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Buru quartet tome 4 sur 4
EAN : 9782843048333
576 pages
Zulma (20/09/2018)
4.05/5   28 notes
Résumé :
Comme le maître des marionnettes dans un théâtre d’ombres, Pangemanann est chargé par le Gouverneur des Indes néerlandaises de surveiller et contrecarrer les activités anticoloniales. C’est à lui qu’on ordonne de mettre Minke hors d’état de nuire, de faire cesser ses appels au boycott, son syndicat et son journal. Le commissaire Pangemanann, d’abord tiraillé par sa conscience face à un homme qu’il admire, ne s’embarrasse bientôt plus de scrupules. Espionnage, intimi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Dans un contexte historique très particulier, fut confiée à Jacques Pangemanann, la lourde charge de s'attaquer au problème des Indigènes. le mouvement de ces derniers prenait de l'ampleur. le Gouvernement se devait d'agir vite et efficacement. C'est ainsi qu'il fut demandé à ce fonctionnaire d'état, de rédiger un rapport sur les indigènes instruits des Indes néerlandaises et donc de Raden Mas Minke, la personnalité la plus importante parmi eux pour l'envoyer rapidement en exil. Seulement Pangemanann vouait un intérêt à cet homme et il était tiraillé entre l'admiration et le devoir de condamner ce dernier. Ainsi, au retour de la traversée qui conduisit Minke à Amboine, Pangemanann écrivit " C'est la première fois de ma vie que j'ai été lié directement à un évènement historique en exécutant l'ordre accompagner jusqu'à sa terre d'exil l'homme que je considère comme mon maître, Raden Mas Minke. Il est la première victime des initiatives prises par les autorités coloniales pour empêcher les Indes néerlandaises de connaître le sort des Philippines. " Nous aurions pu imaginer que ce commissaire agisse autrement, prenne la défense de Minke ! mais non au final il va le détruire totalement par des actions insoutenables ! Il va détruire un homme et la vie de quelques uns autour de lui sans scrupule aucun, mais au fond de lui il réalise que tout s'écroule, sa femme le quitte, ses enfants partent en France .... Et suite à la guerre mondiale, il comprend combien il est juste un pion sur le grand échiquier politique.... Mais c'est trop tard.

J'ai eu grand plaisir de lire ce tout dernier volet de la tétralogie Buru Quartet, très dense comme les autres livres, très puissant seulement il me reste un regret, qui est, la trop grande absence de Minke tout au long de ces pages. Car ce commissaire je ne l'ai pas aimé dès les premières pages et c'est lui qui raconte ici toute l'histoire.

