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Citations sur Anna Karénine, Tome 2 (99)

Karénine, comme la comtesse, comme tous ceux qui préconisaient les idées nouvelles, était dénué d’une imagination profonde, c’est-à-dire de cette faculté de l’âme grâce à laquelle les mirages de l’imagination même exigent pour se faire accepter une certaine conformité avec la réalité. Ainsi il ne voyait rien d’impossible ni d’invraisemblable à ce que la mort existât pour les incrédules, et non pour lui ; à ce que le péché fût exclu de son âme, parce qu’il possédait une foi pleine et entière dont seul il était juge ; à ce que, dès ce monde, il pût considérer son salut comme certain.
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Levine fut effrayé de le voir ainsi, car il savait que le déchirement de quitter cette vie, à laquelle il tenait, en serait plus cruel. Il connaissait d’ailleurs les idées de son frère, savait que son scepticisme ne résultait pas du désir de s’affranchir de la religion pour vivre plus librement ; ses croyances religieuses avaient été ébranlées par les théories scientifiques modernes ; son retour à la foi n’était donc pas logique, ni normal : dû uniquement à une espérance insensé de guérison, il ne pouvait être que temporaire et intéressé. Kitty avait rendu cet espoir plus vivace par ses récits de guérisons extraordinaires. – Levine était tourmenté de ces pensées en regardant le visage plein d’espoir de son frère, son poignet amaigri se soulevant à grand’peine jusqu’à son front chauve pour faire un signe de croix, ses épaules décharnées, et cette poitrine essoufflée qui ne pouvait plus contenir la vie qu’implorait le malade.
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Il croyait le trouver dans l’état d’illusion propre aux phtisiques, et qui l’avait frappé lors de sa dernière visite, plus faible aussi et plus maigre, avec des indices d’une fin prochaine, mais se ressemblant encore. Il pensait bien être ému de pitié pour ce frère aimé, et retrouver, plus fortes même, les terreurs que lui avait naguère fait éprouver l’idée de sa mort ; mais ce qu’il vit fut très différent de ce qu’il attendait.
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Levine, installé à son bureau, écrivait ; Kitty, vêtue d’une robe violette, chère à son mari, parce qu’elle l’avait portée dans les premiers jours de leur mariage, faisait de la broderie anglaise, assise sur le grand divan de cuir qui meublait la cabinet de travail, comme du temps du grand-père et du père de Levine. Celui-ci jouissait de la présence de sa femme tout en réfléchissant et en écrivant ; ses travaux sur la transformation des conditions agronomiques de la Russie n’avaient pas été abandonnés ; mais s’ils lui avaient paru misérables jadis, comparés à la tristesse qui assombrissait sa vie, maintenant, en plein bonheur, il les trouvait insignifiants. Autrefois l’étude lui était apparue comme le salut : actuellement elle évitait à sa vie un bien-être trop uniformément lumineux. En relisant son travail, Levine constata avec plaisir qu’il avait de la valeur, malgré certaines idées exagérées, et il parvint à combler bien des lacunes en reprenant à nouveau l’ensemble de la question.
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L’artiste, de son côté, malgré l’attrait que le portrait d’Anna avait eu pour lui, fut heureux d’être délivré des discours de Golinitchev et des œuvres de Vronski ; on ne pouvait certes pas empêcher celui-ci de s’amuser, les dilettantes ayant malheureusement le droit de peindre ce que bon leur semble : mais il souffrait de ce passe-temps d’amateur. Nul ne peut défendre à un homme de se pétrir une poupée de cire et de l’embrasser, mais qu’il n’aille pas la caresser devant deux amoureux ! La peinture de Vronski lui produisait un effet d’insuffisance analogue ; elle le blessait, le froissait : il la trouvait ridicule et pitoyable.
