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sur 341 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Juste un petit crochet par la Chine

Jean-Philippe Toussaint s'intéresse à la puissance des lobbys et à la cybersécurité dans «La clé USB». L'occasion de nous offrir une escapade en Chine avant un colloque au Japon et un roman aussi déstabilisant que piquant.

Deux hommes abordent le narrateur dans les couloirs du parlement européen à Bruxelles. Employé au sein d'une unité chargé de la prospective au sein de la Commission, il vient de plaider pour le développement d'une blockchain européenne, sujet qui intéresse particulièrement John Stavropoulos et Dragan Kucka de la société XO-BR Consulting, spécialisée dans le développement de la technologie blockchain, en particulier pour des clients asiatiques.
Bien entendu, il n'est pas nécessaire d'en savoir davantage sur cette technologie pour apprécier ce roman, mais cela permet de comprendre les enjeux d'un marché qui va sans doute avoir un poids déterminant dans l'économie des années futures. La définition qu'en fournit Wikipédia me semble assez précise : «Une (ou un) blockchain, ou chaîne de blocs est une technologie de stockage et de transmission d'informations sans organe de contrôle. Techniquement, il s'agit d'une base de données distribuée dont les informations envoyées par les utilisateurs et les liens internes à la base sont vérifiés et groupés à intervalles de temps réguliers en blocs, formant ainsi une chaîne. L'ensemble est sécurisé par cryptographie. Par extension, une chaîne de blocs est une base de données distribuée qui gère une liste d'enregistrements protégés contre la falsification ou la modification par les noeuds de stockage.» L'application la plus connue du grand public est le bitcoin ou monnaie virtuelle, mais d'ores et déjà les banques, les assurances, le secteur de la santé et celui de l'énergie, mais aussi la logistique et différentes industries travaillent à la mise au point de cette révolution de l'économie numérique.
Un aparté qui permet de mieux cerner les enjeux de la négociation qui se joue dans «l'ombre feutrée et chuchotante de bars de grands hôtels bruxellois anonymes». Car la curiosité aura été la plus forte pour notre homme, avide de savoir ce qui se cache derrière cette mystérieuse société XO-BR Consulting. Et sans doute de redonner un peu de piment à une vie devenue bien fade: «J'avais le sentiment de n'avoir plus d'avenir personnel. Mon horizon, depuis que mon mariage avec Diane était en train de sombrer, me semblait irrémédiablement bouché. Depuis des mois, je me sentais enlisé dans un présent perpétuel. Nous ne nous parlions plus avec Diane, nous ne nous parlions plus depuis l'été (et même avant, je me demande si nous nous étions jamais parlé). Notre couple s'était progressivement défait au cours des années. Notre mariage, ou ce qu'il en restait, finissait de se déliter. Depuis bientôt deux ans, nous vivions côte à côte, comme des ombres, en étrangers, dans le grand appartement de la rue de Belle-Vue, avec Thomas et Tessa, nos jumeaux qui allaient à l'école élémentaire et qu'on se répartissait pendant les vacances…».
L'événement qui va tout faire basculer, c'est d'une clé USB égarée par l'un des interlocuteurs et contenant des centaines de fichiers et d'informations et notamment des photos de l'Alphaminer 88, une machine inconnue jusque-là, un prototype produit en Chine par Bitmain et commercialisé par la société basée à Dalian, en Chine, où Stavropoulos voulait l'inviter.
Détaillant encore les fichiers de la clé USB, il est stupéfait de découvrir des lignes de code qui pourraient fort bien ressembler à une «porte dérobée», c'est-à-dire un programme permettant de prendre le contrôle de la machine. Aussi décide-t-il de faire un petit crochet par la Chine avant de se rendre au colloque organisé à Tokyo et durant lequel i avait été invité à prendre la parole.
Jean-Philippe Toussaint a cet art consommé de la construction dramatique. En proposant quelques détails «qui font vrai» et en n'oubliant jamais d'ajouter une pincée d'humour, il va transformer à ce qui pourrait s'apparenter à un roman d'espionnage en vraie quête existentielle. Au dépaysement et à l'instabilité inhérentes à cette mission secrète en Chine viennent alors s'ajouter quelques épisodes tragi-comiques que je me garderais bien de dévoiler, pas plus que l'épilogue – surprenant – de l'un de mes premiers coups de coeur de cette rentrée. Car voilà une manière fort agréable de sensibiliser le lecteur à l'un des enjeux économiques majeurs des années qui viennent. Mais il est vrai qu'avec Jean-Philippe Toussaint, on est rarement déçu !


