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EAN : 9782344023648
192 pages
Glénat (25/10/2017)
3.48/5   22 notes
Résumé :
Qui, de la maîtresse ou de la maison, est véritablement possédée ?

1905, San José en Californie. Suite à la perte de son mari et de sa fille, Sarah Winchester se lance dans la construction compulsive de la « Winchester House » : une demeure aussi étrange que démesurée. Un chantier perpétuellement troublé par les lubies de sa commanditaire, qui réveille ses domestiques en pleine nuit, ou ordonne à ses ouvriers de construire des portes et des escaliers ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il regroupe les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2016, écrits par Peter J. Tomasi, dessinés et encrés par Ian Bertram, et mis en couleurs par Dave Stewart.

En 1905, dans le cimetière de Mount Hope, à New Haven dans le Connecticut, un individu costaud creuse pour récupérer deux cercueils. Une semaine plus tard, Murcier arrive à San José en Californie, pour réceptionner les deux cercueils qui sont en train d'être déchargés du train, pour les emmener dans sa carriole. Il se rend alors à la maison des Winchester, où résonnent les coups de marteaux, de manière incessante. Dans une pièce, Sarah Winchester est en train d'aligner des balles de fusil, tout en répétant inlassablement deux mots : cuivre et poudre. Deux ingrédients simples et bon marché pour éteindre des vies. Murcier pénètre dans la pièce et lui indique qu'ils sont arrivés. Elle répond qu'elle va s'occuper elle-même de les enterrer. Effectivement, elle s'en va creuser deux tombes pour y déposer les cercueils : celui d'Annie Winchester, et celui de William Winchester. Une pierre tombale avec leur nom est apposée.

À proximité de la rivière San Joaquin, dans le nord de la Californie, Warren Peck s'est installé dans les branches d'un arbre et il tient dans ses mains un fusil à lunette. Il s'en sert pour abattre cinq indiens. Une fois les assassinats commis, il descend de l'arbre, monte sur son cheval et se rend auprès des cadavres. Il y fiche des flèches pour faire croire à une guerre entre tribus. Il est attaqué par un indien qui lui fiche un couteau dans l'épaule droite. Une bagarre s'en suit au cours de laquelle l'indien perd son oeil gauche, tout en regardant fixement l'homme blanc. Celui-ci décide de le laisser vivre alors qu'il le tient à bout portant avec son revolver. Il s'éloigne, enfourche son cheval, et s'en va. Dans la demeure des Winchester, les coups de marteaux continuent de résonner en continu, alors que dans sa chambre Sarah s'adresse à son époux et ses enfants défunts. le lendemain matin, il pleut à verse et madame Winchester reçoit les hommes qui arrivent pour être ouvrier, dans la serre. Ils se présentent. Elle leur demande leur nom, la raison de leur venue. Elle leur expose ses trois exigences. Ils ne doivent faire preuve d'aucune violence, ne pas mentir et être ponctuels. Ils doivent également déposer leurs armes, leurs munitions et leur holster et les remettre à Murcier. Puis, comme chaque jour, elle passe en revue les plans de la demeure, et indique à Murcier à quel endroit elle souhaite une nouvelle extension, les pièces qui sont à reprendre, les escaliers à ajouter, ceux à démonter. Lors de la passation de consigne, deux ouvriers s'interrompent : un blanc a commencé à lancer des injures raciales à un afro-américain, un grand costaud. Il semble que la bagarre est imminente. Sarah Winchester s'interpose entre les deux.

Si, c'est vrai : Sarah Winchester (1839-1922) a réellement existé et elle a consacré sa fortune à bâtir cette maison aux plans déroutants, pas toujours cohérents. Elle a consacré 70 millions de dollars à cette entreprise pendant les 38 ans qu'elle y a consacré. Les ouvriers devaient travailler en continu, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an. Il y a eu plusieurs hypothèses d'émises sur cette obsession, l'une d'elle supputant qu'il s'agissait d'offrir un abri à l'âme de tous les défunts ayant péri abattus par une Winchester. La mystérieuse maison Winchester est devenue une attraction touristique et cette histoire a fait l'objet de films et de bandes dessinées. En particulier, Alan Moore en avait donné sa version horrifique dans l'épisode 45 de la série Swamp Thing, paru en 1985. Il est donc probable que le lecteur ait déjà entendu parler de cette demeure avant de se lancer dans cet ouvrage. Il vaut effectivement mieux en avoir une vague notion car Peter J. Tomasi utilise l'ellipse à deux ou trois reprises : il ne rappelle pas les faits dans le détail, et il développe son récit sur quelques jours, sans développer le passé qui a conduit à cette situation, sans évoquer ce qu'il est advenu après 1906. le récit se focalise sur trois principaux personnages : Sarah Winchester, Warren Peck et Murcier. Une ambiance morbide pèse du début à la fin, et il apparaît progressivement que la source de la richesse des Winchester pèse également sur Sarah : l'afflux d'argent provenant de la vente d'instruments de mort, ayant causé le décès d'individus par dizaine, par centaine, par millier.

