Nicolas Ungemuth est un auteur d'une érudition absolue en matière de musique populaire. J'aime toujours le lire. Ses chroniques sont d'une précision rare, soit le contraire du gloubiboulga approximatif et parfois erroné du très médiatique
Philippe Manoeuvre - qui signe la préface et fut son rédacteur en chef à
Rock n' Folk - et le plus souvent, admirables. J'ai reconnu quelques bribes de ces chroniques réutilisées dans plusieurs passages de ce "Roman du
Rock", et pourquoi pas? Elles sont bien écrites, et tout le monde ne les a pas lues dans
Rock n' Folk ou ailleurs à leur sortie... Nicolas a du style. Il est aussi souvent très drôle même si parfois un peu gratuitement cruel : tacler sur le physique des musiciens est un de ses tics un peu faciles (ici, les Stones vieillissants ou Robert Smith replet ; ailleurs, beaucoup d'autres).... C'est un auteur très entier : on sait qu'il apprécie
Lester Bangs, il a donc de qui tenir. le problème majeur d'
Ungemuth, pour le lire depuis des années, réside dans sa posture d'esthète total, ses avis péremptoires sur ce qui serait le meilleur d'un groupe/artiste, ce qui, d'après lui, est crucial et secondaire dans l'histoire du
rock (tout le livre repose sur cela, même si ne sont abordées ici que des grosses "têtes d'affiche" accessibles et pas certains des héros plus obscurs que l'auteur a fait découvrir à ses lecteurs), son "trop bon goût", comme ici, par exemple, quand il décrit ce qui l'a formé musicalement pendant ses jeunes années... Je n'y crois pas - ou en tout cas, pas totalement. Je me méfie des gens au "trop bon goût" : le jeune
Nicolas Ungemuth, mélomane autodidacte comme il le raconte lui-même, a forcément, aussi, eu des casseroles, écouté et aimé des choses officiellement "moins bien", et tout cela fait partie d'un cheminement musical propre et aventureux. Ce serait tout à son honneur, moins snobinard (et sûrement très drôle sous sa plume...) de dire ce qu'il a pu écouter d'un peu craignos en même temps que les révérés Jam ou Pistols, de révéler ses élans un peu moins dandy...D'ailleurs (petit aparté : ce n'est pas dans ce livre), Nicolas a encensé certains artistes contemporains dans les années 90 (dont un de mes groupes favoris de tous les temps) avant de totalement les mépriser, les rabaisser pour les mêmes disques/la même période par la suite. Arrangement opportuniste/commercial entre maisons de disques et journaliste musical pour assurer la promotion de certains disques, retournement de veste, ou révisionnisme d'un auteur voulant être impeccable à tout prix? Un peu des trois? Il s'est souvent contredit au fil des années sur un même album, un même artiste et leur valeur supposée...
J'ai relevé pas mal de coquilles dans les titres de chansons mais cela relève plutôt d'un mauvais travail de relecture de l'éditeur...C'est dommage, si on considère le style d'écriture rigoureux d'
Ungemuth et son exigence dans ses goûts musicaux (!). Quant à la couverture, car, mine de rien, le packaging, ça compte tout de même, avec ces Who majestueux période Mod, elle est tout simplement superbe.