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Jean-Philippe Toussaint a beau nous emmener en Chine et au Japon dans ce roman, le centre de cette histoire se situe pourtant bien à Bruxelles, cité européenne s'il en est et ville où l'auteur a vu le jour.

Son narrateur, Jean Detrez, est fonctionnaire à la Commission européenne. C'est un conseiller technique spécialiste en prospective. Il s'intéresse aussi de près aux crypto-monnaies et au blockchain (je ne suis pas certain d'avoir compris de quoi il s'agit vraiment !).

Il va être la cible de lobbyistes douteux et tenaces.

La bifurcation de ce livre, qui aux deux tiers est un roman à suspense, se trouve à la fin. Difficile d'en tirer des conclusions, sinon qu'on n'est jamais aussi détaché de ses sentiments qu'on le pense...

L'écriture n'est pas en cause, précise et superbe comme toujours chez cet auteur. Mais j'en suis quand même resté sur une note d'insatisfaction.
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- Tu fais quoi toi dans la vie ?
- Je travaille dans la prospective.
[Moment de solitude...]

Roman rédigé à la 1ère personne, le narrateur nous explique son quotidien professionnel au service de la prospective au sein de la Commission européenne. L'institution, dans un monde numérique en constant développement, doit assurer sa cybersécurité et empêcher le cyberespionnage industriel.

Alors qu'il est approché de façon insistante par un certain John, notre narrateur soupçonne qu'il soit lobbyiste. En effet, ces derniers sont légion et John représente une entreprise bulgare de minage qui a constitué un dossier de demande de subvention auprès de la Commission.
Parallèlement à cela, John perd un soir une clé USB lors d'un rendez-vous avec notre narrateur qui la récupère. C'est plus fort que lui, il a envie de mener sa petite enquête : il découvre que l'entreprise bulgare ne serait que l'intermédiaire d'une entreprise chinoise dont les ambitions dans le monde de la blockchain seraient bien plus importantes que ce que laissait entendre John avec son entreprise bulgare. Les Chinois voudraient-ils profiter de fonds européens pour dominer le monde numérique ? Quel est leur but ultime ?

Ce n'est pas un sujet facile ni distrayant que Jean-Philippe Toussaint aborde ici. Je soupçonne moi une certaine part autobiographique. C'est intéressant pour qui se passionne pour l'économie, le numérique, l'Europe... La fin est un peu déroutante car elle touche la famille du narrateur et le lecteur ne s'y attend vraiment pas.
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Qu'est-ce qu'une chute libre d'eurocrate ? Oh, pas grand-chose, à peine un frémissement, poli, contenu, stupéfait, résigné. de cet état minimum, et avec une simple clé USB, délicieusement déjà obsolète, Jean-Philippe Toussaint vient de faire un thriller cyberpolitique haletant, mais certainement pas pour les raisons que les lecteurs de John le Carré s'imaginent. Comment a-t-il fait ? Et d'abord, un roman sur fond de nouvelles technologies et de Commission européenne, aux éditions de Minuit ? il devait y avoir un truc. Et la dernière partie vous le dévoile, oui, ce « truc ».
Le narrateur, chef d'une unité de prospective à la Commission européenne (ne partez pas, c'est fait exprès) nous raconte comment, approché par des lobbyistes, il s'est retrouvé en Chine quasi clandestinement, à tenter de comprendre le minage de bitcoins et les perspectives de la blockchain, le tout savamment expliqué aux plus nuls dont on perçoit légèrement que notre bon narrateur expert en ferait bien un peu partie, dans un grand bluff généralisé où l'on se doit de comprendre et appliquer – du moins de mourir plutôt que d'avouer n'en avoir aucune envie – à l'échelle d'un continent des sciences folles qui mutent de mois en mois.
Dans le récit saccadé, obstiné de cette aventure de 190 pages, rien ne se consomme impunément. À la frénésie qui semble inévitable, la tournure inquiétante, la vitesse que prennent les événements, Jean-Philippe Toussaint oppose une densité non négociable, parfaitement claire et sobre, mais truffée des détails les plus anodins de notre vie technologique, sans aucun transport, sans parti pris féroce, une simple démonstration pratiquement exhaustive du quotidien d'un haut fonctionnaire, dont la toute dernière partie finit d'achever, le terme est choisi, le tableau.