Pour donner à voir son récit, le scénariste bénéficie d'un artistique à la vision assez personnelle, sachant faire apparaître la bizarrerie de certains comportements, sachant faire se manifester la folie, ou en tout cas l'obsession qui habite Sarah Winchester, et celle différente qui hante Peck. L'apparence des dessins est un peu particulière. Bertram détoure tous les éléments d'un trait fin et sec, rarement cassant. Il ne s'en dégage donc pas une impression de fragilité, mais plutôt de formes pas toujours bien finies, qui auraient parfois mérité d'être peaufinées. Cela lui permet également de jouer avec quelques exagérations, comme la taille des yeux de Sarah, la forme du visage de plusieurs personnages, la stature de Murcier, des expressions de visage un peu appuyées pour montrer la force d'une émotion, pour conférer la sensation d'une obsession. Il utilise également de très courts traits secs dans les formes détourées pour faire apparaître comme des marques laissées par la fatigue, l'usure, ou un état émotionnel enfiévré. Cette caractéristique fait parfois penser aux dessins de Frank Quitely, ou à ceux de Moebius mais avec un rendu moins aéré et moins élégant qu'eux, sensation renforcée par les bordures de case au tracé irrégulier effectué à la main, sans règle.

Une fois qu'il s'est habitué aux caractéristiques des dessins, le lecteur se trouve plus en mesure d'en relever les qualités. Pour commencer, l'artiste s'attache à planter les décors avec soin, et à les représenter très régulièrement. Il soigne les différents aspects de la maison, profitant du fait qu'il n'a pas à maintenir une cohérence parfaite d'un plan à l'autre, d'un jour à l'autre puisqu'elle est sujette à évolution en fonction de ce qui passe par la tête de sa propriétaire donnant l'impression d'être fantasque. le lecteur en a une vision globale dès la deuxième planche, puis il peut voir la pièce où seule Sarah Winchester a le droit d'entrer, un salon avec les ouvriers, les tapis et un escalier qui aboutit dans un plafond, le jardin d'été et sa verrière, la chambre à coucher de la propriétaire, les toits, la buanderie avec sa chaudière, le jardin, la pièce où sont entreposées les armes, etc. La mystérieuse maison Winchester devient véritablement un personnage à part entière. Au fur et à mesure de la progression du récit, des trainées de sang apparaissent, et des lianes entre vrilles et tentacules s'immiscent parfois dans une pièce, sur le membre d'un personnage. Parfois, c'est juste un petit bout qui dépasse, d'autrefois c'est un entrelacs qui peut être présent dans une pièce, ou qui peut avoir des ramifications dans toute la demeure. Il est manifeste que scénariste, dessinateur et coloriste ont travaillé ensemble pour définir la forme de ces vrilles, la façon dont elles se développent dans l'espace. La complémentarité entre traits encrés et couleurs les fait ressortir comme un élément surnaturel, sans que le scénariste n'ait besoin de le dire de manière explicite.

Il faut également un peu de temps pour s'habituer à la construction du récit, à la manière dont le scénariste raconte son histoire. Il entremêle les consignes de Sarah Winchester avec ses occupations quotidiennes, les ordres qu'elle donne à Murcier, les tâches des ouvriers, les interventions de Warren Peck et ses tâches quotidiennes, la visite de la soeur de Sarah, etc. Il y a donc ces vrilles rouges qui font leur apparition, sans que leur nature ne soit explicitée. Il y a cette obsession avec les morts, celle avec le fait d'avoir tué des êtres humains, et bien sûr l'obsession d'entendre des marteaux résonner à toute heure du jour et de la nuit. le scénariste ne donne pas de clé de compréhension claire et explicite. Charge au lecteur de rattacher les propos de Sarah ou de Warren à la présence de ces vrilles. Libre à lui d'y projeter une signification ou une autre, d'y voir la manifestation des obsessions, ou effectivement la présence surnaturelle de l'esprit des morts. le récit se termine avec une scène de destruction massive, compatible avec la réalité des événements historiques, et une explication donnée par Sarah Winchester. Il n'est pas possible d'y ajouter foi d'une manière littérale, ce qui renvoie tout le récit dans le domaine du conte. En revanche, la métaphore sur la culpabilité fonctionne du début jusqu'à la fin : ce poids insupportable de l'argent généré par la fabrication et la vente d'arme, et donc la mort de tous ceux atteints par les balles issues de ces armes. le simple fait d'y penser sous cet angle donne le vertige.

À l'évidence, ce récit sort de l'ordinaire. Tout d'abord pour son sujet : quelques jours de la vie de Sarah Winchester, dépositaire de la moitié de la fortune de la famille, acquise par la vente d'armes de l'entreprise Winchester Repeating Arms Company. Ensuite, il y a la narration visuelle à la fois claire et personnelle, installant une ambiance pesante et inquiétante par les dessins et les couleurs. En fonction de sa sensibilité, le lecteur s'avère plus ou moins réceptif à la personnalité narrative de Peter J. Tomasi, parfois très inspiré pour l'interprétation de Sarah Winchester, parfois de manière un peu heurtée ou elliptique, ce qui peut s'avérer frustrant.
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En dépit d'un début assez prometteur avec quelques scènes très percutantes, un dessin efficace et certaines planches dégoûlinantes d'hémoglobine, le scénario ne m'a pas convaincue. Peut être parce que je connaissais déjà l'histoire et que j'en attendais plus...