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Je ne comprends pas qu’ils puissent tomber dans une erreur aussi grossière. Le type du Christ a été bien défini dans l’art par les maîtres anciens. S’ils éprouvent le besoin de représenter un sage ou un révolutionnaire, que ne prennent-ils Socrate, Franklin, Charlotte Corday, – tous ceux qu’ils voudront, – mais pas le Christ. C’est le seul auquel l’art ne doive pas oser toucher
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Tout en crayonnant il se souvint du menton proéminent de l’homme auquel il achetait des cigares, et aussitôt son dessin prit cette même physionomie énergique et accentuée, et l’esquisse cessa d’être une chose vague, morte, pour s’animer et devenir vivante. Il en rit de plaisir.
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Je l’ai rencontré. C’est un original sans aucune éducation, – un de ces nouveaux sauvages comme on en voit souvent maintenant, – vous savez, – ces libres penseurs qui versent d’emblée dans l’athéisme, le matérialisme, la négation de tout. – Autrefois, continua Golinitchef sans laisser Wronsky et Anna placer un mot, autrefois le libre penseur était un homme élevé dans des idées religieuses, morales, n’ignorant pas les lois qui régissent la société, et arrivant à la liberté de la pensée, après bien des luttes ; mais nous possédons maintenant un nouveau type, les libres penseurs qui grandissent sans avoir jamais entendu parler des lois de la morale et de la religion, qui ignorent que certaines autorités puissent exister, et qui ne possèdent que le sentiment de la négation : en un mot, des sauvages. Mikhaïlof est de ceux-là. Fils d’un maître d’hôtel de Moscou, il n’a reçu aucune éducation. Entré à l’Académie avec une certaine réputation, il a voulu s’instruire, car il n’est pas sot, et dans ce but s’est adressé à la source de toute science : les journaux et les revues. Dans le bon vieux temps, si un homme, – disons un Français, – avait l’intention de s’instruire, que faisait-il ? il étudiait les classiques, les prédicateurs, les poètes tragiques, les historiens, les philosophes, – et vous comprenez tout le travail intellectuel qui en résultait pour lui. Mais chez nous, c’est bien plus simple, on s’adresse à la littérature négative et l’on s’assimile très facilement un extrait de cette science-là. – Et encore, il y a vingt ans, cette même littérature portait des traces de la lutte contre les autorités et traditions séculaires du passé, et ces traces de lutte enseignaient encore l’existence de ces choses-là. Mais maintenant on ne se donne même plus la peine de combattre le passé, on se contente des mots : sélection, évolution, lutte pour l’existence, néant ; cela suffit à tout.
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Dolly les entendait sans répondre ; elle était émue, des larmes remplissaient ses yeux, et elle n’aurait pu prononcer une parole sans pleurer. Heureuse pour Kitty et pour Levine, elle faisait des retours sur son propre mariage, et, jetant un regard sur le brillant Stépane Arcadiévitch, elle oubliait la réalité, et ne se souvenait plus que de son premier et innocent amour. Elle pensait aussi à d’autres femmes, ses amies, qu’elle se rappelait à cette heure unique et solennelle de leur vie, où elles avaient renoncé avec joie au passé et abordé un mystérieux avenir, l’espoir et la crainte dans le cœur. Au nombre de ces mariées elle revoyait sa chère Anna, dont elle venait d’apprendre les projets de divorce ; elle l’avait vue aussi, couverte d’un voile blanc, pure comme Kitty sous sa couronne de fleurs d’oranger. Et maintenant ? – « C’est affreux ! » murmura-t-elle.
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« Dieu éternel qui réunis par un lien indissoluble ceux qui étaient séparés, bénis ton serviteur Constantin et ta servante Catherine, et répands tes bienfaits sur eux. Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, à présent et toujours comme dans tous les siècles des siècles… »
« Amen », chanta encore le chœur invisible.
« – Qui réunis par un lien indissoluble ceux qui étaient séparés ! Combien ces paroles profondes répondent à ce que l’on éprouve en ce moment ! – Le comprend-elle, comme moi ? » pensa Levine.
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