C'est un roman tout à fait feutré, étouffé. J'adore lorsque la forme se coule exactement sur le contenu. Il a réussi à forger un style d'ascenseur d'hôtel chinois interdisant la connexion internet, et de MacBook de deux générations de retard, sans jamais que nous, nous décrochions. C'est le sentiment diffus de tout utilisateur de tech lambda, même hautement qualifié, qui a appris et intégré la pondération, l'endurance et le lisse parfait à opposer à toute difficulté apparente, et ne se laisse pas facilement décontenancer par une nouvelle évolution de son matériel, mais enfin, finit par fatiguer, à la longue, sur cette autoroute sans fin où il semble ne jamais vraiment réussir à obtenir le permis. de l'Europe, évidemment, il sera sans cesse question, et de sa juste place dans cette course à l'armement, et toujours avec finesse, il s'agira ici de savoir si vous arriverez à l'heure pour les soins palliatifs, si vous passerez ou non à côté de l'essentiel.

Et c'est absolument réjouissant comme, sans fioritures et sans posture, n'ayant nul besoin de la satire mais avec les termes exacts et pesés (quel plaisir de croiser « faconde », ou « impétueux », là où rien d'autre n'aurait pu convenir), nous sommes souffle court, à tenter de comprendre ce qui se trame, pour finir par jubiler, lorsque « rien » devient une réponse non pas désolée et désabusée, mais le givre blanc, définitif, qui recouvre brutalement la Plaine finale de Bruxelles, et son personnage hébété. Il fallait enfin, grâce à un romancier infiltré et doué, que l'on comprenne tout, de ces nouvelles technologies. Qu'on les résume. Qu'on en vienne par nous-mêmes, grâce au refus inspiré de Toussaint d'intervenir dans notre pérégrination, à prendre ces vessies pour ce qu'elles sont. Et ce qu'elles nous font.
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Un fonctionnaire européen est approché par des lobbyistes qui suscitent à la fois de l'intérêt et de la méfiance. Jean-Philippe Toussaint parvient à alterner des pages fort prenantes et d'autres carrément burlesques, tout en terminant sur une note touchante d'humanité. Une lecture facile au premier de degré qui se laisse plus profondément apprécier avec du recul. Mais peut-être que, justement, sa valeur n'est pas suffisamment apparente.

J'étais heureux de me voir offrir ce petit livre comme cadeau de Noël car un article de presse m'avait donné l'envie de le découvrir, d'autant plus que je gardais un excellent souvenir de lectures passées de Jean-Philippe Toussaint. Et ceux qui me connaissent savent que j'aborde toujours un auteur belge avec un a priori favorable, a fortiori s'il a été récompensé de notre prestigieux prix Victor Rossel. Pour les Belges, en particulier, j'ajoute que Jean-Philippe est le fils d'Yvon Toussaint, qui était journaliste au Soir, et de Monique Toussaint, qui a fondé la charmante petite librairie « Chapitre XII », que je vous engage à visiter, près des étangs d'Ixelles.

J'avoue qu'en terminant, « La clé USB », mon avis n'était pas tranché et il ne l'est toujours pas complètement. D'emblée, je dirais que la lecture de ce texte est fort plaisante. L'ambiance du fonctionnaire européen approché par des lobbyistes informatiques, séducteurs et mystérieux est finement rendue; ils se présentent comme intermédiaires d'un groupe chinois. On sent le fonctionnaire curieux d'en savoir un peu plus, tout en se méfiant parce qu'il soupçonne des problèmes de sécurité dans les système qu'ils veulent promouvoir. On s'amuse aussi de tout le soin qu'il apporte à éviter le risque du moindre soupçon de corruption.

