Ce qui vient après

Je ne me suis jamais senti bien avec une fille avant. Pas sûr que je ne me sois jamais senti normal avec qui que ce soit depuis la mort de papa. Depuis toujours, peut-être. Alors, me sentir bien avec une fille - ni brillant, ni canon, ni drôle, juste bien -, c'était la sensation la plus énorme, la plus libératrice du monde.

Voilà ce que j'appris ce jour-là : une violation de propriété en entraîne une autre, chacune abaissant le seuil pour la suivante, jusqu'à ce que celui qui s'était interdit de mettre dans la machine à laver les vêtements sales de la fille de peur qu'elle le perçoive comme une intrusion se retrouve à quatre pattes dans son placard, à tripoter ses objets les plus privés, tout en justifiant son acte - comme le font tous les hommes de ce genre - en disant que ces violations étaient pour son bien à elle.

A part la cérémonie commémorative pour Daniel, je n'étais pas allé au culte depuis la mort de mon fils. Je comprenais le fardeau que japportais. Que dire au parent d'un enfant assassiné ? Comment se comporter ? La peur de me blesser causait aux gens de la souffrance et du trouble, et leur souffrance s'ajoutait à la mienne. Je voulais épargner aux Amis ma présence. D'autre part, que me restait-il là-bas ? Certainement pas l'inspiration divine. Dieu m'avait détruit, m'avait volé Katherine et mon fils. Dieu, apparemment, avait même pris la fille et la promesse de son bébé.

Lorsque j'entrai dans le bâtiment, la chaleur vibrante, bruyante des adolescents, les cris d'un bout à l'autre des couloirs, les éclats de rire et les claquements des portes des casiers se ramassèrent en une vague devant moi, un concentré de vie qui menaça de me submerger.

Au fil des semaines, Evangeline pria de moins en moins, jusqu'à ce qu'un jour, elle se rende compte qu'elle en avait terminé. Elle avait probablement torpillé ses possibles recours à Jésus en buvant, en volant et en s'envoyant en l'air avec l'ex-petit ami de sa mère. Tant pis. Jésus n'avait jamais été fiable. Et pour ce qu'elle en savait, on pouvait inviter quelqu'un à venir dans son coeur, mais s'il refusait de venir, il fallait passer à autre chose. On devait sauver sa peau comme on pouvait.

Tels sont les faits. Tout ce qu'ils révèlent, c'est que les plus grands mystères sont cachés dans ce que nous croyons déjà savoir.

L’omniprésence de Dieu, des sacro-saintes valeurs de la famille, de la redemption, du pardon etc m’ont donné le sentiment d’assister à une messe de 600 pages. Très peu pour moi.