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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le BEPC ! Brevet d'Etudes Primaires des Collèges, mon BEPC. Voilà qui ne va rajeunir personne : c'était en 1972… et « L'insurgé » de Jules Vallès fut mon « livre de prix » (offert en Livre de Poche par l'Entente Scolaire Intercommunale de Tourlaville - Bretteville - Digosville - La Glacerie – le Mesnil au Val) à l'occasion de mon brillant succès aux épreuves du dit Brevet cette année là.

Mais revenons à nos moutons…
« L'insurgé », donc… Troisième volet de la trilogie de Jacques Vingtras, ouverte avec « L'Enfant » et poursuivie avec « le Bachelier » ; publié chez Charpentier en 1886 après avoir paru initialement en 1885 (l'année de « Germinal » du grand Zola) dans les journaux « La Nouvelle Revue » et « le Cri du Peuple ».

« AUX MORTS DE 1871
À TOUS CEUX
qui, victimes de l'injustice sociale,
prirent les armes contre un monde mal fait
et formèrent,
sous le drapeau de la Commune,
la grande fédération des douleurs,
Je dédie ce livre. »

Le ton est donné. Vallès entreprend de nous raconter la Commune de Paris dans toute sa grandeur mais aussi dans toute sa cruauté. On verra son héros, Jacques Vintgras, l'écrivain Vingtras, ferrailler sur les barricades… dans la tourmente des soubresauts de l'Histoire et l'euphorie de l'action.
Dans ce dernier opus de l'auteur, paru un an après sa mort, Jules Vallès se fait le défenseur de tous ceux que cette fin de 19ème siècle gène aux entournures. Dans un style très vif (journalistique dirait-on aujourd'hui) il nous plonge dans une de ces « brûlures de l'histoire » qui contribua à faire de la France ce qu'elle est aujourd'hui…
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Après avoir terminé "dans l'ombre du brasier" de Hervé le Corre, il me fallait en apprendre davantage sur la Commune de Paris et lâcher la fiction pour la réalité.
Aussi je me suis jetée sur cet insurgé de Jules Vallès !

Jules Vallès, un révolté à la plume vive, au substantif énergique, verbe haut, adjectif catégorique et adverbe décisif, qui tout au long de cet ouvrage fait la preuve de son talent de journaliste engagé et de polémiste enragé.
Il n'a pas sa langue dans la poche, Jules Vallès. Ah, que nenni. Et il passe à la moulinette de sa fureur la fin de règne du Badinguet (ou Napoléon III !) où le bourgeois se pavane et s'enrichit quand l'ouvrier se fane et s'appauvrit !
"Tiens, quand on ne croit ni à dieu ni à diable, on devrait se faire prêtre ! on a au moins des hosties à manger ! Toi, imbécile, tu es l'hostie qu'on mange !"
Jules Vallès a vécu la guerre de 70 et la fin de l'Empire interné, les autorités craignant, à juste titre, ses idées révolutionnaires et sa plume assassine ! Libéré à la chute de l'empereur, il subira le siège de Paris et participera bien entendu à l'aventure de la Commune, de l'exaltation des débuts au désastre final, couronné par la Semaine Sanglante du 21 au 28 mai 1871.

Au jour le jour, tel un journal de bord, en un récit haletant, à chaud, pris sur le vif, Jules Vallès nous conte sa propre expérience. Tranches de vie, en courtes scènes, percutantes, souvent en forme d'anecdotes.

Le principal intérêt de cet ouvrage est de nous embarquer en première ligne, au coeur de l'événement, chose d'autant plus aisée que la plume particulièrement acerbe et vivante de Jules Vallès propulse le lecteur directement dans les rues de Paris et sur les barricades et lui fait sentir l'immense espoir soulevé par la Commune au coeur des insurgés, tout en le mettant également aux prises avec les dissensions et conflits des communards.