Cette première partie tient en haleine. Mais petit-à-petit, cet aspect s'efface pour laisser place à un style plus amusant, à la limite du burlesque. Et cela reste plaisant !

Pour terminer, l'accent est mis sur des aspects plus personnels. On entre dans l'intimité familiale du fonctionnaire. Je vous laisse découvrir comment.

Bref, quand on y pense à froid, après avoir terminé la lecture, c'est une jolie prouesse que d'avoir mêlé ces genres différents dans un même texte, en particulier dans l'aspect très doux, presque imperceptible des transitions entre ces différents aspects.

Quand on y pense à froid. C'est ce qui m'a posé problème pour mesurer à quel point j'allais vous recommander ce livre. Car à chaud, en tournant la dernière page, j'avoue avoir été frustré par un goût de trop peu, comme si l'histoire n'était pas terminée (la rumeur mentionne qu'une suite sera publiée). Je me suis demandé qu'elle avait été l'intention de l'auteur. J'apprécie beaucoup les livres qui laissent une trace, qui font réfléchir, ou qui suscitent l'imagination pour trouver une suite, ou dont chaque nouvelle lecture laisse apparaître des pépites que l'on n'avait pas décelées précédemment. Pour moi, une lecture qui se termine par une frustration est un défaut, même si un peu de réflexion finit par la gommer. J'aurais aussi aimé avoir quelques lignes d'explication à propos du minage de bitcoins; en fin de compte, il n'est pas nécessaire d'y comprendre quelque chose pour suivre l'intrigue mais sur le coup, c'est irritant.

Donc voilà: lecture globalement distrayante, fin frustrante, richesse à découvrir à froid. Ça se lit sans difficulté, je vous conseille d'essayer et… de me dire ce que vous en pensez !
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Roman en trompe-l'oeil dans lequel Jean-Philippe Toussaint s'amuse à brouiller les pistes, "La clé USB" n'en est pas moins un récit prenant porté par une très belle écriture. le roman commence avec des pages très informées, très documentées et une écriture très technique et institutionnelle. On entend parler de prospective stratégique, de blockchain, de backdoor, de cryptomonnaies. On sent que Toussaint a fouillé le sujet. Jean Detrez, le narrateur, travaille à la Commission européenne dans une unité de prospective et s'intéresse aux scénarios du futur et à leurs technologies. Il va être approché par des lobbyistes, des hommes mystérieux portant des noms amusants qui font penser à Tintin. le roman bifurque alors vers le roman noir ou le roman d'espionnage avec lequel Toussaint s'amuse beaucoup. Jean Detrez se méfie des lobbyistes, mais il va avoir l'occasion de mettre la main sur une clé USB laissée par l'un d'eux, volontairement ou non. Dans cette clé USB, il va découvrir des fichiers, des éléments qu'il va essayer de décoder. On ne comprend pas toujours bien où Toussaint veut nous emmener, par exemple avec cette visite d'usine en Chine pour vérifier si il y une backdoor dans les machines de minage. Mais on se laisse porter, confiant dans l'écriture de l'écrivain. Et puis il y a une nouvelle bifurcation, un tournant difficile à anticiper dans la troisième partie, une dérive audacieuse vers l'intime. Je n'en dirai pas plus pour ne pas divulgâcher le plaisir des lecteurs. Disons simplement que Toussaint a brouillé les pistes, que tous ces éléments très documentés d'institutions, d'espionnage ou de technologies cachent autre chose. Ce faisant, l'écrivain réussit d'ailleurs quelque chose de très difficile, il perd parfois son lecteur sans que ce dernier décroche, il l'égare sans toucher à la cohérence du récit. L'incursion dans le roman d'espionnage, avec lequel Toussaint joue, est bien menée, ponctuée par des phrases du genre "L'avion s'envolait pour Pékin, et j'avais le sentiment de me jeter dans la gueule du loup". Toussaint s'amuse beaucoup, mais il y a aussi de la virtuosité d'écriture comme la scène de l'appel téléphonique entre le narrateur et son ex-femme avec qui il est en très mauvais terme. Toussaint nous livre deux pages de lecture réjouissante. L'humour n'est pas absent non plus avec la scène incroyable des cintres dans l'hôtel chinois ou celle de la main voleuse dans les toilettes. Et puis, il y a cette fin très poignante, cette incursion dans l'intime du narrateur (et de l'auteur), une troisième partie inattendue, difficile à prévoir même si Toussaint a semé quelques indices en début de roman pour signaler au lecteur qu'un univers plus intime serait exploré, par exemple avec des réflexions personnelles du narrateur sur l'avenir, sur l'inquiétude des hommes face à l'avenir. "J'étais devenu un expert de l'avenir, mais de l'avenir de l'alimentation, de l'avenir de l'OTAN — de l'avenir du monde, jamais de mon propre avenir". Toutes ces parties plus intimes du roman sont très belles, lyriques sans excès. C'est une banalité de dire cela, mais les récits sont nourris par la réalité, par ce qui arrive dans la vie des auteurs, et un événement lié au père de Toussaint a probablement déclenché l'écriture de "La clé USB". Bref, un faux livre d'espionnage, mais un vrai beau roman bien mené avec des clés (pas USB) à déchiffrer.

