Et le problème,avec les rêves,c'est que parfois ils se réalisent.
Pourquoi a-t-il fallu que ce soit en France que je découvre la peur ? La vraie peur,celle qui dessèche et paralyse;pas celle de mourir,celle de vivre.
Cette souffrance en creux dès le réveil...Ce sentiment de vide qui me nouait la gorge au premier bonjour et cette comédie qu'il fallait jouer devant les étrangers..."
Seuls les vrais solitaires, quand ils se rencontrent, peuvent aimer sans s’abîmer parce qu'ils n'ont pas besoin de se fuir, d’exercer un pouvoir sur l'autre ou de considérer la durée comme une fin en soi.
Vous écoutez ce que vous allez me dire ?
J'attends une lettre du rectorat pour savoir si l'embargo contre l'Irak me permet ou non d'être admissible à la Sorbonne, j'attends que Fabien sorte de prison pour s'occuper de son chat et me dire en face qu'il me quitte, j'attends que la France rétablisse ses relations postales avec mon pays pour que mes parents puissent toucher les mandats que je n'aurai plus les moyens de leur envoyer , j'attends qu'on se prononce sur le renouvellement de mon permis de séjour, qui dépend de l'obtention de ma carte d'étudiante pour laquelle on me demande mon permis de séjour ; j'attends l'impossible et, les jours où je n'y crois plus, j'attends d'être vieille pour ne plus rien attendre.
Il faut avoir senti en soi la montée du suicide, cette fusion froide,cette boule de courage qui enfle et durcit jusqu'à étouffer l'idée même de lacheté, pour apprécier le pouvoir incroyable du supplement de vie qu'on s'accorde.
Moi qui n'ai jamais conçu l'amitié avec une femme autrement qu'en étant son amant, et inversement, je me sens complètement chaviré par ce coup de foudre sans passion ni désirs, ce lien déjà si profond, si intime avec cette petite Irakienne qui parle ma langue mieux que moi, qui démonte mon pays pour me faire voir combien les rouages en sont absurdes, et qui évoque le ratage de sa vie avec autant de lucidité que je vis l'effondrement de la mienne.
Ce n'était pas tant l'homme de sa vie qu'elle avait reconnu en moi;c'était le père idéal pour son fils.
Faut-il accepter de perdre une femme pour comprendre pourquoi et à quel point on l'aime ?Est-ce en lui donnant raison de me quitter je lui laisse une possibilité de revenir?