Jules Vallès dédiera ce livre en 1885 "aux morts de 1871. A tous ceux, qui, victimes de l'injustice sociale, prirent les armes contre un monde mal fait et formèrent, sous le drapeau de la Commune, la grande fédération des douleurs."
Il aurait aussi bien pu le dédier aux victimes de tous les combats futurs !
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l'insurgé /Jules Vallès
On retrouve dans ce roman Jacques Vingtras, le narrateur, dont on avait fait la connaissance dans « L'Enfant », puis « le Bachelier ». Il est à présent pion dans un lycée de province depuis plusieurs semaines attendant la rentrée à la faculté de lettres. Il a trouvé dans ce lycée la tranquillité de l'asile et le pain du refuge.
Jusqu'au jour où lui est proposé de remplacer le professeur de rhétorique absent pour quelques temps. Au début du premier cours, il n'hésite pas un seul instant à expliquer à ses élèves qu'il ne faut rien apprendre de ce que l'université leur recommande. Évidemment, le soir même il recevait son congé.
Jacques le rebelle se retrouve sur le pavé de Paris, sans le sou, brouillé avec toutes les universités de France et de Navarre ! Finalement, grâce à quelques connaissances, il trouve un emploi d'auxiliaire dans une mairie d'arrondissement. Il est au bureau des naissances. Il n'était pas franchement préparé à vérifier le sexe des nouveau-nés avant de les inscrire de sa plus belle écriture faite de pleins et de déliés qu'il a dû réapprendre.!
Quand il rentre le soir, Jacques écrit, ou plutôt essaye d'écrire tant il fait froid dans sa mansarde. Il noircit des pages pour les journaux. Journaliste à ses heures, mais aussi homme politique en devenir, il harangue une assemblée de bourgeois venus l'écouter lors d'une conférence et veut être un jour le député de la misère.
« Ces imbéciles me laissent insulter leurs religions et leurs doctrines parce que je le fais dans un langage qui respecte leur rhétorique, et que prônent les maîtres du barreau et les professeurs d'humanités. »
Cela lui vaut d'être contraint de démissionner de son emploi à la mairie. Et les directeurs de journaux ne veulent pas de sa prose rebelle. Sa réputation naissante d'insurgé ne facilite pas les contacts.
Il vient de terminer son premier livre et cherche un éditeur. Après avoir été plusieurs fois prié de déguerpir, il trouve preneur. Il va pouvoir enfin manger à sa faim. Il en a des frissons !
Mais l'éclaircie ne dure qu'un temps et il se voit refusé par les journaux aussi bien bonapartistes que républicains. Il est carrément désigné à la calomnie. Il est hostile à la république de Thiers autant qu'à l'Empire. Il prône une révolution, un soulèvement populaire et l'avènement d'une démocratie sociale.
Puis un jour on vient le trouver pour qu'il se présente à la députation au nom de l'idée révolutionnaire. Il accepte et se prépare en lisant les oeuvres de Proudhon, puis fait campagne.
Il déclare que « la vieille politique doit crever au pied du lit où la France en gésine agonise, elle ne peut nous donner ni soulagement, ni le salut. Il s'agit de ne pas se vautrer dans ce fumier humain, et, pour ne pas y laisser pourrir le berceau de la troisième République, de revenir au berceau de la première Révolution. »
Il a à présent son journal : « le Cri du Peuple », que l'on s'arrache dans tout son entourage et dans le peuple.