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Très amusant et bien documenté, une belle réussite même si je suis pas convaincu de la fin sur le père et aurai préféré continuer sur la partie espionnage.
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Un thriller cyberpolitico-economique impliquant la commission européenne et qui nous fait voyager de Bruxelles jusqu'à Tokyo en passant par la Chine. Une écriture fluide et un récit haletant qui malheureusement nous laisse sur notre faim dans les dernières pages de l'histoire. Un peu déçue donc par ce final tant 'normal', sentimental et familial ; ou était ce pour nous rappeler ce qui est important, que les péripéties d'une clé USB ne sont rien à côté de la vraie réalité, du quotidien bien rodé, des discours parfaitement préparés et synchronisés ? Et pour finir, une mention spéciale aux cintres antivols de l'hôtel dont le rôle libérateur d'émotions (la rage pour le protagoniste, le rire pour nous) fonctionne à merveille (seuls ceux qui ont été confrontés à cette absurdité comprendront).
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Mon premier « Jean-Philippe Toussaint ». Commençons par ce qui est le plus enthousiasmant : une maîtrise magistrale de l'écriture. Celle-ci est légère et soignée, précise et fluide. L'auteur fait vibrer Bruxelles, sa ville, la mienne. L'issue du roman – la mort de son père – est tout en délicatesse, intelligence et subtilité. Par contre le « polar » en creux dans le monde des bitcoins et du blockchain, le procédé du minage, l'enquête en Chine et le voyage scientifique échoué au Japon laissent sur sa faim. On assiste à une glissade, celle d'un homme et d'une société, qui débouche, dans les dernières pages, sur ce qui est incoercible à la nature humaine : la mort des siens. Jusque-là, l'auteur semble être resté au bord de son propos. Bien-sûr, nous vivons dans un monde inquiétant et peu intelligible et au moment où j'écris ces lignes, je ne peux avoir la certitude d'être surveillé à travers l'ordinateur apparemment inoffensif qui recueille mes mots. Bien sûr, la Chine inquiète. Bien sûr, il existe des connexions douteuses entre des lobbys, des sociétés des pays de l'est et des groupes occultes plus ou moins puissants et malfaisant. Bien sûr, le monde qui s'annonce n'a rien de commun avec celui que nous avons connu et rien de cela n'est réjouissant. Tout cela est en filigrane du roman de Jean-Philippe Toussaint mais son propos tient plus de l'esquisse que de l'oeuvre profonde, accomplie et haletante.
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Très bon roman de Jean Philippe Toussaint ( encore un..), qui parvient à écrire avec style une histoire d'espionnage industriel 2.0.dans laquelle le personnage principal est pris dans un jeu internationalement dangereux, et la clé USB réussit à distiller la dose de suspense intrinsèque au genre. Ce roman m'a beaucoup rappelé la très réussie nouvelle de William Gibson New Rose Hotel (adaptée au cinéma par Abel Ferarra).
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