Les Guerres précieuses

On entend le parquet qui craque sous les pas.
On sent le chocolat chaud préparé en plein hiver.
On suit des yeux les gouttes de pluie qui perlent sur les fenêtres.
Les mots de Perrine Tripier font travailler nos sens. Ils réveillent nos souvenirs d'enfant enfouis et nos inquiétudes d'adulte.
Gros coup de coeur !

Pfiou, j'avoue, j'ai peiné sur ce livre.
C'est beau, c'est bien écrit, c'est poétique.
C'est contemplatif même. Et donc, il ne se passe rien.
On retrace la vie de la protagoniste principale sur 4 saisons, et finalement, en y réfléchissant, ça n'est pas la protagoniste principale. Non, le vrai héros de cette histoire, c'est la maison.
Je n'ai pas été emportée, je n'ai pas réussi à apprécier la beauté des mots, en regard de la lenteur du récit.

J'ai trouvé cette histoire terriblement ennuyeuse. Autant j'ai apprécié la plume de Perrine Tripier et l'incipit de ce livre autant j'ai attendu qu'il se passe quelque chose. Cette maison, soit, ces souvenirs et ces liens familiaux, ce point sur sa vie, de comment on l'a vécue, très bien, mais c'est d'un ennui. Cette maison, ces carreaux verts, cet escalier, ce lit vide me sortaient par les yeux au trois quart du livre. On ne sait rien vraiment des personnalités et des caractères de chacun des personnages, nous sommes dans un songe où tout est rattaché à cette maison, j'aurais eu tellement envie qu'elle la brûle !

Un premier roman d'une jeune auteure de vingt quatre ans qui se met dans la peau d'une femme très âgée en maison de retraite. Ce roman est surprenant et a su souvent retenir mon attention, sans pour autant être un coup de coeur.

Les quatre saisons vont permettre à Isadora Abberfletch, cette vieille femme en fin de vie de faire revivre sa Maison. Chaque saison lui a apporté son lot de joie et de souffrances. la Maison avec ce M majuscule est le personnage central du roman. Isadora, croit lors de sa jeunesse que cet endroit est indispensable à sa propre vie. Elle ne peut s'en détacher , elle y a toujours vécu, avec sa famille puis qu'avec son père et enfin seule jusqu'à ce qu'elle comprenne, enfin, que sa Maison la tuera si elle y reste encore un an de plus.. Elle y a connu les moments les plus heureux de son enfance avec sa petite soeur Harriet et son frère Klaus. Les rapports avec Louisa, la soeur aînée de la narratrice sont plus compliqués on comprendra pourquoi lors de la scène importante du printemps. Chaque saison, même si elles ont été des moments heureux de sa vie se terminent par une catastrophe, l'été verra la mort de sa mère, l'automne celui de la mort d'Harriet sa petite soeur, l'hiver celui où elle se décide à partir en maison de retraite et le printemps celui où Louisa lui montrera l'envers du décorde qu'elle ne voulait pas voir.

J'ai beaucoup aimé la description de l'attachement à la maison d'enfance, l'autrice sait exactement de quoi elle parle car elle encore proche de sa propre maison d'enfance , en revanche son personnage d'Isadora est peu incarnée et on a beaucoup de mal à l'imaginer mais Perrine Tripier a beaucoup de talent , elle vieillira, elle aussi et saura peut-être mieux comprendre le détachement progressif aux biens de ce monde qui sont l'apanage de la vieillesse.
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Les guerres précieuses est un premier roman qui raconte l'histoire de la maison familiale de Isadora Aberfletch.
Le livre nous parle de la nostalgie de l'enfance ressentie par Isadora : l'été la venue des cousins-cousines-oncles et tantes, les jeux d'enfants, le chocolat chaud de petit père et puis aussi la disparition de petite mère, de sa petite soeur Harriett dont elle est inconsolable.
C'est un roman sur le temps qui passe, le roman est d'ailleurs découpé avec les 4 saisons. Un joli premier roman.

Attention grand talent ! Quand on écrit ceci à 24 ans, on reconnaît tout de suite une grande écrivaine :
"Le linge séchait bien, vite, ce n'était plus le pénible étendage d'hiver, les draps lourds et mouillés qui pèsent froidement sur les cordes tendues dans le hall. Au printemps, le linge dans la panière se réchauffe déjà au soleil matinal, en attendant d'être étendu, drap après drap, robe après robe, dépliés, secoués, enfilés, sur le fil contre le ciel bleu. C'est le linge du dehors, le linge qu'on va chercher quand on estime qu'il doit être sec, par les claires journées de juin, le panier sur la hanche."

Hantée par un âge d'or familial, une femme décide de passer toute son existence dans la grande maison de son enfance, autrefois si pleine de joie. Pourtant, il faudra bien, un jour ou l'autre, affronter le monde extérieur. Avant de choisir définitivement l'apaisement, elle nous entraîne dans le dédale de sa mémoire en classant, comme une aquarelliste, ses souvenirs par saison.
Que reste-t-il des printemps, des étés, des automnes et des hivers d'une vie ?

Pour un premier roman c'est une belle surprise. J'ai eu la chance de rencontrer brièvement l'auteur. Jeune, enjouée, belle, intelligente, et talentueuse. Elle m'a convaincue de me lancer. Ce livre est un bijou, régressif, nostalgique. Il nous parle.

Vivre, c'est s'obstiner à achever un souvenir (René Char).
Cette citation s'applique parfaitement à ce magnifique roman, pétillant comme un éclat d'enfance et douloureux comme une résignation à devoir la quitter. Perrine Tripier conjugue sa douce mélancolie à toutes les saisons d'une vie.
Depuis Tillinac, je n'avais ressenti ce mélange de nostalgie, d'amertume et de bonheurs simples se diluant dans les nuanciers de la mémoire.
Un magnifique premier roman qui en amènera d'autres dans son sillage.
Je l'espère en tout cas.