Vingtras raconte ensuite sa participation à la commune de Paris de 1871. L'armée des versaillais organisée par Adolphe Thiers pénètre dans Paris aux mains des Communards depuis mars 1871. C'est la guerre des barricades. Vingtras est arrêté et accusé d'excitation à la guerre civile. Puis libéré. Il fait alors partie d'un gouvernement populaire. C'est plus tard la Semaine Sanglante avec incendies et massacres d'otages auxquels Vingtras parvient à échapper.
Un récit qui se présente comme un reportage de guerre et dont l'intérêt historique est relatif tant la place est laissée à l'émotion plutôt qu'à la rigueur et dont la construction semble un peu brouillonne et peu structurée. Même s'il ne s'agit pas d'une stricte autobiographie, il apparait clairement que Jules Vallès est reconnaissable sous les traits de Jacques Vingtras.
Historiquement, à la lecture de ce livre, on voit que l'absence de stratégie réelle des fédérés, la multitude de courants, l'absence de ligne directrice politique précise et le manque de compétences militaires, ne pouvaient que mener fatalement à l'échec. L'écrasement par les versaillais à la botte du pouvoir en place était inévitable..
Jules Vallès a dédié son livre à tous ceux qui, victimes de l'injustice sociale, prirent les armes contre « un monde mal fait, et formèrent sous le drapeau de la Commune, la grande fédération des douleurs. »
Du point de vue littéraire, on observe une écriture nerveuse et passionnée, des portraits au vitriol, un style journalistique engagé non dénué d'humour.
Bref rappel historique :
le 2 septembre 1870, Napoléon III capitule à Sedan et les Prussiens envahissent la France. Pendant l'hiver, Paris, assiégé, connaît les bombardements et la famine mais refuse de s'avouer vaincu.
Paris rejette également la nouvelle Assemblée nationale issue des élections du 8 février 1871, majoritairement composée de monarchistes et de hobereaux campagnards, favorables à la paix, tandis que les élus de Paris sont des républicains.
Le Gouvernement de la République, dirigé par Thiers, se réunit d'abord à Bordeaux, puis à Versailles afin de ne pas prendre le risque d'être retenu en otage par les Parisiens. Thiers veut conclure un traité de paix alors que les élus parisiens refusent l'entrée des Prussiens dans Paris et de se laisser désarmer. Ils veulent également ouvrir une nouvelle ère politique et sociale.
Une guerre sans merci s'engage entre la Commune proclamée le 30 mars 1871, et le gouvernement de Thiers qui reçoit l'appui du chancelier Bismarck.
La Commune de Paris dure un peu plus de deux mois, du 19 mars au 28 mai 1871.
Elle est finalement vaincue durant la "semaine sanglante" qui débute avec l'entrée des troupes versaillaises dans Paris le 21 mai et s'achève par les derniers combats autour du cimetière du Père Lachaise le 28 mai.
La répression est impitoyable. le nombre des fusillés sans procès varie entre 20 000 et 30 000 personnes. le nombre de prisonniers est évalué à 38.000 individus environ "dont 5000 militaires, 850 femmes et 650 enfants de 16 ans et au-dessous. Sur les 10.137 jugements contradictoires, il y a eu 95 condamnations à la peine de mort (finalement seules 23 personnes furent fusillées); 251 aux travaux forcés ; 1.169 à la déportation dans une enceinte fortifiée ; 3.417 à la déportation en Algérie ou en Nouvelle-Calédonie ; 4.692 à la réclusion ou à l'emprisonnement ; 332 bannissements ; 117 à la surveillance de la haute police ; 9 à l'amende et 55 enfants de moins de 16 ans furent envoyés dans une maison de correction.



