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Chloé Billon (Traducteur)
EAN : 9782267043778
441 pages
Christian Bourgois Editeur (29/04/2021)
3.53/5   55 notes
Résumé :
« Au premier abord, elles sont invisibles. Et puis, un beau jour, vous commencez à les remarquer. ».

Trois vieilles dames zagreboises s'offrent des vacances luxueuses dans un spa. Beba, une ancienne infirmière aux cheveux blonds et aux seins énormes, cite constamment des poèmes qu'elle n'a jamais appris et mélange ses phrases. Il est possible qu'elle gagne des milliers de dollars au Casino du spa. Kukla, une grande vierge élégante, autrice anonyme d'u... >Voir plus
Que lire après Baba Yaga a pondu un oeuf Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Baba yaga à pondu un oeuf est une étonnante découverte de Dubravka Ugresic. Elle est avant tout reconnue comme un auteur yougoslave, d'un père croate et d'une mère bulgare.
Cette reconnaissance en tant que yougoslave s'inscrit dans la bouche d'un de ses héros, un jeune bosnien à qui elle fait dire:
" Je suis comme l'ex-Yougoslavie, comme un ragoût à la bosnienne, je suis un peu de tout.
Cette défiance à l'égard de tous les nationalismes lui vaut d'ailleurs d'avoir été contrainte à l'exil.
Ce roman est un peu déroutant car il se compose de deux parties distinctes, et un espèce de glossaire plutôt, à mon sens réservé à un public ciblé qui voudrait tout connaître de ce qu'est une Baba yaga.
Après ces précisions, j'avoue avoir été enchantée par son écriture tendre et acide, dans la première partie du livre, elle raconte et décrit la vieillesse de sa propre mère, ses manies de vieille dame, ses obsessions et ses peurs. Cette première partie est littéralement savoureuse. Elle part, tel un "badal", une sorte de pèlerin, à la recherche des souvenirs du passé de sa mère à Varna, sur la côte bulgare.
Ce " périple" lui permet de croiser et décortiquer tous ces liens qu'on appelle la filiation et qui nous offre un véritable témoignage d'amour et d'affection.
La deuxième partie du livre nous conte, l'histoire de trois petites vieilles qui s'offrent un séjour dans un spa près de Prague. En lisant leurs aventures un peu déjantées, je songeais beaucoup au film : Grand hôtel Budapest. le destin croisé de ces trois amies et leurs progénitures méconnues ou mal connues disséminées dans le monde.
Au total, un livre inégal, mais à mon sens vaut le détour, ne serait-ce que pour cette formidable première partie.

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« - Les vieilles sorcières pondent de bons oeufs » répliqua David.
Kukla se dit que le croate du jeune homme n'était pas aussi bon que ce qu'il lui avait semblé initialement. Qui sait d'où lui venait cette malheureuse expression…
- Je ne comprends pas ce que vous voulez dire par là ?!
- C'est un vieux dicton polynésien. Ça veut dire que que les vieilles femmes sont porteuses de bonnes choses. »

C'est un bien étrange roman que celui-ci. D'abord par sa construction : les deux premières parties relèvent entièrement de l'art du roman. Mais la troisième, et dernière, s'apparente à un volume de la série « pour les nuls » consacré au mythe de la sorcière Baba Yaga dans tous ses états. Evidemment j'ai appris bien des choses sur cet archétype féminin, présent dans les sociétés slaves mais aussi, dans des incarnations proches, tout autour du monde.

Si cette dernière partie est érudite, elle est tout de même rattachée aux deux parties romanesques qui précèdent avec des surlignages, parfois bien lourds, de ce qu'il nous a été donné de lire précédemment… Et c'est ce qui est dommage, car ce ton, entre rêve, cauchemar et poésie, tel que j'ai pu l'apprécier notamment dans la seconde partie, n'est plus du tout là dans le dernier tiers de ce livre original.

Il y a également de grands moments comiques dans la seconde partie. Nous suivons alors Pupa, Beba et Kukla, les trois vieilles dames indignes, dans un grand hôtel thermal tchèque. Elles ont cassé leur tirelire pour l'occasion, alors que leurs ressources sont maigres. Leur arrivée dans ce monde huppé va provoquer bien des accidents !

