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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Trouble un roman très émouvant et bouleversant, la plume d'Helene Uri m'a tout de suite séduite et touchée.
Marianne et Karsten forment un couple bien sous tout rapport, heureux parents de deux enfants, Elise, 10 ans, prénommée« comme le personnage principal des Rêveurs de Knut Hamsun » et Henriette, 8 ans .

Issus de catégories sociales différentes, tous deux ont un bon job: Marianne est employée dans la plus ancienne banque norvégienne depuis ses 18 ans et Karsten est philologue, professeur de littérature à l'université d'Oslo. Une famille dont chaque protagoniste a beaucoup d'imagination, une famille où les livres sont rois, une famille où la ligne entre fiction et réalité va se brouiller, se troubler au fil des instantanés et des reflux des souvenirs de chacun. le regard d'une tierce personne incarné par un magistrat de renom suffira-il a dessiner les contours d'une vérité consensuelle ?

D'une main de maître Helene Uri en jouant de différentes unités temporelles et de profils psychologiques très fouillés construit sous nos yeux la scène d'un drame familial où les protagonistes se déplacent sur l'échiquier du coeur tout en noyant le lecteur dans l'incertitude.
Très vite Trouble devient alors un voyage dans une tourmente affective, l'exploration d'une histoire familiale, j'ai envie de dire l'orogenèse d'une famille, de sa naissance à sa maturation, de sa construction à son implosion car dans Trouble le ciment unificateur qu'est l'amour va voler en éclats avec une violence inouïe et faire s'effondrer la montagne de bons sentiments. Les conséquences en seront des ravages irrémédiables.

Un drame familial qui met sous tension le lecteur par le biais des différents angles de vue des acteurs: doutes, soupçons, suspicion, mensonges, réalité déformée, le lecteur est à son tour troublé et devra prendre son mal en patience pour connaître la vérité.
Un roman très riche qui interroge sur le couple et l'amour filial.
Un véritable tour de force, Helene Uri avec subtilité, sensibilité et intelligence nous trouble et nous emmène très loin.
Une très belle découverte.
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Voici un roman que j'ai beaucoup aimé, mais vraiment très dérangeant, et qui porte son titre à merveille.

Quand meurt Karsten Wiig, c'est un bien piètre cortège qui l'accompagne dans sa dernière demeure. Peu de monde, et des gens qui ne semblent pas vraiment proches de lui. A l'instar du très célèbre magistrat Edvard Frisbakke, maintenant un homme âgé, mais qui a combattu des années durant contre les injustices et surtout est devenu célèbre dans ses procès contre les personnes accusées de pédophilie.

Ce n'est qu'au cours du récit de la vie de Karsten qu'on comprend la présence du vieux magistrat. Karsten a été marié et très amoureux de son épouse Marianne. Ils ont eu deux petites filles, dont le papa était totalement gaga. Mais, comme de nombreux couples, la vie, la routine, la fatigue et les contraintes dues au travail ou aux enfants dont il faut s'occuper va éloigner les deux époux l'un de l'autre, jusqu'à ce que Karsten ait une liaison. Bien banal, me direz-vous. Oui. Sauf que Marianne ressent que quelque chose cloche, qu'il faut parler, mettre le holà à ce délitement lent et insidieux qui chaque jour sépare un peu plus le couple. Quand elle apprend que son mari l'a trompée, elle devient folle de rage. Elle le flanque dehors et se rue alors chez l'homme de loi. Pourquoi lui ? Pourquoi pas un bête avocat pour un divorce classique ? Parce que Marianne a perdu la confiance de son époux et qu'elle est taraudée par des doutes. Des doutes qu'elle ne peut mettre en mot, mais qui deviennent des obsessions. Et si ?

Et si le père avait eu un comportement dénaturé avec ses filles ? Une fois la question clairement posée par Frisbakke, impossible de revenir en arrière. Il est comme un chien à qui on aurait donné le plus bel os à ronger et ne le lâchera pas avant de s'y être fait les dents. Il va vouloir attaquer, mordre, faire mal et vaincre. D'autant plus que le sujet le mine depuis son enfance, et qu'il en fait son cheval de bataille, alors que c'est une croix qu'il porte. C'est un combat qui s'engage, dans lequel le père n'a plus son mot à dire, dans lequel il est reconnu coupable. Marianne ne peut pas non plus faire machine arrière, et ne peut empêcher son esprit de revenir sur tous les moments passés en famille, pour les ausculter à l'aura de cette révélation : les bons moments passés deviennent des moments pervers, chaque geste de son ex-mari est décortiqué, analysé et catalogué comme étant suspicieux. Seule Barbara, sa maîtresse de Karsten chez laquelle il s'est réfugié est prête à le croire, et elle seule va le soutenir tout au long de sa vie, même si vers la fin le doute l'assaille aussi, parfois.