Pour moi, ça manque de plein de choses (recherches, émotions, personnages intéressants, environnement effrayant...), ce n'est ni assez percutant ni assez fouillé, surtout quand on connait les origines de la maison Winchester et le potentiel de sa légende. On a l'impression de passer à côté de l'essentiel. J'ai trouvé que ça partait un peu dans tous les sens, alors qu'il y avait moyen d'explorer davantage la folie et les méandres de l'esprit de Sarah Winchester. le mythe de la maison et de sa construction pharaonique reste finalement assez peu exploité.

J'attendais des spectres, de la terreur, des dédales remplis de fantômes bien glauques, des salles gothiques, des scènes pleines de noirceur et de l'effroi à la pelle. J'en ressors mitigée. C'est sombre et parfois stupéfiant dans le dessin, pourtant on a du mal à se laisser embarquer.

La légende est riche, bourrée de métaphores qui proposent toute une palette d'interprétations et de possibilités pour ceux qui connaissent l'histoire des Winchester. Mais le scénario de Tomasi et Bertram manque de punch malgré son originalité. Il évoque à peine les faits et se concentre sur la folie de Sarah et son obsession de la construction du domaine, entourée d'une galerie d'anciens criminels dont on n'exploite pas le potentiel tandis que l'arrivée de l'un d'eux, tout aussi hanté qu'elle par ses démons intérieurs, va précipiter les événements.

Alors que le dessin m'a plus que convaincue et plus d'une fois surprise par l'énergie de ses traits, ses portraits tortueux et l'omniprésence des teintes sanglantes, - certaines double pages valent vraiment le détour, glaçantes à souhait avec une débauche de carmin et des touches gothiques magnifiques en fonction de l'ambiance - ce voyage horrifique et tortueux ne restera pas longtemps dans ma mémoire.
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Sarah Winchester a tout perdu, ou presque. Sa fille unique Annie meurt prématurément, puis très vite c'est son mari William qui est emporté par la tuberculose. Avec la fortune héritée de sa prestigieuse belle-famille, Sarah entreprend la mise en chantier perpétuelle de la maison familiale, pour ainsi venir à bout de la malédiction qui d'après elle les frappe et les poursuit. Tant que se feront entendre les marteaux, les bourreaux expieront leurs crimes et leurs victimes trouveront le repos...
Quelle oeuvre étrange livrée là par Tomasi et Bertram !
Le scénario riche et complexe du premier, allié au dessin efficace du second, le tout volontairement bousculé par les couleurs glaçantes et sanglantes de Stewart, nous offre une bd à la fois gothique et dérangeante.
Une lecture étonnante, qui a suscité chez moi le besoin de la relire, afin de saisir tous les détails, mieux pénétrer l'univers ainsi offert. Un bel objet qui nécessitera encore un effort de ma part...
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La maison Winchester existe vraiment, et c'est ce réel mystère qui m'a poussée à lire cette BD.
Quelle est la particularité de cette maison ? Oh, rien de trop extravagant ... Des portes qui donnent sur le vide, des escaliers qui ne mènent nulle part.
Du coup je me suis dit : Chouette, du mystère, une histoire morbide et qui aurait pu être vraiment digne d'un labyrinthe noir, très noir...
En fait pas vraiment.
Ici, la veuve Winchester embauche des personnes ayant un passé trouble afin de travailler jour et nuit sur sa triste demeure. On suit ses troubles, les troubles de ses employés (dont un plus particulièrement), et le tout est teinté de rouge, d'une matière qui semble suivre ceux qui ont versé le sang. C'est assez gore, c'est même assez dérangeant mais l'histoire ne m'a pas emballée. Pourtant les dessins sont parfois impressionnants avec ce rouge criard.
Dommage, j'aurai aimé plus de mystère, moins d'évidence dans le récit, j'aurai préféré quelque chose de plus sombre.
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critiques presse (3)
BDGest
18 janvier 2018
Dans l’antre de la pénitence ravira les client(e)s d’histoires de fantômes, d’univers torturés et morbides à la American Horror Story, une surenchère d’horreur qui fait écho à la violence de l’histoire américaine. Une lecture qui laisse une forte impression !
Lire la critique sur le site : BDGest
BoDoi
28 novembre 2017
Dans l’antre de la pénitence est un album sonore, sensoriel et éreintant. Une expérience rare et forcément clivante.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Sceneario
10 novembre 2017
Un album qui reprend donc l'histoire de la célèbre maison Winchester, à San José, en Calfornie, réputée pour être hantée, mais surtout dotée d'une architecture hors du commun...
Lire la critique sur le site : Sceneario

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Vidéo de Peter J. Tomasi
Comic Con Paris 2017: l'Interview de Peter Tomasi & Ian Bertram
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