Ce tome fait suite à Super Sons 1 - When I grow up (épisodes 1 à 5) qu'il est préférable d'avoir lu avant pour connaître la dynamique de la relation entre Robin et Superboy. Il contient les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2017, écrits par
Peter Tomasi, dessinés et encrés par
Jorge Jimenez (épisodes 6 à 9, avec l'aide de Carmine di Giandomenico pour l'épisode 9) avec une mise en couleurs d'Alejandro Sanchez, dessiné par
José Luis et encré par
Scott Hanna pour l'épisode 10, avec une mise en couleurs réalisée par le studio HiFi. Les couvertures principales ont été réalisées par
Jorge Jimenez, et les couvertures variantes (très réussies) par
Dustin Nguyen.
Épisodes 6 à 9 - Quelque part à Metropolis, Kraklow (un homme d'une cinquantaine d'années) est en train de modeler de la terre glaise en 3 silhouettes menaçantes. Toujours à Metropolis, dans l'appartement des Kent, Jon s'apprête à sortir en tenue de Superman (sauf pour son pantalon qui n'a pas été lavé, il a donc mis un jean) pour rejoindre Robin (Damian Wayne). Sa mère (Lois Lane) lui fait promettre d'être rentré pour 22h00. Il peut enfin aller retrouver Damian sur un toit voisin, qui le prend de haut comme à son habitude. Robin décide d'appliquer une justice préventive à Metropolis similaire à celle qu'il met en oeuvre à Gotham, et il choisit de s'en prendre à un monsieur promenant son chien sans respecter le feu rouge piéton. Superboy choisit lui-même les missions suivantes, beaucoup plus constructives, jusqu'à sauver un chaton. Robin finit par être rejoint par Starfire (Koriand'r), Beast Boy (Garfield Logan) et Raven (Rachel), le reste des membres de l'équipe des Teen Titans dont il est le chef. Ils plantent Superboy là qui rentre chez lui.
Plus tard, Robin et coéquipiers viennent toquer à la baie vitrée de la terrasse des Kent, Robin ayant été âgé jusqu'à devenir un vieillard, par Time Commander, assisté de Atom-Master et Chun Yull. Superboy accepte de les aider pour aller botter les fesses de ces 3 supercriminels agissant pour le compte de Kraklow. Épisode 10 - Clark Kent, Bruce Wayne et Damian constatent à quel point Jon S. Kent a progressé dans sa maîtrise du vol autonome. Ils estiment tous les 3 que le travail en équipe de Robin et Superboy commencent à porter ses fruits, Damian n'hésitant pas à s'en arroger tout le mérite. Les 2 pères sont d'accord pour dire qu'il est temps de passer à l'étape suivante, en termes d'autonomie.
Après un premier tome très sympathique, le lecteur revient pour le deuxième tome en sachant très bien ce qu'il en attend : une lecture tout public, un duo plus ou moins bien assorti (très bien assorti en fait) et des aventures légères sans conséquence sur la continuité, sans répercussion à l'échelle de tout l'univers, ni même simplement de la planète. Dans cet état d'esprit, il découvre sans grande surprise des supercriminels de seconde zone comme opposants au duo, et encore ce n'est pas vraiment eux. Il sourit quand Robin et Superboy passent dans une dimension parallèle car Robin explique que c'est à peu près comme quand Superboy s'était retrouvé sur Dinosaur Island, ce qui lui est arrivé dans la série Superman. le scénariste fait ainsi remarquer qu'il réutilise un rebondissement, déjà mis en oeuvre dans l'autre série qu'il écrit concomitamment. Comme dans le premier tome, le lecteur découvre une histoire sympathique et sans prétention, avec son lot de rebondissements (pas tous déjà vus), des endroits originaux (l'étrange planète des épisodes 8 & 9) et un enjeu moral sans être moralisateur. Les 2 jeunes superhéros peuvent se déchaîner et se servir de leurs pouvoirs pour se sortir de situations périlleuses, sans que le lecteur ne doute un seul instant du fait qu'ils vont triompher.
Comme pour le premier tome, le lecteur retrouve le dynamisme des dessins de
Jorge Jimenez le temps de 4 épisodes, plutôt 3 et épisodes et demi d'ailleurs. Cet artiste utilise à plein les conventions visuelles des comics de superhéros : décharges d'énergie crépitantes, angles de vue prononcés pour accentuer le mouvement, pour des affrontements physiques intenses qui pétillent de partout, pour un spectacle de bonne qualité. Cette dimension pyrotechnique est renforcée par la mise en couleurs dynamique et vive d'Alejandro Sanchez. Ce dernier utilise également les nuances pour renforcer les textures et le relief des surfaces. le lecteur en prend plein les mirettes avec un comics de superhéros qui assume son premier degré et son entrain dynamique. Bien sûr les combats sont l'occasion pour le dessinateur de s'affranchir de dessiner les arrière-plans qui sont de toute façon bien remplis par les effets spéciaux, tourbillons et autres camaïeux. le lecteur observe que pendant les passages plus calmes, Jimenez de rechigne pas à passer du temps pour décrire dans le détail les environnements : la cuisine des Kent, leur salon, le village dans lequel vivent Hard Line et Big Shot.
