Quoi de mieux qu'un livre qui réussit en quelques heures à vous faire voyager de l'autre côté de la planète, à vous faire côtoyer des personnages qui ont tout quitté pour l'Inde mythique, celui des gurus plus grands que nature. Se perdre au bout du monde pour trouver sa voie, quoi de plus romanesque?
Le Poona Party dont il est question ici n'est pas une secte, mais plutôt un petit cercle de libres penseurs rassemblés autour du gourou Rajnesh (aujourd'hui mieux connu sous le nom d'
Osho) dans son ashram de Poona vers la fin des années 1970. C'est là qu'Andrée Ricard se fera « initiée », devenant disciple rebaptisée du nom de Ma Kaliga par le guru lui-même, celui-ci lui révélant par le fait même sa vocation en ce bas monde. Un destin sous le signe de Kali, déesse indienne du temps, de la destruction, de la mort, mais aussi mère créatrice et protectrice des dévots.
Ce qui séduit dans cette histoire, c'est la manière dont le surnaturel accompagne le réel, lui donnant en quelque sorte le lustre merveilleux des contes de fées. Mais un conte de fées version new age, avec sexe tantrique, expérience de rebirth, méditation dynamique et machine à voyager dans l'arc-en-ciel cosmique. On découvre dans ce livre quelque chose comme un univers parallèle accessible uniquement aux excentriques. Et dire que cette histoire est inspirée de faits vécus, et que derrière le nom de Sainte-Lucie-des-Laurentides se cache la ville de Sainte-Adèle…
Dans un style sans fioritures, s'attardant plus aux faits qu'aux états d'âme,
Yves Vaillancourt arrive à nous captiver du début à la fin. Et quand la fin arrive, on se surprend à ressentir la déception. Mais laquelle? Déception d'une conclusion peu satisfaisante centrée sur des personnages secondaires, ou déception que ce soit déjà fini? En retournant la dernière page, on se dit qu'on en aurait bien pris encore un peu plus.