AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La disparition du paysage (8)

Mon passé disparu est comme un de ses rêves qu'on vient de faire et dont on ne se souvient plus au réveil, même si nous sentons sa présence très proche qui nous hante. Le rêve oublié est là, à portée de main, mais il nous reste inaccessible. Les paupières encore close, on essaye de le retrouver, de l'exhumer des profondeurs du sommeil où il demeure enfuit. On revient en arrière, on tâtonne, on essaye de l'aborder par une image, un lieu ou un visage qu'on a reconnus, et, à partir de là, sur cette base si fragile, on tire mentalement très lentement Le fils d'Ariane du rêve oublié pour faire remonter à la conscience la scène qui dans le rêve précède immédiatement le visage reconnu puis la scène qui précède encore, jusqu'à récupérer le rêve en entier, comme lorsqu'on tire sur une branche de plante grimpante qui a envahi la façade, et qu'avec précaution, sans briser la liane qu'on tient dans les mains, on fait venir à soi, en détachant une à une les vrilles qui la retiennent aux anfractuosités de la pierre, avant de tirer un dernier petit coup sec pour faire dégringoler en cascade le maximum de végétation convoitée.
Commenter  J’apprécie          20
Peu à peu, en l’absence de sollicitations extérieures, mon imagination commence à dépérir. Je m’affaisse, je ne suis plus qu’un vide, une absence. Je ne suis plus vraiment moi-même, mais étais-je encore moi-même depuis le drame ? Je suis devenu un état de léthargie impersonnelle. Plus rien ne me porte vers le monde extérieur.
Commenter  J’apprécie          10
Un matin, au réveil, le brouillard a complètement envahi l’encadrement de la fenêtre. Aussi loin qu’on peut observer, la plage a disparu dans la brume. La mer semble s’être retirée pour toujours. À force de scruter l’horizon, je finis par apercevoir dans l’extrême lointain une imperceptible ligne d’écume blanche, vivante et faiblement effervescente. Le brouillard ne se dissipe pas de la journée. Au loin, on entend les deux notes régulières d’une corne de brume qui doit provenir du phare au bout de l’estacade, et qui jette dans le vide une mélodie déchirante qui a des accents de glas. Rien ne me menace physiquement, mais j’ai peur. Je me sens oppressé devant l’horizon que bouche le brouillard. Parfois, sur la digue, surgit le phare avant rond et blanc d’un vélo fantomatique, qui glisse lentement dans l’atmosphère puis disparaît.
Commenter  J’apprécie          10
"(...) depuis le drame, l'immobilité à laquelle je suis contrait semble avoir paralysé non seulement mes membres, mais également mon esprit. Ce n'est qu'au terme d'intenses efforts que je parviens enfin à m'échapper vers l'imaginaire."
Commenter  J’apprécie          10
De la fenêtre, on aperçoit la mer par-dessus le toit du casino. Je reste là du matin au soir dans mon fauteuil roulant. Je ne fais rien, j'éprouve la monotonie des heures, mon œil construit des figures géométriques, assemble les éléments épars qui sont à ma disposition, la mer, le ciel,  les rides de la plage déserte. Je devine au loin les silhouettes minuscules de promeneurs en anoraks qui marchent avec un chien le long de la mer. Il n'arrive vraiment rien dans ma vie pour que la seule présence d'un chien sur le rivage fasse figure d'événement.
Commenter  J’apprécie          00
J’ai du sable dans la bouche, et je me débats dans ce cauchemar, très lent, j’ouvre la bouche, au ralenti, pour essayer de parler, mais je n’émets aucun son, mes lèvres ne disent rien et le regard des médecins devient peu à peu réprobateur.
Commenter  J’apprécie          00
Dans ce brouillard indistinct, seules émergent quelques images floues, voilées, la silhouette de ma mère assise à mon chevet, le visage inquiet de mes enfants penchés sur moi sur mon lit d’hôpital. Je revois Madeleine qui me prend la main et me sourit avec douceur. À la fin de la visite, sans un mot, les larmes aux yeux, elle s’incline pour déposer un baiser sur mon front, comme on rend hommage à un mort, et je lui réponds d’un faible sourire des yeux.
Commenter  J’apprécie          00
Ma fenêtre est un tableau, un rectangle parfait encadré par les châssis dormants en bois brun des travées. J’ai parfois l’impression d’être dans un musée à force de fixer ce grand tableau immobile que j’ai devant moi sans pouvoir le quitter des yeux
Commenter  J’apprécie          00




    Lecteurs (124) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Le Cid (Corneille)

    Que signifie "Le Cid" en arabe ?

    le seigneur
    le voleur
    le meurtrier

    10 questions
    832 lecteurs ont répondu
    Thèmes : théâtreCréer un quiz sur ce livre

    {* *}