Une foule de protagonistes destinés à mettre en exergue des thèmes d'une profondeur saisissante tels que la dignité, la liberté ou encore l'identité.

On notera également en toile de fond une réflexion intéressante sur la colonisation, l'intérêt de ce roman résidant aussi dans sa description de l'histoire de l'Indonésie, que j'ignorais pour ma part.

Par l'intermédiaire de dialogues tranchants dénués de tout caractère superficiel, le Monde des hommes questionne notre rapport à l'autre, fait grandir, et réchauffe le coeur. A ne pas manquer.
Lien : https://www.chezlaurette.org..
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Surabaya, fin du XIX siècle. Quand Minke fait la connaissance d'Annelies, il ne sait pas encore que les soucis ne font que commencer. Brillant étudiant dans une école réputée des Indes Néerlandaises, ce jeune indigène fait aussi le métier de journaliste. Grâce à l'attirance qui s'exerce entre lui et la belle métisse, Annelies, il s'approche un peu plus de sa famille.
C'est de cette manière que Minke fera la connaissance de nyai Onstosoroh, la mère d'Annelies. C'est une indigène qui a été donnée de force à un blanc très riche. Malgré que sa position sociale est celle d'une concubine, elle gère tout, en femme cultivée et courageuse.
Minke s'installe dans cette maison, mais tout cela n'est pas bien vu par les gens jaloux qui préfèrent juger avant de connaître quelqu'un. Et la couleur de peau n'arrange rien…
Quelle belle écriture toute en douceur ! J'ai beaucoup aimé ce premier tome de la tétralogie.
Impatiente de commencer la suite.

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Le monde des hommes était le premier roman de Pramoedya Ananta Toer que je lus. D'ailleurs, cet homme a été pressenti plusieurs fois pour le prix Nobel, et au terme de cette lecture je ne peux que comprendre et approuver.

Le monde des hommes est un roman indonésien, se déroulant à la fin du 19e siècle, dans les Indes Néerlandaises. Il met en scène Minke, un indigène, qui tombe amoureux d'une métisse, Annelies. Pas besoin d'en savoir plus, il faut se plonger dans ce roman-fleuve, se laisser embarquer dans ce premier tome de la quadrilogie du Buru Quartet !

Dans ce premier tome, de nombreux sujets ont le temps d'être abordés : le racisme, la condition de la femme, la colonisation, les rêves, l'adolescence, les déceptions, les interdits selon la classe sociale, les injustices, la politique, le pouvoir, etc.

C'est complet, incroyablement bien mené, bien écrit. C'est aussi original ! Et j'ai déjà hâte de me plonger dans le second tome !
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