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Pas facile la lecture de ce roman, avec toutes ces références à une période de l'histoire que je connais trop peu. Mais la plume piquante et rebelle de l'auteur à su me charmer, et c'est avec plaisir que j'ai lu les déboires de la commune, à travers les mots désinvolte de Vallès. Assurément cela me donne de nombreuses pistes pour approfondir l'histoire.
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« Aux morts de 1871 A tous ceux qui, victimes de l'injustice sociale, prirent les armes contre un monde mal fait et formèrent, sous le drapeau de la commune, la grande fédération des douleurs, je dédie ce livre »
On avait laissé Jacques Vingtras, résigné, devenu pion à la fin du Bachelier. On le retrouve repu au début de L'Insurgé, « fayot » dans un collège, fayots dans son assiette : « J'ai eu faim si longtemps ! »
Moins de 10 pages plus loin, le voilà de retour à Paris. Frayant dans le milieu des journalistes, vendant sa plume à tel ou tel journal, on l'engage pour son art du manifeste, mais sitôt engagé on lui demande de mettre de l'eau dans son vin. Vient la création du Cri du peuple, et les tribunes de Vingtras deviennent célèbres. S'ensuivent les jours de la Commune où tout s'accélère, la prise de l'Hotel de Ville de Paris et des mairies d'arrondissement, la mise en place d'un nouveau gouvernement à la va-comme-j'te-pousse (présentation plutôt hilarante des ministres, et notamment de Rouiller, ministre de l'Instruction publique « Il est cordonnier, et révolutionnaire. « Je chausse les gens, et je déchausse les pavés » »), l'arrivée des Versaillais par la porte de Versailles, et les combats dans les rues, sur les barricades…
Je dois l'avouer, ma méconnaissance de la Commune m'a fait passé à côté de beaucoup de choses, et la narration de Vallès, très elliptique, très jargonnesque (les termes politiques de la Commune et son organisation sont parfois obscures), ne m'ont pas aidé. Cependant, l'énergie de l'insurrection et le débâcle est bien présente. On se bat, on fusille, on se venge, on en appelle à la raison, on pose des bombes, on incendie, on manque de munitions, de nourriture, on n'en peut plus, les cadavres jonchent le pavé, le chaos de ces jours a bien eu lieu, que Jacques annonçait à la fin du Bachelier : « Je me rends […]. Mais tu nous le paieras, société bête qui affames les instruits et les courageux quand ils ne veulent pas être des laquais ! Va ! Tu ne perdras rien pour attendre ! […] Derrière moi il y aura peut-être un drapeau, avec des milliers de rebelles, et si le vieil ouvrier n'est pas mort, il sera content ! Je serai devenu ce qu'il voulait : le commandant des redingotes rangées en bataille à côté des blouses… »
L'Enfant, le Bachelier et L'Insurgé sont une drôle de constellation, à la fois historique, autobiographique, comique, héroïque et pathétique, faite de grandes idées et de violence. L'échec du peuple face à ses dominants est évident, mais pourtant il semble toujours subsister la petite voix discordante.
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Une biographie passionnante de cet auteur marsuant des lettres francaise par son talent et surtout sa capacite de revolte physique jusqu'à se lettre en danger rare chez kes grands auteurs.Pourquoi a t il ete un peu oublié ? Mystere mais ce luvre le rehabilite et il est essentiel pour cela.
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Ce que je retiendrai surtout de ce dernier volet de la trilogie de Jacques Vingtras c'est le portrait de ces communards de 1871 qui ont défendu un projet de société nouvelle; des ouvriers, des artisans, des écrivains, des avocats, des femmes aussi et même des enfants, debout sur les barricades érigées dans les rues de Paris. Jules Vallès, lui-même impliqué directement dans cette révolution, relate avec à propos les tractations, les valses-hésitations, les revirements et l'aboutissement fatal de ces journées mémorables. Un dictionnaire biographique a d'ailleurs judicieusement été inséré dans l'édition que j'ai lue. Il ressort tout de même une grande lassitude et une profonde tristesse de cet ouvrage car le dévouement et l'implication à une cause ne sont pas toujours payés d'un succès assuré.
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Dernière partie de la trilogie sur Jacques Vingtras, qui se consacre aux vingt années qui séparent le Bachelier de L'Insurgé. Vingt années de misère qui prolongent les questionnements du jeune homme sur les inégalités, l'absurdité administrative, l'absence de libertés, notamment d'expression. Jacques vieillit mais ne change pas, il rencontre certains des anciens révolutionnaires, tantôt embourgeoisés, tantôt aussi miséreux que lui lorsqu'ils n'ont pas renoncé à leurs idéaux. Ces vingt années sont condensées en autant de paragraphes –anecdotes qui retracent la survie de Vallès, ses engagements politiques dans des journaux d'opposition qu'il fonde ou auxquels il collabore. Radicale, sa voix peine à se faire entendre du grand public, mais trouve un écho favorable chez le petit peuple qui le reconnaît et l'admire, même s'il reste parfois dubitatif devant cet intellectuel qui ne veut pas se mettre du sang sur les mains.
C'est que, lorsque Paris se soulève, Jacques Vingtras veut la révolution sans mort inutile ; ses pardons passent mal. le soulèvement est écrit comme une chronique : des dates, des horaires, des lieux établissent une chronologie absente jusqu'à présente. le temps n'est plus dilué, presque atemporel ; au contraire, il est chronométré. Chaque minute est une victoire ou une défaite, un moment d'angoisse ou de fierté. D'autant que la Commune, enfin constituée et à laquelle participe activement Vallès, ne dure pas. A peine le bureau constitué, les lignes de défense sont percées et Vallès doit se montrer au combat puis fuir. Caché, il échappe à la purge. le roman s'arrête à la frontière belge, par un appel au peuple et sur le regret de savoir Paris en sang.
L'écriture allie avec toujours la même souplesse la lucidité de l'auteur âgé écrivant ses « mémoires », la naïveté du jeune homme qui met toutes ses forces dans cette révolution ratée, le sérieux et la tension nécessaire au récit de ces événements historiques ainsi que la dérision propre à Vallès quand il croque ses contemporains ou ses propres réactions. Ce roman est globalement plus sérieux, peut-être un peu plus aride que les précédents, mais se lit avec toujours beaucoup de facilité et de plaisir.
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De superbes punchlines, mais un peu décousu, donc parfois difficile à suivre. Je conseille de revoir la chronologie de la Commune avant de lire ce roman vrai. Les grands personnages sont rapidement croqués... Vallès ne cherche pas à leur inventer une psychologie foireuse. Ca sonne vrai. On s'attache au héros, Vallès, résolu mais lucide, empathique, pas extrémiste : il aimerait éviter de verser trop de sang. On aimerait l'avoir comme président.
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superbe troisieme tome de la saga Valles le heros est desormais adulte et l'auteur nous regale encore de son style et de sa classe litteraire un vrai classique de la litterature francaise
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