Je découvre Dubravka Ugresic, autrice croate, avec ce roman. Mais je ne sais trop si je dois le recommander ou non. Si vous voulez tenter l'expérience, vous ne serez peut-être pas déçu, en tout cas pas par le style de la partie romanesque. Quant à moi je regrette encore de ne pas m'être arrêté à la fin de la seconde partie.
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Ils sont fous, ces slaves des Balkans !
D'abord Miodrag Bulatović et son « Coq rouge » ……entr'autres.
Émir Kusturica, ses films aux histoires déjantées
Et maintenant « Baba Yaga qui pond un oeuf »
C'est l'histoire hilarante de trois vieilles de l'ex-Yougoslavie en virée dans un grand hôtel tchèque.
L'une est minuscule en fauteuils roulant les deux jambes enfoncées dans une botte de fourrure, la deuxième a été veuve plus souvent qu'à son tour, la dernière a une poitrine si énorme qu'elle l'entraine de tout son poids vers l'avant.
Elles croisent un jeune Bosnien dont le sexe est en perpétuel garde-à-vous depuis l'explosion d'une grenade à Sarajevo et qui se fait passer pour un masseur turc et… d'autres personnages.
Elles peuvent, du premier coup, tuer un homme d'une balle de golf ou, faire sauter la banque du casino local.
« Et nous? Nous poursuivons notre route. Car tandis que la vie s'emmêle les pinceaux, l'histoire vogue vers le bleu des flots. »
………………
Le dernier chapitre du livre est un « Baba Yaga pour les nuls ». (Baba Yaga : la fameuse sorcière du folklore slave).
Où on apprend que le héros d'une des nombreuses histoires de Baba Yaga, un homme, « s'est retrouvé nez à nez avec un « Vagina Dentata », et, voyez-vous ça, il s'en est sorti vivant. »
Et l'on comprend pourquoi le corps d'une des vieilles, décédée, revient dans son pays, dans un oeuf.
Et le livre devient un brulot féministe hilarant et jouissif !!!
Mais aussi plein de tendresse pour cette Baba Yaga, hors langue, hors pays : sorcière, mais hors clan, mère qui peut manger sa fille, guerrière et ménagère, une dissidente de l'international des femmes et des grands-mères.
La petite doctorante bulgare du premier chapitre (eh oui ! il y avait un premier chapitre : celui des relations de l'autrice avec sa propre mère) s'avère piquante.
Elle règle ses comptes avec l'auteur, en exil elle aussi, qui dans la première partie, l'avait traité de folkloriste.
…………………………
Bien sûr on en profite pour relater incidemment l'histoire de ces pays aux langues multiples et diverses, aux alphabets multiples et divers.
Imaginez un homme ou une femme nés en 1928; leurs parents les inondaient de guerres contre l'empire austro-hongrois, les turcs.
Ils n'ont pas 20 ans lors des horreurs de la 2°guerre mondiale (voir le panier d'yeux dans « Kaputt » de C. Malaparte.) puis l'installation du communisme.
Lors de la chute du mur de Berlin ils passaient de peu 60 ans et viraient de la propagande des pays frères aux luttes effrénées de la publicité mondialisée.
Immigrés, exilés dans leurs propres pays. Ça fait beaucoup et différents « d'avant c'était mieux » !
Puis ils rentrent dans une autre monde : celui des vieux et se sentent doublement immigrés, exilés, triplement quand on est femme.
Bien sur ce n'est pas le chef d'oeuvre impérissable du siècle (et entre nous, je serais assez curieux de voir comment se passe le 2° quart du siècle actuel)
C'est un roman érudit, drôle et plein d'autodérision.
Ils sont fous ces slaves des Balkans et ils ont bien des raisons.
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Ce roman au titre et à la couverture évocateurs de la célèbre sorcière slave avait titillé ma curiosité lors de ma veille, à la bibliothèque municipale où je travaille. Je l'ai donc emprunté lorsqu'il est arrivé sur nos rayonnages.