Une fresque historique exceptionnelle et incontournable à lire, qui nous permet une certaine compréhension de cette époque coloniale sur l'île de Java. Un homme, Minke qui nous a séduit dès les premières pages du tout premier volet le monde des hommes. Une vie qui semble faire résonance avec son auteur, celle de cet homme d'un grand humanisme, qui a été emprisonné par le gouvernement colonial hollandais et envoyé au bagne sous la dictature de Suharto et mort en 2006.
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C'est la fin de la fresque historique sur les Indes néerlandaises portée par Buru Quartet, quatre tomes passionnants qui parlent de la marche vers l'indépendance de l'Indonésie et de la prise de conscience de Minke, indigène éduqué à l'européenne, des inégalités et des humiliations subies par son peuple soumis au pouvoir arbitraire néerlandais. Dans le troisième volume, Minke avait créé une association indigène musulmane, Siryakat Islam, et un journal, Medan, pour défendre les intérêts indigènes, exprimer des revendications et signaler des problèmes ou des injustices. Devant le succès de cette publication, Minke commence à faire parler de lui et à faire du bruit, il est condamné à l'exil.
Dans ce dernier volume de Buru Quartet, le narrateur est Jacques Pangemanann (avec deux n), le policier qui a escorté Minke vers l'exil. Pangemanann est un indigène né aux Indes néerlandaises, adopté par des Français, élevé à Lyon puis étudiant à la Sorbonne, devenu policier aux Indes néerlandaises puis conseiller auprès du Gouverneur général. Un indigène collaborateur du colonisateur, on peut le dire ainsi, personnage assez méprisable bien qu'il se dise porteur des valeurs européennes d'égalité et de liberté, tout ce que n'est justement pas la colonisation. Dans ce 4è volume, on voit donc les rouages du pouvoir et de la colonisation, les petites et grandes mains qui ont condamné Minke et ses compagnons pour leurs activités politiques et continuent de surveiller toute personne représentant un danger pour le gouvernement néerlandais. Pangemanann partage toutes ses idées et ses réflexions sur la société coloniale, raconte les actions policières qu'il a menées, les différents dossiers qu'il a à traiter etc...
C'est toujours passionnant et extrêmement bien écrit, il est juste dommage que l'on ne suive quasiment plus Minke.
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Je quitte à regret la compagnie des personnages du Buru quartet et plus particulièrement celle de Minke, héros de cette fresque romanesque qui relate la prise de conscience des Indonésiens au début du 20ème siècle et les premières actions politiques afin d'accéder à une forme d'autonomie.
Le narrateur des trois premiers volumes est un fils d'aristocrate dont le père est bupati d'une région, c'est-à-dire représentant indigène du gouvernement colonialiste. le jeune Minke suit une scolarité européenne au lycée néerlandais de Surubaya. Ses études le mettent en contact avec la culture européenne et transforment sa vision de la société traditionnelle indonésienne, très hiérarchique et basée sur la soumission des subalternes. le gouvernement colonialiste s'appuie sur cette organisation pour dominer les indigènes. Plus tard, à travers sa rencontre avec Ontorosh, une concubine, vendue par ses parents à un propriétaire néerlandais dont elle a eu deux enfants et à présent gérante d'une exploitation agricole, le jeune Minke prend conscience des abus du colonialisme et des violences que subissent les paysans javanais. Devenu adulte, il organise une des premières associations indigènes et publie le premier journal en malais donnant ainsi aux Javanais la possibilité de s'exprimer. Minke se heurte assez rapidement à la puissance coloniale qui voit en ces initiatives un danger pour ses intérêts économiques basés en partie sur l'exploitation de la canne à sucre.
L'auteur aborde à travers cette fresque la question du pouvoir colonialiste confronté à la montée du nationalisme. Il traite également de l'européanisation des élites indigènes qui sont tiraillées entre leur culture et la modernité. L'histoire se termine sur une note pessimiste avec la création de la première assemblée représentative du peuple comportant huit d'indigènes nommés par le gouvernement sur soixante-dix députés
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Ce quatrième volume marque une rupture avec les précédents puisque le narrateur est désormais Pangemanann, l'indigène au service du Gouverneur des Indes néerlandaises qui a conduit Minke à l'exil.
Sa maison de verre est celle où il "abrite" tous les activistes qu'il est chargé de surveiller... et de neutraliser.
Pangemanann ne cache pas son admiration pour la figure charismatique de Minke, qu'il a pourtant combattue avec des méthodes pas toujours honorables.
Ce livre est crépusculaire, puisque qu'il signe la fin de parcours de Minke, revenu affaibli et ruiné de son exil... mais l'aube n'est pas loin pour l'indépendance de l'Indonésie tant la montée des mouvements sociaux et politiques décrits par notre narrateur paraît irrépressible.
En refermant cette somme, je ne peux que me réjouir que l'oeuvre magistrale de Pramoedya Ananta TOER, à la fois romanesque et pédagogique, nous soit enfin accessible.
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C'est peut-être le tome que j'ai le plus apprécié, la rupture avec la narration de Minke m'a semblé bienvenue et permet aussi de comprendre mieux les rouages de la colonisation au travers du nouveau narrateur, Pangermanann, personnage complexe, à cheval entre les mondes, coloniaux et indigènes, celui d'avant et celui d'après, individualistes et collectifs.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Comme les enfants d’Europe sont chanceux ! Ils peuvent critiquer, déclarer qu’ils n’ont pas confiance en telle ou telle décision politique, sans que les menace un châtiment quelconque, moins encore l’exil. Ni ceux qui subissent la critique ni ceux qui l’expriment n’y risquent quoi que ce soit, et certainement pas leur liberté. Ils progressent au contraire en se corrigeant mutuellement. Aux Indes, la critique est assimilée à un excès, à une offense qui ne peut être tolérée.
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Cette conversation se tint au commissariat principal de Betawi au début de 1911. Elle me bouleversa. Qu'allais-je devoir entreprendre contre Minke ? Il n'était pas un criminel, ni un agitateur, seulement un indigène instruit qui débordait d'amour pour son pays natal et ses concitoyens, qui tentait de les faire progresser et s'évertuait à ce que justice soit rendue, de son vivant, à ce peuple des Indes comme à tous les peuples du monde des hommes.
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Il y avait cent vingt-trois cahiers, tous couvertes de la méchante cursive de Minke et ponctués de ratures, rédigés en néerlandais. Ils étaient attachés ensemble en plusieurs liasses. La première contenait l'histoire de Nyai Permana, écrite en malais, qui avait été publiée dans le Medan. Je la mis de côté. La deuxième s'appelait Le Monde des hommes, la troisième Enfant de toutes les nations, et la quatrième Une empreinte sur la terre.

Peut être reviendrais-je plus tard sur ces manuscrits, ma dis-je après les avoir dévorés en trois jours.
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On dit qu'atteignant la cinquantaine, l'individu acquiert progressivement un véritable équilibre mental. Que sa façon de vivre sa stabilise, que ses expériences sont de plus en plus enrichissantes.
Pour moi, tout au contraire, elles étaient devenues de plus en plus houleuses à l'approche de mes cinquante ans. J'avais perdu mon caractère, je m'étais affaibli. Je connaissais parfaitement les causes de cet état, mais je n'osais pas m'y attaquer.
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La pratique du refus, passe-temps du pouvoir colonial, apporte une jouissance singulière à celui qui s’y adonne. Elle lui procure l’impression d’être plus important et plus puissant… L’oppression, autre facette du caractère colonial, provoque une jouissance plus profonde encore.
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Vidéo de Pramoedya Ananta Toer
Pramoedya Ananta Toer - Buru quartet. Volume 3, Une empreinte sur la terre
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