« - Les vieilles sorcières pondent de bons oeufs » répliqua David.
Kukla se dit que le croate du jeune homme n'était pas aussi bon que ce qu'il lui avait semblé initialement. Qui sait d'où lui venait cette malheureuse expression…
- Je ne comprends pas ce que vous voulez dire par là ?!
- C'est un vieux dicton polynésien. Ça veut dire que que les vieilles femmes sont porteuses de bonnes choses. »
C'est un bien étrange roman que celui-ci. D'abord par sa construction : les deux premières parties relèvent entièrement de l'art du roman. Mais la troisième, et dernière, s'apparente à un volume de la série « pour les nuls » consacré au mythe de la sorcière Baba Yaga dans tous ses états. Evidemment j'ai appris bien des choses sur cet archétype féminin, présent dans les sociétés slaves mais aussi, dans des incarnations proches, tout autour du monde.
Si cette dernière partie est érudite, elle est tout de même rattachée aux deux parties romanesques qui précèdent avec des surlignages, parfois bien lourds, de ce qu'il nous a été donné de lire précédemment… Et c'est ce qui est dommage, car ce ton, entre rêve, cauchemar et poésie, tel que j'ai pu l'apprécier notamment dans la seconde partie, n'est plus du tout là dans le dernier tiers de ce livre original.
Il y a également de grands moments comiques dans la seconde partie. Nous suivons alors Pupa, Beba et Kukla, les trois vieilles dames indignes, dans un grand hôtel thermal tchèque. Elles ont cassé leur tirelire pour l'occasion, alors que leurs ressources sont maigres. Leur arrivée dans ce monde huppé va provoquer bien des accidents !
Je découvre
Dubravka Ugresic, autrice croate, avec ce roman. Mais je ne sais trop si je dois le recommander ou non. Si vous voulez tenter l'expérience, vous ne serez peut-être pas déçu, en tout cas pas par le style de la partie romanesque. Quant à moi je regrette encore de ne pas m'être arrêté à la fin de la seconde partie.