Ce roman est un peu différent des autres livres d'Aurélie Valogne. Parce qu'il se passe dans les années 1970 tout d'abord, et non à notre époque, et aussi parce qu'il est plus tragique, abordant des sujets plus sérieux : on y parle d'abandon, de mort, d'avortement clandestin, du droit des femmes...
Si l'écriture de cette autrice est toujours agréable et facile à lire, idéale pour se changer les idées, plusieurs éléments m'ont gênée ici.
La façon de s'exprimer des enfants tout d'abord, souvent très adulte, avec de belles phrases bien élaborées (on comprend d'autant moins la remarque de l'institutrice parisienne qui trouve que le petit Jean ne s'exprime pas convenablement...).
Le manque d'approfondissement aussi : tout va très vite dans ce livre. C'est sans doute une volonté de l'autrice pour apporter du dynamisme, mais personnellement j'aurais souvent aimé en savoir un peu plus sur les ressentis des personnages, les relations entre eux... Un exemple : la petite voisine, que l'on croise parfois au détour d'un chapitre, qui ne semble être qu'un personnage très secondaire, jusqu'à ce qu'on apprenne qu'elle est extrêmement importante pour l'enfant. Ah bon ?! Leur relation n'avait pourtant été jusque là (et même par la suite d'ailleurs) que très vaguement évoquée...
Je n'ai pas aimé non plus l'opposition faite par l'autrice entre la mère de l'enfant et sa tante. D'un côté la mère, qui n'est jamais épargnée, un peu paumée, un peu dépassée, toujours absente. Et même si
Aurélie Valognes essaie de lui trouver des excuses, la disparition express du personnage (en à peine 2 ou 3 pages) tombe comme une "punition" pour son mauvais comportement. de l'autre, on a la tante, femme parfaite et sans doute idéalisée par l'enfant, qui conjugue avec allégresse ses devoirs de femme, de mère, d'épouse, qui tient sa maison à la perfection, élève ses enfants avec amour, tout cela en travaillant mais sans que ça empiète sur sa vie de famille bien évidemment ! En bref, la femme parfaite. Tout cela m'a paru un peu trop tout noir ou tout blanc.
Tout cela m'a empêchée d'apprécier pleinement cette lecture. Pour finir sur une note positive tout de même, j'ai aimé la description des années 1970, qui m'a rappelé les souvenirs d'enfance de mes parents, et qui donne à réfléchir sur tous les changements vécus par nos grand-parents.