Comme dans le tome précédent, ce que le lecteur apprécie énormément, c'est la capacité de
Jorge Jimenez de rendre compte de la jeunesse de Damian & Jon, de leur façon de se lancer tout entier dans ce qu'ils font, de leurs mouvements bondissants. En outre, l'artiste a su incorporer une petite touche manga dans les visages, pour leur donner plus d'expressivité. C'est une technique qu'il met au service de ses dessins, et pas un artifice qu'il colle partout pour masquer un manque de maîtrise. Les pages dessinées par
Carmine di Giandomenico dans l'épisode 9 donnent une impression un peu plus sèche, avec une façon inutilement maniérée de complexifier les traits de contour, pas tout à fait en phase avec le ton plus léger et plus direct de la narration. le lecteur est donc aux anges de retrouver intacte cette amitié d'enfance entre 2 individus au caractère bien trempé. Il est bien sûr impossible de résister au cynisme de façade de Damian, à ses réponses sèches teintées de condescendance, à sa volonté de se montrer efficace et dur en toutes circonstances, d'être l'incarnation de la performance guidée par la raison et l'expérience. En voyant Jon S. Kent aux côtés de cet adolescent dominateur et concentré sur le but à atteindre, le lecteur se dit qu'il ne fait pas le poids malgré ses superpouvoirs. Il commet l'erreur commune de confondre gentillesse et faiblesse. Non seulement, Jon a toute confiance en son compas moral plus juste que celui de Damian (et habilement rappelé au début du premier épisode de ce tome), mais en plus il n'hésite pas à dire à son copain quand il pense qu'il va trop loin. le scénariste lui fournit également l'occasion de se moquer de lui bien comme il faut, soit avec la blague récurrente sur la petite taille de Damian, soit avec ses problèmes de vessie quand il a été âgé par Time Commander. La dynamique du duo est intacte, toujours aussi pleine de vie et toujours aussi chaleureuse.
Le lecteur arrive à la fin de l'histoire principale avec le sourire aux lèvres, ayant pleinement conscience d'avoir lu une simple histoire de divertissement, mais refusant de bouder ce plaisir simple. Il craint que le dernier épisode ne serve de bouche-trou pour laisser le temps à
Jorge Jimenez de récupérer avant de revenir pour les prochains épisodes. Il a la surprise de découvrir que
Peter J. Tomasi ne fait pas du remplissage et raconte une étape significative dans le développement du tandem : une étape de plus dans l'acquisition de l'autonomie. Les dessins de
José Luis sont moins flamboyants que ceux de
Jorge Jimenez. Il accentue moins la vitalité des 2 supers fils, que ce soit dans leurs gestes ou dans les expressions de leur visage. de ce point de vue, la lecture perd un peu en rythme. Par contre, il sait bien capturer des postures spécifiques aux enfants, comme par exemple la façon de s'étaler de Jon dans son lit quand il dort. Dans la première moitié de l'épisode (là où le récit s'y prête), il peut compenser cette diminution d'énergie par des découpages de planche et des plans de prise de vue qui transcrivent bien le mouvement.
Sans dévoiler la nature de la prise d'autonomie, il est possible de dire que
Peter J. Tomasi maîtrise lui aussi les conventions de superhéros, à commencer par celle de quelques décennies en arrière. Il ne s'agit pas de raconter à la manière des années 1950 ou 1960, mais de reprendre une composante très importante pour les équipes de l'époque et de l'utiliser pour nourrir cette phase. le lecteur peut tiquer sur le manque de praticité de cet élément en question, mais pas sur sa pertinence. C'est donc à nouveau un épisode dans lequel la dynamique du duo Damian/Jon fonctionne toujours aussi bien, ainsi que celle entre les pères et les fils.
Ce deuxième tome des aventures des supers fils ne révolutionne pas les comics de superhéros, mais les auteurs savent faire s'exprimer les saveurs d'un tel duo, que ce soit sur le plan spectaculaire d'une histoire de superhéros au premier degré, ou sur le plan des interactions personnelles entre Superboy et Robin, de la manière dont ils s'enrichissent l'un l'autre.