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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
De l'écrivain ou du philosophe chez Michel Tournier, je ne sais pas lequel des deux me fait le plus peur, mais le fait est que j'aime masochistement le léger malaise que me procure son travail, éperdument la finesse et la profondeur de son écriture, intellectuellement l'originalité et la puissance lyrique d'analyse des thèmes qu'il aborde.
Ici, la gémellité, abordée sous ses aspects mythique, cellulaire, ontologique, affectif, à travers le destin de deux frères jumeaux, Jean et Paul, si semblables qu'on les appelle Jean-Paul, si intimes qu'ils communiquent entre eux par une langue de vent, si mêles qu'eux s'appellent Bep. Trop mêlés pour Jean, qui s'enfuira de par le monde à la recherche de son identité, poursuivi par Paul incapable de vivre sans son frère la condition de "sans pareil".
Tournier nous emmène aux quatre coins du monde et fouille très loin dans la singularité de la condition gémellaire, si unique et si autre que pour nous la faire toucher du doigt, nous autres sans pareils, il introduit entre Jean-Paul et le reste du monde bourgeois un personnage extraordinaire que j'ai adoré, l'oncle Alexandre, homosexuel raffiné, seigneur des gadoues, qui introduit le roman comme un sas d'entrée dans l'univers hermétique aux profanes des jumeaux.
Je n'ai évidemment pas tout compris, tout perçu, mais j'ai en revanche tout lu et ressenti avec un immense plaisir.
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Après un Robinson dans « Vendredi ou les limbes du Pacifique », un ogre dans « le roi des aulnes », Michel Tournier nous présente, dans « Les météores », Jean-Paul. du moins les appelle-t-on ainsi, alors qu'il s'agit en vérité de deux frères jumeaux, Jean et Paul. Un couple indissociable tels que peuvent l'être parfois des jumeaux…
Et puis il y a l'oncle, homosexuel flamboyant, grand pourfendeur d'hétérosexuels et de lesbiennes, qui règne sur les tas d'immondices en Prince des Gadoues autoproclamé… En fait, le gérant de la SEDOMU : la Société de Ramassage des Ordures Ménagères.
Paul, qui entretient avec son frère des relations complexes, voire incestueuses, défend , lui, la suprématie d'une autre minorité : les jumeaux, fustigeant les « sans-pareil » qu'il accuse d'avoir dévoré leur jumeau dans le ventre de leur mère. Jean, perdu dans cette relation étouffante, et après que Paul aura fait capoter son mariage, décide de faire le tour du monde dont la longue traversée du Canada n'est pas sans rappeler un autre traversée… du désert, celle là …
Finalement, ce troisième roman de Michel Tournier est, comme les deux premiers, un foisonnement de symboles traversé par des fulgurances parfois dérangeantes, mais toujours flamboyantes au sens ou le gothique peu l'être. Il faut être Tournier pour dépeindre sans choquer (un peu quand même, parfois) des sexualités avérées ou supposées, hors normes, telles que celle de Jean-Paul scellée par le rite de la communion séminale. « Les météores » reste malgré tout un texte difficile à recommander sauf aux inconditionnels, comme moi, de l'auteur.
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C'est un très beau roman, publié à une époque (années 70) où un auteur pouvait sans crainte aborder des sujets que l'on estimerait pour le moins difficiles voire scabreux aujourd'hui. Ainsi je ne sais dans quelle mesure l'intense proximité des jumeaux vrais atteint vraiment la dimension sexuelle ("la communion séminale" d'ailleurs non décrite précisément) évoquée ça et là dans le livre mais cette allusion choquera sans doute davantage aujourd'hui qu'à l'époque de sa publication originelle.
Jean et Paul donc sont de vrais jumeaux nés dans les années 30 dans une famille bretonne bourgeoise. Ils ont un oncle scandaleux, Alexandre, un homosexuel qui se trouva forcé de reprendre une entreprise familiale de collecte d'ordures, activité qui lui valut le sobriquet auto-attribué de "dandy des gadoues".
Les destins de Jean-Paul et d'Alexandre sont parallèles. "Ni avec toi ni sans toi" pourrait être l'un des sous-titres du livre tant il illustre le caractère tragique de l'être humain, individualiste invétéré qui ne peut pourtant vivre seul, à la recherche de cet Autre sublime en forme de miroir. Alexandre est en quête de l'amour absolu qu'il manquera de peu et de même le couple gémellaire se dissoudra d'une manière finalement pas totalement élucidée.
Les gens sont souvent fascinés et admiratifs des jumeaux vrais. En ce qui me concerne je les ai très tôt perçus comme des êtres souffrant d'une certaine aliénation, incapables de s'épanouir totalement, l'autre leur étant nécessaire dans une existence la plus parallèle possible mais celle-ci suscitant précisément le rejet de la part du jumeau, souvent celui qui est dominé par le "gardien du temple", qui cherche à s'en affranchir.
L'auteur tire un parallèle entre la gémellité vraie (les jumeaux étant alors nécessairement du même sexe) et l'homosexualité (l'homosexuel recherchant son double narcissique, quête qui, elle aussi, est vouée à l'échec, du moins dans une certaine mesure, l'autre n'étant jamais totalement pareil et lorsqu'il l'est, il suscite paradoxalement un sentiment qui est de l'ordre du désir de meurtre) et en fait ce livre m'a intéressée pour le regard posé sur l'homosexualité bien plus que que pour la description des (més)aventures de la paire de jumeaux. J'ai aimé le personnage d'Alexandre et compati à son destin tragique. Par contre je me suis beaucoup moins attachée à la paire Jean-Paul qui, justement, en tant que repliée sur elle-même semble exclure le lecteur de leurs échanges circulaires. Ensuite, lorsqu'il se retrouvent séparés lorsque Paul a fait échouer les projets de mariage de Jean, les précipitant dans une course à travers le monde, Tourmier choisit de nous faire emboîter le pas de Paul, le gardien du temple de la gémellité, à la poursuite de Jean aspirant à l'autonomie. Or Paul m'était de loin le moins sympathique de la paire. Quelque part je ne pouvais m'empêcher de me dire qu'il avait bien cherché le sort qui lui était réservé et j'aurais préféré suivre Jean, l'âme voyageuse...
Il m'a d'ailleurs semblé qu'à partir de la mort d'Alexandre, lorsque le livre s'est vraiment concentré exclusivement sur le destin de Jean-Paul, la dimension est devenue davantage poétique et symbolique que véritablement narrative. Heureusement car le style de Tourmier est magnifique, l'un des plus beaux qu'il m'ait été donné de lire, et le plaisir pur de lire a alors compensé le relatif manque d'empathie ressenti pour ses personnages.
J'ai beaucoup aimé, même si ce roman peu conventionnel ne plaira pas à "tout le monde"...
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C'était mon premier Tournier...