En quatre jours, je l'avais lu ! 🙂 Baba Yaga a pondu un oeuf est un roman atypique. Il se divise en trois parties : dans la première, la narratrice (double de l'autrice) rend visite à sa mère restée à Zagreb, sa mère âgée dont la mémoire fuit et qui a besoin de l'aide de voisines pour subvenir à ses besoins. Sa mère, pour qui elle ira sur les lieux où la famille a vécu autrefois, pour raviver lien et souvenir. La deuxième partie – la plus longue – suit le trio mentionné sur la quatrième de couverture. Trois vieilles femmes en goguette – Pupa qui est impotente, Beba qui déprime et Kukla l'élégante – qui ont toute une vie derrière elles et qui, au fil de leurs aventures tragi-comiques, découvriront qu'elles ont encore toute une vie devant elle ! Enfin, la troisième partie est rédigée de la plume d'un personnage croisé dans la première partie, et nous dévoile tout le folklore lié à Baba Yaga, ainsi que la façon dont l'autrice a intégré ce thème dans son roman.

Baba Yaga est, bien sûr, une figure centrale dans ce roman. Elle n'apparaît pas en pleine lumière, mais cachée entre les lignes, dans des indices, des détails, des attitudes de personnages. de la même façon, l'oeuf du titre revient de façon récurrente au fil du roman, référence explicite à un conte qu'un personnage récite. Les contes slaves – dont Baba Yaga est issue – dansent là, entre les phrases, cachés derrière des petits détails que l'on se réjouit de saisir, tels des petits Poucets en promenade en forêt.

La vieillesse au féminin est aussi un autre thème central. Dubravka Ugresic dépeint, au fil des trois parties de son roman, différents aspects de ce troisième âge que notre société d'aujourd'hui a tellement en horreur qu'elle s'applique à bombarder les femmes de publicités pour cosmétiques rajeunissant. Être une femme vieille, c'est porter le double fardeau de son sexe et de son âge, dans un monde patriarcal. de fait, la troisième partie évoque sans fard cet aspect là. Son évocation de Baba Yaga m'a souvent fait penser à la section consacrée aux vieilles femmes dans Sorcières : la puissance invaincue des femmes de Mona Chollet.

Le ton varie au fil des pages : la première partie pourrait paraître empreinte d'une mélancolie, d'une certaine tristesse à voir la mère de la narratrice figée dans ses petits rituels. La seconde, avec ses personnages secondaires hauts en couleur, quitte doucement cette mélancolie pour une attendrissante tragicomédie. La dernière, enfin, sous son vernis d'essai, offre une analyse cinglante de la société, avec un féminisme marqué. Les pages finales sont d'ailleurs un délice que je vous laisse découvrir ! Elles m'ont donné l'impression de voir Baba Yaga là, près de moi, souriant largement. Un sourire à la fois chaleureux et menaçant. Un sourire de vieille sorcière. Un sourire digne de l'ambivalence du personnage. Un sourire qui rappelle ce qu'elle était, autrefois, et ce qu'elle pourrait être, à nouveau.

Enfin, on ne peut pas mettre de côté les témoignages de la nationalité de l'autrice, qui a connu certaines périodes troubles de son pays. Ses personnages, principaux ou secondaires, ont tous vécu les remous qui ont parcouru l'Histoire de leur pays. Pupa, dont le douloureux passé ne sera dévoilé qu'à la fin de la deuxième partie. le passage du communisme au capitalisme sauvage, qui a modifié le quotidien de bien des gens, et pas toujours selon leurs espérances, pour ceux qui se battaient pour la liberté. La guerre en Yougoslavie, avec le personnage de Mevludin, qu'une blessure de guerre afflige d'une érection permanente qui le handicape au quotidien. Les familles éclatées par l'Histoire.

Au final, Baba Yaga a pondu un oeuf est un roman qui reprend avec subtilité et justesse une figure célèbre des contes slaves, la mêle au thème de la vieillesse féminine et au passé mouvementé du bloc yougoslave et de son éclatement, un roman au style charmant pimenté d'un peu de gouaille, digne des conteuses les plus douées, un roman qui revisite les thématiques des contes slaves pour mieux les intégrer à notre monde contemporain.