C'est le doute inverse qui empêche Edvard de dormir, nuit après nuit. Au fil des ans qui passent, le juge n'est plus si sûr de son jugement et accepte tant bien que mal l'idée d'une possible erreur judiciaire. Mais Karsten est coupable à vie, parce que marqué du sceau de l'infamie. Coupable aux yeux de tous, si bien que parfois il ne sait plus bien qui il est vraiment, ni si son comportement n'a pas, effectivement, parfois dérapé… Même absout par la justice, il gardera sur lui le parfum de la prison et le regard des gens qui le transperce, le tue.

Malgré cela, cet homme seul essaie de reconquérir ses filles, de renouer le dialogue, de les revoir, leur parler. Il voudrait pouvoir se racheter, à défaut d'effacer le passé. Mais même les petites filles devenues grandes ne réagissent pas de la même manière à leur passé, et face à leur père…

Un sujet qui fait frémir, bien sûr. D'autant plus qu'ici tout n'est que non-dits, allusions. Tout est trouble justement, et on ne sait jamais vraiment qui croire. le père est-il un abominable salaud qui a abusé sexuellement de ses filles ? La mère fabule-t-elle ? Quelles sont les preuves ? Chacun des personnages ressent ce drame avec sa propre perception et on ne peut dire vraiment qui a tord ou raison, puisque chacun d'eux est honnête avec lui-même. On comprend tour à tour leur position, même si elle est incompatible avec celle d'un autre membre de la famille.

C'est une tragédie que vivent ces gens-là, et le fait de savoir après tout si tout cela a bien été réel ou pas n'a même plus d'importance, des années plus tard. Tous ont été marqués de cette accusation, tous en ont souffert et aucun d'eux ne pourra passer outre et l'oublier. Reste, pour certains, ce trouble, au fond du coeur…

Un livre magnifique sur un sujet difficile, mais qui réussit brillamment à ne jamais tomber dans le pathos ou le voyeurisme, à garder toujours une pudeur face à ces personnages détruits. A lire !

Lien : http://liliba.canalblog.com/..
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Paru en juin dernier, "Trouble" est le premier roman traduit en français de la romancière norvégienne Helene Uri.

Tout avait commencé par une dispute de couple. Agacée par l'indifférence de son mari, Marianne avait confronté Karsten et réussi à lui faire avouer qu'il avait, durant leur mariage, connu 4 maîtresses dont Barbara, une femme de 10 ans sa cadette qu'il fréquentait depuis un an.
Marianne s'était sentie trahie et lui avait dès lors annoncé sa ferme intention de le quitter.
Karsten s'y était refusé, principalement par crainte de se voir séparé de leurs deux filles, Henriette et Elise.
Les choses s'étaient ensuite précipitées. Marianne avait commencé à douter du genre d'amour que son mari nourrissait à l'égard de leurs filles.
Elle était allée voir Edvard Frisbakke, procureur spécialisé dans les affaires d'abus sexuel de mineurs, qui l'avait convaincue de faire procéder à des examens des deux fillettes.
Le monde de Marianne s'effondra en découvrant les avis unanimes des experts.
Comment avait-elle pu aimer un homme qui en plus de la tromper à maintes reprises, s'en était aussi pris à leurs filles qu'il disait tant aimer ?
Vingt ans plus tard, à l'enterrement de Karsten Wiig, chacun examine ses sentiments pour le défunt à la lueur des événements passés...

