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Critique de alexandra1967


(mars 2007)

Cette chronique familiale et romanesque française commence vers 1870 et nous emmène jusqu'à la libération de Paris en 1944, au fil de ses cinq tomes (Les semailles et les moissons, Amélie, La Grive, Tendre et violente Elisabeth, La rencontre).

J'aurai donc découvert Henri Troyat incidemment quelques semaines avant sa mort. de cet écrivain prolifique, Maurice Druon dit qu' « Une journée sans écrire lui donnait un sentiment de péché ». Henri Troyat signe avec Les semailles et les moissons une épopée qui est à La France ce que Tant que durera la terre est à la Russie. Ces titres sont issus de la Bible "Tant que durera la terre, semailles et moissons, froidure et chaleur, été et hiver, jour et nuit ne cesseront plus."
Les héroïnes, Amélie et Elisabeth, traversent la fin du XIXé et les débuts sanglants du XXé siècle sans que l'auteur ne s'appesantisse sur L Histoire. Longtemps boudé par la critique le jugeant trop "grand public", c'est pour moi ce qui justement donne la fluidité et le réalisme du quotidien que l'auteur nous décrit. Comme ses personnages, il me semble vivre mes jours sans mesurer L Histoire qui me traverse …

J'ai aimé ce livre …
J'ai aimé ce livre pour sa description poignante de ces poilus de 20 ans partis la fleur au fusil et revenus, dans le meilleur des cas, nus de leurs idéaux. J'ai aimé la tendresse de ces jeunes devenus hommes offrant encore leur confiance à Pétain en 1940 jusqu'au complet désabusement.
J'ai apprécié que l'auteur compare sans complaisance l'enseignement religieux en pension avec celui dispensé dans les écoles de la République par des instituteurs laïcs .
J'ai ri des débuts des sports d'hiver, où l'on grimpait à peaux de phoque. Les plus téméraires vantaient, sans s'inquiéter, la robustesse du premier téléphérique. Plus vite à monter, plus de télémark et de christiania pour descendre …
Et par-dessus tout, j'ai admiré le courage de ces femmes et leur incroyable modernité par appétit du bonheur.

Vous l'aimerez aussi …
La politique nouvelle favorisant la famille moderne a démarré aux alentours de 1870. Les politiques, devançant les moeurs de l'époque à des fins cyniquement militaires, ont encouragé le mariage d'amour notamment en re-légalisant le divorce. La priorité donnée au bonheur de l'individu était en marche, aux côtés de la République et de la laïcité, et dans la paume des femmes.
Ecrit dans les années 50, Henri Troyat évoque pudiquement leur sensualité comme l'érotisme de leurs couples. Ce charme désuet, presque suranné, rajoute encore à l'ambiance toute nouvellement moderne. Car les hommes ignorent encore où les femmes les emmènent … "Ayant installé le sommier et le matelas, les hommes se retirèrent, abandonnant aux femmes le reste de la besogne, qui n'exigeait ni force, ni compétence." !
Cette citation illustre la délicatesse de cette oeuvre. Il n'y a, sincèrement, ni malice, ni mépris de la part des hommes. Il y a une époque qui change, radicalement …écrite par un homme qui " au matin de ma vie, (a) vu (ses) parents tout perdre sur un revers de destin, (qui a) retenu la leçon. (Il est) un homme d'ombre et de travail. »


A quelles autres oeuvres cela me fait-il penser ?
Pour compléter l'année 1914, j'ai pensé à Dans la main du diable, Anne-Marie Garat.
Pour compléter l'exode de 1940 et la traque des juifs, j'ai pensé à Suite française, Irène Nemirovsky.
Pour découvrir le panorama du point de vue du Québec, j'ai pensé à le Goût du bonheur, Marie Laberge.
Pour re-situer la famille dans l'histoire politique, j'ai pensé à Familles, je vous aime, Luc Ferry.

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