Citations sur Contes et légendes inachevés, tome 1 : Le Premier Age (18)
Ils conduisirent le vieux Nain dans leur morne campement, et il marmottait tout en marchant dans une langue étrange, qu'une très ancienne haine hérissait de sonorités rauques ; mais lorsqu'ils lui ligotèrent les jambes, il se tut soudain. Et ceux qui montaient la garde le virent rester là toute la nuit durant, silencieux et immobile comme une pierre, mais les yeux grands ouverts, scrutant les ténèbres de ses prunelles étincelantes.
Alors Beleg le considéra étrangement : ""Pourquoi, en effet ! dit-il. Túrin, as-tu toujours vécu avec ton cœur et la moitié de ton esprit au loin ?"
Alors il se tourna avec amertume vers ses hommes : "Vous avez été cruels, dit-il, et cruels sans nécessité. Jamais jusqu'aujourd'hui nous n'avons torturé un prisonnier ; mais à mener la vie que nous menons, on en vient à faire œuvre d'Orc. Sans loi et sans fruit ont été toutes nos entreprises, utiles à nous seuls, et nourrissant la haine dans nos cœurs."
Mais on aimait Túrin moins bien qu'elle [Lalaith, sa sœur]. Il était noir de cheveux, comme sa mère, et promettait d'être de même disposition, car il n'avait pas l'humeur joyeuse, et il parlait peu, bien qu'il apprît à parler très tôt, et qu'il parût toujours plus vieux que son âge. Túrin ne pardonnait guère une injustice ou une moquerie ; mais le feu de son père l'habitait également, et il pouvait être brusque et violent. Et cependant il était prompt à s'apitoyer, et les souffrances ou chagrins des créatures vivantes l'émouvaient aux larmes (...).
Mais le feu dans son âme brûlait avec constance, et il était persévérant en son vouloir.
La Geste des Enfants de Húrin (Narn i Hîn Hurin).
Nulle ombre de peur ou de mal ne hantait les lieux, mais une épouvante sacrée s'empara de Tuor à la pensée de tous ceux qui avaient vécu là et s'en étaient allés, personne ne savait où : le peuple fier épargné par la mort mais condamné par le destin, venu des terres lointaines, de l'au-delà des Mers.
De Tuor et de sa venue à Gondolin.
'...) et élevé par les Elfes, il possédait savoir et savoir-faire tout autant que les princes de l'Edain, avant que la ruine ne se soit abattue sur le Nord.
De Tuor et de sa venue à Gondolin.
Mais cuites, ces racines de révèlèrent bonnes à manger, un peu comme du pain [...]
"Quel est leur nom ?" dit Túrin.
Mîm lui jeta un regard en coin : "Elles n'ont pas de nom, sinon dans la langue des Nains que nous n'enseignons pas, dit-il. Et nous n'enseignons pas aux Hommes à les trouver, car les Hommes sont trop avides et trop imprévoyants, et ils n'épargneraient pas les jeunes pousses, mais ils les ramasseraient toutes, jusqu'à la dernière ; à l'heure actuelle, lorsqu'ils vont fureter dans la nature, ils passent sans les voir.
Echtelion se tourna vers Tuor, mais celui-ci s'enveloppa dans son manteau et ne dit mot, lui faisant face ; et à Voronwë il sembla qu'une nuée revêtait Tuor et qu'il croissait en stature jusqu'à ce que la pointe de son haut capuchon dominât le casque du Seigneur-Elfe, telle la crête d'une vague marine déferlante grise sur la grève. Mais Echtelion posa son regard brillant sur Tuor, et après un silence, parla gravement, disant : "Tu es parvenu à la dernière porte. Sache donc qu'un étranger qui la franchit jamais plus ne s'en retourne, hors par la porte de la mort".
De Tuor et de sa venue à Gondolin
Par les ténèbres, on peut atteindre la lumière.
-Gelmir