Je poursuis avec plaisir ma découverte de l'oeuvre de
Yoshiharu Tsuge grâce à cette belle anthologie très soignée qui couvre la période 1967-1968 et qui comporte douze histoires courtes. Après dix ans de travail de galérien pour les librairies de prêt, Tsuge est en pleine dépression. (voir
L'homme sans talent). Heureusement
Shigeru Mizuki qui a repéré son potentiel l'engage comme assistant. C'est alors que la revue d'avant-garde pour adultes « Garo » lui donne carte blanche et lui permet de révéler toute sa créativité.
Ces mangas sont très faciles à lire. Certains sont plutôt naturalistes mais d'autres mêlent le rêve ou le cauchemar à la réalité. Je pense surtout à la salamandre, un récit complètement iconoclaste avec une fin choquante. Les premiers récits de l'anthologie sont des micro-fictions, les derniers plutôt des carnets d'errance d'un double de l'auteur. Ils montrent souvent des personnages attachants mais un peu lâches se débattant avec la modernité. Ce sont des vagabonds, des parias, des vieux excentriques qui survivent dans des auberges thermales délabrées au milieu de nulle part. le coup de crayon est d'une grande précision, les décors magnifiques et toujours signifiants. Les douze récits sont suivis d'une postface très éclairante du traducteur
Léopold Dahan.
Il me tarde déjà de lire le volume 2.