Deux hommes cagoulés sortent à toute vitesse de l'abbaye de Val-Dieu, deux sacs de sport bien remplis à la main. Aussitôt, ils grimpent dans une voiture, conduite par Jean-Marie. Une fois arrivés au port, ce dernier abat froidement ses deux co-équipiers, histoire d'avoir moins de pactole à partager, et appelle Eddy pour le prévenir que tout est ok. Arrivant à bicyclette, l'homme prend aussitôt des initiatives, flingue Eddy et balance son corps à la flotte...
Boule, un vieux garagiste, troque sous le regard éberlué de ses deux fistons, Gaz et
Dante, qui bossent avec lui, une BMW contre une vieille pétarade. Ignorant ce qui se cache dans le coffre de la voiture, Boule ne sait évidemment pas à quoi il vient de s'exposer puisque ses gamins le retrouveront, le soir-même, mortellement blessé dans son garage...
Voilà un scénario qui ne manque pas d'originalité et de maîtrise. En effet,
Benjamin Fischer nous livre la version de ce braquage en trois points de vue différents, sans ordre chronologique. Un braquage perpétré par des bras cassés, fomenté par des hommes véreux, tous à la gâchette facile. Des points de vue qui permettent, au fil des séquences qui s'imbriquent, de comprendre le déroulement des faits, les tenants et les aboutissants. L'auteur nous offre ainsi un album à la fois noir et cocasse, tant les protagonistes sont tous des bras cassés et ne maitrisent rien. Un scénario choral fantasque, parfaitement maîtrisé et au final inattendu. Graphiquement,
Georges van Linthout, de par un lavis en noir et blanc élégant, nous plonge dans une ambiance grisâtre et réaliste aux décors désolants.
Père et fils réunis pour un album truculent...