Ayant déjà lu
Mémé dans les orties, je savais à quoi m'attendre quant-au style d'écriture et j'avais hâte de retrouver cette légèreté et cette fraîcheur qui sont les maître-mots des romans d'
Aurélie Valognes.
Nous suivons donc l'enfance de Jean, vivant maintenant chez sa grand-mère Lucette afin de laisser le temps à sa mère de trouver un nouvel emploi et un logement sur Paris, capitale où tout est possible dans l'esprit de cette maman célibataire.
Lucette ne s'attendait pas à voir son petit train-train quotidien chamboulé par cette pile électrique, qui pose une tonne de questions et ne sait pas marcher sans tomber par-terre.
Quant-à Jean, il aime beaucoup sa grand-mère mais ne la comprend pas toujours : elle vit recluse dans le passé, visitant chaque jour le cimetière, ne souhaitant même pas acheter de réfrigérateur et toutes ces nouvelles technologies comme la télévision. Il se demande chaque jour quand est-ce qu'il aura des nouvelles de sa maman, Marie, et surtout quand viendra-t-elle le rechercher pour l'emmener à Paris.
Le temps passe, et elle ne vient toujours pas. Après toutes ces années, Jean s'est habitué à ce village, s'est fait des amis, va maintenant à l'école et est devenu le petit enfant modèle, prêt à tout pour aider sa grand-mère qui vieillit. Mais maintenant qu'il se plait si bien ici, tout ne va pas se passer comme prévu…
J'ai vraiment adoré cette complicité qui unit Lucette et Jean. Ils sont si différents en tous points, mais chacun est prêt à faire des compromis et des sacrifices pour que l'autre se sente bien. Lucette a tout fait pour noyer le chagrin de ce petit garçon, qui demandait chaque jour quand sa mère viendrait ou bien s'il avait reçu du courrier. Et le voyant aller de déceptions en déceptions, elle a bien compris que c'était maintenant à elle que revenait le rôle de mère.
Finalement, à deux ils se créent de nouvelles habitudes, un nouveau toit et se plaisent dans cette vie. Peut-être trop puisque plane toujours l'épée de Damoclès : quand Marie reviendra-t-elle chercher Jean ?
Lucette est vraiment un personnage fort : confrontée à ses faibles moyens et à quelques difficultés qui s'installent dues à son vieillissement, elle va pourtant se refuser à laisser ce petit sans rien, quitte à abandonner ses souvenirs en laissant sa maison derrière afin qu'il se sente enfin chez lui. Elle fait preuve d'un amour inconditionnel, mais est bien trop fière pour montrer à quel point elle a besoin de Jean dans sa vie et pour lui dire tout ce qu'il lui a apporté malgré les difficultés.
Quant-à Jean, nous le voyons grandir et gagner en maturité au fil de ce roman : du petit garçon maladroit et étonné par tout ce qu'il voit, à l'adolescent qui prend soin de ses proches et sait désormais faire face aux déceptions.
Les personnages secondaires comme Lucien, Tante Françoise et Anita sont les bouées de secours de nos personnages principaux, ils sont toujours d'une grande aide que ce soit dans les bons comme dans les mauvais moments : je les ai tous adorés ! Ces personnages sont dotés d'un coeur et d'une bonté d'âme immenses et sont finalement essentiels pour le côté « feel-good » de ce roman.
Toutes ces personnes m'ont poussée dans l'idée qu'il faut toujours voir le bon côté des choses et se complaire dans les petits bonheurs simples auxquels nous sommes chaque jour confrontés plutôt que d'attendre une chose qui n'arrivera peut être jamais !
Mais à côté de toute cette légèreté, ce roman nous confronte à des sujets plus sérieux, surtout dans une société comme celle des années 70 où il restait beaucoup à faire.
Il y a énormément de thématiques dans ce court roman : la violence conjugale, le divorce – qui n'était pas encore devenu banal -, l'abandon d'un enfant, l'émancipation des enfants vis-à-vis des valeurs transmises par leurs parents – telles que la religion -…
Mais surtout, il est essentiellement question des droits de la femme. En effet, par bien des facettes Marie, la mère de Jean, nous apparaît comme indigne. Mais au fil du roman, nous apprenons les raisons qui l'ont poussée à laisser Jean derrière, et le combat qu'elle mène pour avoir des droits : le droit de travailler, de ne pas compter sur un mari pour faire vivre son foyer, de porter un pantalon, et surtout le droit de faire des erreurs et d'avorter.
Ce sont des sujets forts, auxquels je ne pensais pas avoir affaire au cours de ma lecture, et pourtant ils ont apporté beaucoup de matière, et m'ont fait réfléchir sur le fait que tout ne pouvait pas être tout blanc, ou tout noir. Oui, cette femme a abandonné son fils, elle est loin d'être parfaite mais d'un autre côté elle se bat pour l'avenir. Personne n'est parfait.
Finalement, que ce soit dans les sujets légers comme les plus difficiles, ce roman transmet de belles leçons de vie !
J'ai éprouvé tellement d'émotions contradictoires : j'ai souri, j'ai ri à pleines dents, j'ai été en colère, ou bien fière, mais j'ai aussi eu la larme à l'oeil, et enfin un pincement au coeur lorsque j'ai refermé la dernière page de ce livre.
Je conseille à tous de lire également la partie « Pour vous en dire plus » à la fin de ce livre,
Aurélie Valognes nous en dit plus sur ce qui lui a donné cette idée, et ce qui l'a poussée à l'écrire différemment de son idée primitive. Elle nous y fait beaucoup réfléchir et j'ai trouvé son intention admirable.
Pour finir, je souhaite transmettre un grand merci aux éditions Mazarine et à la plateforme NetGalley France de m'avoir permis de lire ce roman et d'en écrire une chronique. Merci pour votre confiance.
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