Grâce à
Gabrielle Danoux, traductrice, rencontrée sur Babelio, je poursuis ma découverte de la littérature roumaine avec
Dans les Bucegi de
Nestor Urechia, un livre publié au début du XXème siècle et réédité en 2017 dans cette nouvelle traduction.
Les Bucegi sont une ramification des monts Carpates, en Roumanie.
Il s'agit ici pour l'auteur « de faire connaître au moins un coin de [son] beau pays que les Roumains méconnaissent tant et que les étrangers ne connaissent pas du tout ». Quelque part, c'est aussi une déclaration d'amour à la France, en particulier aux Vosges, comme à des cousines lointaines des Carpates.
Un jeune citadin, Mircea Trestaniu, découvre cette région en la parcourant avec un vieil ami de son père, Andrei Jnepeanu. La chronologie suit les saisons, de l'automne à l'été, dans une fausse continuité puisque plus d'une année s'écoule entre le début et la fin du récit.
Dans la première partie, la narration est très descriptive, avec beaucoup de détails, heureusement ponctuée de dialogues, ce qui rend le récit plus vivant. le ton est parfois un peu désuet, très lyrique, et il m'a fallu un peu de volonté pour rester plongée dans ma lecture, que je mettais souvent en pause…
Et puis, j'ai fini par m'imprégner du lieu, les Bucegi devenant presque un personnage à part entière et, suivant cette clé de lecture, j'ai décidé d'apprécier la balade et le dépaysement.
La deuxième partie marque une rupture : Andrei donne à lire au jeune Mircea les mémoires de son père, un Français d'origine noble contraint à se réfugier au coeur des Bucegi. Ce journal est à la fois récit de voyage, puis de cavale, et, enfin, d'installation
dans les Bucegi. Personnellement, j'ai apprécié certains détails, équestres notamment, et géographiques, dans la comparaison des Carpates roumaines et des Vosges françaises.
Ce récit enchâssé a le mérite d'ancrer le livre dans une certaine réalité historique, celle de la Révolution française et de la persécution de la noblesse. Peu à peu, même si la tonalité narrative dominante rejoint parfois celle du début, descriptive, à la limite du documentaire ou du guide de voyage, elle s'apparente le plus souvent à celle d'un roman d'aventures, d'une autobiographie ou encore d'un testament avec des péripéties, des rencontres, la découverte d'un trésor, un mariage, des deuils, des jalons historiques, des conseils et préceptes...
Si les tonalités de la troisième partie demeurent très narratives et descriptives, avec de beaux accents lyriques, le récit s'inscrit dans un écrin épistolaire… Andrei écrit à Mircea et lui raconte, par le menu, l'ensemble de ses activités et observations hivernales. Au lieu de répondre à ses lettres enthousiastes, le jeune homme lui fait la surprise de revenir le voir.
Dans une certaine circularité, les deux amis se retrouvent encore une fois dans une auberge puis visitent la région ; seule la saison a changé, l'automne faisant place au printemps. Pendant les journées pluvieuses, Andrei complète le journal de son père en faisant à Mircea le récit des évènements qui ont suivi sa mort. Les intempéries présentes allégorisent les temps difficiles et les invasions subies par la Roumanie.
Puis, nous suivons une partie de chasse, enrichie de souvenirs de rencontres animales passées et une belle excursion dans les montagnes, émaillée d'histoires et de légendes.
Enfin, la correspondance reprend après le départ du jeune homme.
Plus tard, Andrei écrit à nouveau à Mircea pour lui narrer par le menu l'année écoulée depuis son précédent séjour ; puis l'étudiant revient pour préparer sa licence dans ces montagnes qu'il a appris à aimer. La quatrième partie s'annonce donc pleine de redites et de redondances… Pourtant, l'écriture est toujours fluide et agréable, l'ambiance bucolique ou soumise aux intempéries ; les promenades champêtres alternent avec les ascensions périlleuses... Je me suis laissée portée, profitant des paysages et d'une certaine montée en puissance dans l'exploration des lieux.
Encore une fois, avec cette lecture, je mesure la difficulté des enjeux de la traduction.
Dans les Bucegi est un récit très détaillé, avec beaucoup de mots précis, noms de fleurs ou de particularités géographiques, termes particuliers ; je vous laisse découvrir ce que sont les « sangles » des Bucegi…
Gabrielle Danoux a fourni un travail documenté, ciselé ; ses notes de bas de pages enrichissent la lecture.
Je dois avouer, en toute honnêteté que j'ai trouvé cette lecture un peu répétitive et que j'ai dû persévérer pour en venir à bout… Je ne regrette pas cet effort de volonté qui m'a permis de vivre une parenthèse montagnarde.
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