Après avoir découvert le résumé de ce roman, je m'attendais à y trouver quelque secret de famille enfoui et, dans la mesure où l'on faisait mention d'un roman "dérangeant", je m'attendais à des révélations de taille.
"Trouble" est un roman terrible en regard de sa thématique de fond - l'inceste - mais également en raison de l'erreur judiciaire sur laquelle il lève le voile au fil du récit.
Le point fort de ce roman est qu'il ne délaisse aucun personnage.
Le procureur Edvard Frisbakke apparaît comme un homme droit dans ses bottes, toujours prompt à faire en sorte que justice soit faite et qui met un point d'honneur à faire condamner tous les hommes suspectés de pédophilie.
Pourquoi tant d'acharnement ? Sans doute parce qu'il porte en lui un lourd secret qui le pousse à se faire pardonner en faisant le bien autour de lui.
Marianne Wiig est une femme accablée par la trahison de son mari et une mère qui culpabilise de ne pas avoir su protéger ses filles d'un père "trop aimant".
Elise est sa fille cadette dont le témoignage sans équivoque a contribué à la condamnation de son père. Henriette, elle, a toujours douté de la culpabilité de son père dont elle ne garde que des souvenirs heureux.
Quant à Karsten Wiig, c'est un homme brisé qui souffre au jour le jour d'être relégué à un monstre et de ne plus pouvoir être un père pour ses filles. Il a toujours clamé son innocence et espère, après avoir purgé sa peine, pouvoir reprendre contact avec elles.

"Trouble" évoque les retombées d'une erreur judiciaire sur plusieurs êtres, tous persuadés de détenir la vérité et possédés par un lourd sentiment de culpabilité.
Le sort fait à Karsten Wiig fait l'effet d'un drame révoltant. Mais comment reprocher à sa femme de vouloir aller au bout des doutes qui l'envahissent ? Comment en vouloir à sa fille de tenir pour vrai des souvenirs fermement ancrés dans sa mémoire d'enfant ?
"La vérité sort de la bouche des enfants" dit-on. Mais comment leur accorder tout crédit sachant que la confusion, l'imagination ou l'interprétation peuvent parfois s'immiscer dans leurs déclarations ?
Difficile de ne pas penser à l'Affaire d'Outreau dont les enfants ne furent pas les seules victimes.
En cela, "Trouble" pointe du doigt un système judiciaire poussif capable de transformer un père tendre en pédophile, en construisant une culpabilité sur base d'éléments contestables.

"Trouble" est un roman percutant, dérangeant par les interrogations qu'il sous-tend, brillant pour la fine analyse psychologique de ses personnages.
Porté par un rythme lent, partagé entre doux souvenirs d'enfance et destins brisés, le récit laisse le temps au lecteur de se faire un avis sur chacun en toute objectivité car Helene Uri a choisi d'abandonner tout jugement moral à leur égard.
Un roman qui me marquera longtemps et que je recommande à tous ceux que le thème de fond ne rebute pas !
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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Rarement livre n'aura aussi bien porté son nom.
La quatrième de couverture garde et entretient le mystère sur l'histoire. Lorsqu'on fait connaissance avec ses personnages, Karsten Wiig vient de mourir. Professeur passionné, il a vu quelques années auparavant sa vie basculée. Tout a commencé alors qu'il avoue à sa femme lors d'une dispute l'avoir trompé à plusieurs reprises. Leur couple qui déjà battait de l'aile ne résistera pas à cet aveux; Marianne sa femme blessé perd toute confiance et se raccroche à leurs enfants qui malgré eux servait de ciment à ce qui restait du couple. Après de nombreuses hésitations, elle prend contact avec Edvard Frisbakke célèbre magistrat. La machine judiciaire se met en place, Karsten Wiig est arrêté, puis condamné pour attouchements sexuels sur ses deux petites filles.

Avec la révélation du pire, le doute s'installe et le ''Trouble'' s'installe dans l'esprit du lecteur. On n'ose y croire et le flou volontaire sur certains passages ne fait qu' entretenir notre questionnement. On ne peut rester indifférent face à tant de vie détruite, non seulement il y a cet homme Karsten, sa femme, les adultes qui les côtoient mais aussi et surtout les enfants. On n'ose tellement pas y croire qu'on se réfugie dans l'idée qui n'en n'est guère plus douce, que les enfants affabulent.
Attention Helene Uri ne prend nullement partie, elle ne nie rien et certainement pas le traumatisme des enfants victimes d' agression sexuelle de la part d'un proche ou d'un simple inconnu.

Trouble est un roman qui porte bien son nom. Oui, cette lecture est troublante, on en ressort troublée, désarçonnée, révolté, gênée...etc Tout sauf indifférent. Helene Uri nous fait passer par tout les sentiments. C'est un roman dont le sujet peut mettre mal à l'aise plus d'un lecteur, l'histoire est difficile, poignante. Elle est cependant traité avec une force et une délicatesse incroyable.
On est pris au coeur, au corps, bouleversant. Une lecture dont on ne ressort pas indemne.
Lien : http://des.cases.a.vents.ove..
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