Il aimerait vraiment faire cela pour son petit-fils, pas par compétition ou jalousie. Juste parce que sa famille a besoin de lui, et que, pour la première fois de sa vie, il peut être utile, lui, Ferdinand Brun. Il peut faire quelque chose de bien. Pour quelqu'un d'autre.
Il est un peu comme sur un voltage différent, avec une logique bien à lui, qui chamboule l’ordre de ses priorités, le laissant complètement incompris par le commun des mortels.
Le tabouret calé sous le postérieur, il est rivé à l'oeilleton de sa porte d'entrée et observe sa voisine d'en face, une vieille chouette bancale qui se donne des airs de bourgeoise avec sa coupe à la Simone Veil.
Je viens de faire un trajet dans un pot de yaourt à la vitesse d'une Formule 1 et conduit, non pas par Michael Schumacher, mais par une nonagénaire aveugle et inconsciente des dangers !
Ce n'est pas que Ferdinand soit radin mais il s'économise. En argent, comme en sentiments. Et les enfants, à moins d'en faire douze comme dans le tiers-monde et de les mettre au boulot, ça coûte plus cher que ça ne rapporte ! Sa femme avait pris un travail de comptable pour mettre un peu de beurre dans les épinards et, peu après, elle était tombée enceinte.
Ferdinand avait fait un déni de grossesse. Comme s'il ne croyait pas vraiment que quelque chose allait sortir de ce ventre, ventre qui pourtant prenait indiscutablement de l'ampleur. Il n'a jamais voulu préparer la chambre. L'accouchement, la maternité, il n'y est pas allé. Et quand il a découvert que c'était une fille, il a été déçu. Il l'a même reproché à sa femme. Elle pouvait bien l'appeler comme ça lui chantait. Marion... Quelle idée, franchement !
C’est le second roman d’Aurélie Valognes que je découvre. Encore une fois on a cette impression de connaître ces personnages ( un grand-père, une grand-mère, un père une mère) les détails nous parlent pour peu que l’on aime observer les autres... mais surtout la bêtise de cesser de communiquer qui coupe de tout qui ampute les relations voilà bien un sujet omniprésent ... mais dans ce roman il y a aussi l’espoir car certaines personnes ( souvent inattendues) peuvent faire changer les choses et c’est super. A prescrire pour une bonne dose d’optimisme...
La vie lui semble si douce tout d'un coup, de ces moments où l'on arrêterait le marque-page de sa vie à cet instant précis.
p.190
Il faut vous expliquer longtemps, mais vous comprenez vite, Christine.
- Désolée, monsieur Brun. Alors, comment voulez-vous qu'on vous les coupe aujourd'hui?
- En silence...
Tous ces gens semblaient être faits pour vivre ensemble. Jamais un mot plus haut que l’autre, jamais un son plus fort que celui du téléviseur. C’était leur paradis sur terre.
Mais c’était avant.
Avant l’arrivée du perturbateur. Du prédateur. Un homme. Seul. Un octogénaire dont le passé mystérieux et les agissements bizarres ont tout de suite donné la chair de poule aux habitantes du 8, rue Bonaparte.
On dit qu'on devient adulte quand on prend conscience qu'on doit mourir un jour. p.110