J'en ressors un peu cotonneuse, un peu endolorie, un peu fascinée. "Les météores" n'est pas un roman comme les autres. Il est remarquablement écrit, pour commencer... Et puis il imprime sur la peau, sur le ventre, sur le coeur. Il est un peu dégoûtant aussi, par moments, et ce n'est pas toujours nécessaire. Mais on en ressort avec un amour profond pour chacun de ses personnages très imparfaits, très humains.

"Les météores" est un roman de voyages. Plus ou moins agréables, dans des destinations plus ou moins enviables.

"Les météores" est un roman sur la gémellité, sur le couple gémellaire, sur le couple. Et pour moi qui côtoie depuis toujours ces questions, je le trouve aussi étonnamment pertinent.

"Les météores" est un roman d'amour. "Les météores" est un essai sociologique. "Les météores" est une pièce de théâtre avec de longs monologues. "Les météores" est un roman d'initiation.

"Les météores" est multiple. A l'instar des météores eux-mêmes...
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Michel Tournier (1924-2016) est l'un des plus grands romanciers français du XXème siècle. Ce n'est pas un écrivain qui publiait bon an mal an un nouveau livre. Chacun de ses chefs-d'oeuvre sont des "pavés", très travaillés et complexes, qui explorent la nature humaine dans toute sa profondeur.
Ce roman se penche sur le cas de vrais jumeaux. Il interroge l'identité et la différence; il évoque les relations fusionnelles – et comment essayer de s'en affranchir. Jean et Paul, qui ont vécu dans un accord parfait, vont faire l'expérience difficile de la séparation. Un autre personnage prend une place importante: l'oncle des jumeaux, "le dandy des gadoues": lui – homosexuel assumé – est à la recherche de son complémentaire, différent mais mâle aussi.
Cela fait longtemps que j'ai lu ce gros roman, que j'avais mis beaucoup de temps à finir, mais qui m'a laissé des souvenirs précis. "Les météores" se caractérisent par ses personnages puissants, une réflexion approfondie et une écriture très soignée. A lire ou à relire.
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