Le destin croisé de deux jeunes femmes, liées par une tragédie . »
Landfall « est le premier roman de l'américaine
Ellen Urbani, publié aux éditions Gallmeister dans la collection Totem en 2018.
En 2005, au lendemain du passage de l'ouragan Katrina sur la Nouvelle-Orléans, Gertrude et Rose Aikens chargent la voiture de vivres et de manteaux en direction du centre de la Croix-Rouge. Si Gertrude semble exigeante et ne se laisse pas aller facilement aux sentiments, c'est pour que sa fille ne reproduise pas les mêmes erreurs qu'elle.
p. 15 : » Elle n'attendait pas seulement de Rose que celle-ci s'en sorte, elle attendait que sa fille vive ses propres rêves avortés. «
Se chamaillant inlassablement, elles heurtent accidentellement une jeune femme noire sur le bas côté de la route. Gertrude est également tuée sur le coup.
p. 31 : » Avant que Gertrude ne l'arrête, avant que Gertrude ne la tue, Rosy avait parcouru près de neuf cent cinquante kilomètres en moins de soixante-douze heures et remercié le ciel chaque minute d'avoir pensé à prendre une paire de baskets au moment de sa fuite. «
Désormais seule et prise de culpabilité, Rose décide de retrouver la famille de la victime, Rosy, afin qu'elle ne tombe pas dans l'oubli.
p. 146 : » Il y avait une mère à qui Rose devait des réponses. Une solitude qu'elle pouvait prévenir. Elle découvrirait l'identité de la fille morte ; elle la ramènerait chez elle. «
S'ensuit alors une enquête sur les derniers jours de vie de cette jeune femme noire.
p. 58 : » – Elle appartient à quelqu'un, n'est-ce pas ? […] Tout le monde appartient à quelqu'un. Tout le monde vient de quelque part. «
Seuls indices retrouvés sur elle : une carte de visite, un reçu du City Cafe et une page d'annuaire déchirée à la lettre A… La bienveillance de l'inspecteur McAffrey va se révéler indispensable dans la reconstruction de Rose.
p. 52 : » Les gamins, c'était sa cause sacrée. «
La construction habile alterne les chapitres consacrés à Rose et à Rosy, toutes deux élevées par une mère célibataire, dont l'une est atteinte de maniaco-dépression, amène petit à petit le lecteur à découvrir le lien qui unit justement les deux jeunes femmes.
p. 276 : » Plus elle se rapprochait de la famille de Rosy, plus elle se retrouvait confrontée à la sienne. «
Les fhash-backs retracent le drame de Katrina, vu par ses survivants, au coeur de l'impuissance des autorités.
Mais le lien très fusionnel qui unissait Rosy à sa mère Cilla, lui a donné la force de surmonter les difficultés. Loin de connaître l'insouciance des jeunes de son âge, elle s'était murée dans les études, tout en soutenant une mère malade. Jusqu'à ce tragique accident, Rosy aura traversé plus d'épreuves en dix-huit que n'importe qui en une vie entière, conservant un instinct de survie et de vie hors du commun.
Un premier Roman puissant et bouleversant. La narration est profuse et l'écriture intense. Sans commisération,
Ellen Urbani nous embarque au coeur du drame, dans une Amérique en proie à ses vieux démons. Contrastant littéralement avec l'unité qu'avaient suscité les attentats du 11 septembre, l'ouragan Katrina a soulevé violence et racisme. Si les protagonistes sont toutes des femmes, elles démontrent leur ténacité et leur force. Même si ce roman reste une fiction, il n'en reste pas moins le témoignage d'une Amérique dépassée et impuissante. Une auteure à suivre !
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