Un roman que je me suis régalée à lire, qui m'a fait m'interroger sur mon propre rapport à la vieillesse – après tout, personne ne peut échapper au cours du Temps ! – et qui m'a rappelé des lectures sur la figure de la sorcière. Je vous le recommande chaudement ! :)
Lien : https://lullastories.wordpre..
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Nous avons souvent lu l'histoire effrayante de Baba Yaga avec mes filles (dans une magnifique version illustrée de Rebecca Dautremer et Taï-Marc LeThan) et je n'avais retenu que la méchanceté de ce personnage féminin, son isolement aussi dans son isba reposant sur des pattes de poulet, et la menace que cette mangeuse d'enfant fait peser sur la petite Miette, qui échappe de peu au bain de légumes préparé pour elle par l'ogresse.

C'est donc avec curiosité (et un peu d'appréhension) que je suis entrée dans le texte de Dubravka Ugresic, et qu'est-ce que je m'y suis plue! Dans l'imaginaire de l'autrice croate, Baba Yaga s'incarne dans plusieurs personnages de vieilles dames aussi insupportables que délicieuses. Elles sont intrépides, indépendantes, drôles et aussi toquées que le modèle des contes. J'ai trouvé que chacune des femmes des deux premières parties de ce récit-gigogne facétieux est représentée avec élégance et intelligence par Ugresic.

Si j'ai aimé la première partie plus intime puisqu'elle met en scène un personnage d'autrice et sa relation avec sa vieille mère têtue qui perd un peu la boule, j'ai particulièrement adoré le second récit, celui de trois copines d'un âge avancé qui partent prendre du bon temps dans un hôtel spa en Tchéquie et rencontre une galerie de personnages plus détonnants les uns que les autres (le masseur Mevlo demeure mon préféré) . Et que dire de la 3e partie, un traité de "babayagalogie" absolument délicieux et passionnant, qui remet en perspective aussi bien la figure de Baba Yaga, que celle de la sorcière en général, pour nous parler de la place de la femme, et particulièrement de la femme âgée, dans nos sociétés, et éclaire avec malice et fantaisie le jeu de détournement orchestré par l'écrivaine dans les chapitres précédents. Et puis il y a une enthousiasmante jubilation de la langue, du jeu de mots, du cocasse dans ce texte, merveilleusemen traduit par Chloé Billon.
Un récit joliment loufoque!
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critiques presse (2)
LeDevoir
22 juillet 2021
Dubravka Ugrešić, née en 1949, à Kutina, en Croatie, nous offre un roman à la fois comique et profond sur le vieillissement féminin.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LeMonde
29 avril 2021
L’écrivaine en exil, d’origine croate, fait une place de choix aux femmes âgées dans un grand roman de l’après (après la jeunesse, après l’écroulement des valeurs), drôle et féministe.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Elles roulent à côté de vous comme un tas de pommes fripées. Elles marmonent dans leur barbe, discutant avec leurs interlocuteurs invisibles comme des Indiens. Elles prennent le bus, le tram et le métro comme des bagages oubliés : elles dorment la tête posée sur la poitrine ou restent aux aguets, se demandant à quelle station il faut descendre et s'il faut descendre tout court. Parfois, vous vous arrêtez un instant devant les maisons de retraite et vous les observez à travers la baie vitrée : assises à table, elles passent les doigts sur des restes de miettes de pain comme sur du braille et envoient à quelqu'un leurs messages incompréhensibles.
Commenter  J’apprécie          180
Le D. Topalanek, en créant son nouveau soin relaxant, s’était souvenu de sa grand-mère, chez qui ils allaient déjeuner tous les dimanches. La grand-mère, de peur de manquer de temps, commençait à préparer le déjeuner dès le matin, et quand la famille Topalanek arrivait, tout avait déjà refroidi sur la table. Chaque dimanche, sa grand-mère était dans tous ses états, et chaque dimanche, son père la consolait…
« Allons, Agneza, calme-toi, tu sais bien toi-même qu’il n’y a rien de meilleur que les boulettes froides et… la bière chaude ! »
………………………….

Moi, Aba Bagay, je fais partie des »prolétaires », de l’internationale des babas, oui, je suis ELLE LA-BAS !
Quoi, ne me dites pas que ça vous étonne ? Vous auriez pu vous y attendre, vous n’êtes pas sans savoir que les femmes sont passées maitres dans l’art de la dissimulation, enseigné par des siècles de vie dans la clandestinité, elles ont acquis toutes les compétences nécessaires à la survie : d’ailleurs, ne leur a-t-on pas dit dès le début qu’elles étaient nées de la cote d’Adam et n’étaient sur cette terre que pour porter les enfants d’Adam. Adieu, Monsieur l’éditeur. Bientôt je troquerai la langue des hommes pour celle des oiseaux…en signe de bonne volonté je vous laisse une de mes plumes. Prenez-en bien soin. Non en souvenir de moi mais pour qu’elle vous rappelle cette épée sous l’oreiller de Baba Yaga endormie…..
………………
Commenter  J’apprécie          50
« Alors que les hypocrites d’aujourd’hui, qui se scandalisent du caractère primitif des us et coutumes d’antan, terrorisent leurs vieux sans une once de remord. Ils ne sont capables ni de les tuer, ni de s’en occuper, ni de leur construire des institutions dignes de ce nom, ni de leur proposer un personnel spécialisé convenable. Ils les laissent dans des mouroirs, dans des maisons de retraite où, s’ils ont des relations, prolongent leur séjour dans les services de gériatrie, dans l’espoir que les vieux casseront leur pipe avant qu’on ne remarque que leur hospitalisation était superflue. Les Dalmate sont plus tendres avec leurs ânes qu’avec leurs vieux. Quand leurs ânes vieillissent, ils les emmènent en barque sur des îles inhabitées, où ils laissent mourir. »
……………………………..
Oui, l’homme avait conçu un terrible appétit pour la vie. Depuis qu’il était devenu certain qu’aucune autre vie ne l’attendait dans les cieux, que les critères d’obtention d’un visa pour l’enfer ou le paradis était pour le moins fluctuant, et que se réincarner en sanglier ou en rat n’était pas précisément le gros lot, l’homme avait décidé de rester là où il était autant que faire se peut, ou, autrement dit, de mâcher le chewing-gum de sa vie le plus longtemps possible, en s’amusant à faire des bulles au passage. À en croire les statistiques, la différence était vraiment impressionnante au début du XXe siècle, la durée de vie moyenne tournait autour de quarante-cinq ans, à la moitié du siècle, elle avait grimpé à soixante-six ans, pour atteindre aujourd’hui, au tout début du vingt-et-unième siècle, le chiffre honorable de soixante-seize ans, en cent ans seulement, les êtres humains avaient prolongé leur durée de vie de presque cinquante pour cent.
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Avec la disparition de toutes les idéologies, l'imagination humaine n'avait plus que le corps comme refuge. Le corps humain est le seul territoire que son propriétaire peut contrôler, amaincir, réduire, agrandir, modeler, renforcer et conformer à son idéal...
Oui, Mr Shake trayait avec succès les mamelle d'une obsession.
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Oui, l’homme avait conçu un terrible appétit pour la vie. Depuis qu’il était devenu certain qu’aucune autre vie ne l’attendait dans les cieux, que les critères d’obtention d’un visa pour l’enfer ou le paradis était pour le moins fluctuant, et que se réincarné en sanglier ou en rat était pas précisément le gros lot, l’homme avait décidé de rester là où il était autant que faire se peut, ou, autrement dit, de mâcher le chewing-gum de sa vie le plus longtemps possible, en s’amusant à faire des bulles au passage. À en croire les statistiques, la différence était vraiment impressionnante au début du xxe siècle, la durée de vie moyenne tournait autour de quarante-cinq ans, à la moitié du siècle, elle avait grimpé à soixante-six ans, pour atteindre aujourd’hui, au tout début du vingt-et-unième siècle, le chiffre honorable de soixante-seize ans, en cent ans seulement, les êtres humains avaient prolongé leur durée de vie de presque cinquante pour cent.
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[Dubravka Ugresic : Le ministère de la douleur]
Dans les locaux de la Fondation Deutsch de la Meurthe à la Cité Universitaire Internationale de Paris, Olivier BARROT présente le roman de Dubravka UGRESIC "Le ministère de la douleur". Dans ce livre, l'écrivain croate traite de la question de l'exil et du rapport à la langue maternelle dans un pays étranger.
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