AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,51

sur 93 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Jean-René van der Plaeten a souvent entendu son grand père, le Général Jean Crépin, Compagnon de la Libération, raconter la mort épique d'Amilakvari, à la bataille d'El Himeimat, en octobre 1942 et le souvenir de ce résistant l'a incité à s'engager dans les Chasseurs Alpins, à intervenir au Liban dans les rangs de la FINUL avant de rejoindre Le Figaro pour y mener d'autres combats et publier « Le métier de mourir » qui marquera cette rentrée littéraire.

Le dialogue entre Belleface, un soldat de métier, et Favrier un jeune étudiant, engagés tous deux dans une milice libanaise gardant la frontière d'Israel contre le Hezbollah, s'inscrit dans la lignée d'Antoine de Saint-Exupéry et sa « Lettre au Général X » et de Hélie de Saint Marc dans « L'aventure et l'espérance ». « Ce qu'on appelle une raison de vivre est en même temps une excellente raison de mourir » rappelait Camus durant l'occupation nazie dans « le mythe de Sisyphe »…

Ces deux héros m'ont fascinés et m'ont semblé incarner (hypothèse toute personnelle) le Capitaine Borella et Stéphane Zanettacci tombés pour la libération du Liban.

Dominique Borella avait reçu la médaille militaire à Dien Bien Phu (plus jeune médaillé de France à 17 ans) avant de combattre en Algérie, au Cambodge puis de partir sur la trace des croisés en Terre Sainte et y mourir au combat . « L'histoire ne dressera nulle stèle à ce colonial, partisan d'une guerre sans haine, qui savait, comme Lyautey, voir dans l'adversaire d'aujourd'hui l'ami de demain  … mais Jeanne d'Arc toute armée sur le seuil du Paradis, l'étendard à la main, lui sourit et le salue avec l'épée. » rappelait Dom Gérard, Père Abbé du Barroux.

Stéphane Zanettacci « Qui des tigres rejoignit les faisceaux, Pour garder libre la Phénicie» tomba pendant l'attaque du camp retranché de Tel-al-Zaatar, une enclave palestinienne en territoire chrétien, en juillet 1976 à l'âge de 22 ans.

Il est aussi possible que l'auteur ait voulu honorer la mémoire des 58 paras français et les 241 soldats américains victimes de l'attentat de Beyrouth en octobre 1983.

« Le métier de mourir » répond au devoir de mémoire et est un magnifique acte d'espérance pour une nation défendue par des Belleface et des Favrier.

Un ouvrage à lire et à méditer. Un ouvrage incontournable.
Commenter  J’apprécie          1104
Nous sommes le 6 mai 1985. L'avant-poste que commande Belleface, cet officier reconnu de l'armée israélienne, est situé dans un lieu improbable, perdu sur la frontière entre le Liban et Israël. le paysage est sublime, au loin s'étale la ville blanche de Tyr tandis que la méditerranée miroite sous un soleil féroce. Il semble que rien ne peut arriver et pourtant Belleface maintient la vigilance de ses soldats car il sait, en militaire expérimenté, que les attaques du Hezbollah peuvent surgir à tout moment et qu'il ne peut malheureusement pas grand-chose contre l'explosion d'une voiture piégée.
Tout n'est que lenteur le long de ces journées brulantes rythmées par les tours de garde. Ceci n'est pas sans évoquer le roman de Buzzati « le désert des Tartares » où il est aussi question d'un combat qui n'arrive pas tandis que tout s'enlise dans l'attente.
Face à lui-même, Belleface a tout loisir pour se pencher sur sa vie. Ainsi on découvre son vrai patronyme, la disparition de sa famille dans l'enfer de Treblinka, et son amour pour Ruth. Ses pensées sont ponctuées de citations de « L'ecclésiaste » cette bible qui ne le quitte jamais et dont il partage la vision fataliste.
Peu à peu, à partir de fragments de son passé, le destin de Belleface se révèle au lecteur par le truchement de Favrier, ce jeune français admirateur de son chef. Favier est aussi le fils que Belleface n'a jamais eu et à qui il aimerait confier ses secrets pour qu'ils lui survivent.
Ce récit ne couvre que trois jours décrits avec minutie dans un huis-clos dense et oppressant.
Le personnage de Belleface intrigue, séduit et questionne le lecteur, qui est-il vraiment et le sait-il lui-même ?
Outre le conflit entre Israël et le Hezbollah, le roman aborde de nombreux sujets comme la vie après l'holocauste, la religion et sa radicalisation, la filiation. Beaucoup de thèmes en seulement 270 pages et parfois on a l'impression de s'égarer un peu. Peut-être certains sujets auraient nécessité plus de réflexion. Néanmoins, « le métier de mourir » est un très bon roman qui se lit d'une traite et que je recommande.

Commenter  J’apprécie          370
"Le métier de mourir" est un ouvrage exceptionnel de justesse mettant en scène un baroudeur d'origine polonaise, rescapé du camp de Treblinka, a servi dans la Légion étrangère en Indochine avant de rejoindre, comme colonel, l'armée israélienne avec laquelle il a fait toutes les guerres de l'État hébreu.

Cet officier supérieur, qui n'a pas eu d'enfant, se prend d'amitié pour Favrier, un jeune volontaire français enrôlé dans l'Armée du Liban Sud (ALS) et qui pourrait être son fils. le colonel Belleface souhaite lui transmettre son expérience, son savoir, et il sait que cela passe par l'exemple et la générosité. de son côté, fasciné et intrigué par le « vieux », Favrier parvient peu à peu à le faire parler, devinant que derrière sa force et sa sagesse se cache un secret douloureux.

Au fil du roman, l'énigme de la vie de Belleface va se dévoiler, Quant à Favrier le catholique, s'il sait que cette région est le berceau des trois religions révélées et qu'il en cherche des traces – à l'instar des versets bibliques qui parsèment ce roman –, il n'en trouvera pas d'autres que la sienne, à jamais gravé dans le sable de l'enclave.

Honnêtement, je n'ai pas pu décrocher un instant du huis clos mettant face à face des hommes différents mais si semblable quelques part. Jean-René VAN DER PLAETSEN utilise des mots toujours justes pour décrire des personnages on ne peut plus vrais et intérieurement tourmenté par une quête intérieure. Des hommes seuls et épris d'idéaux. Des combattants sachant trouver Dieu chacun dans sa foi mais sur un même chemin transverse qui leur permet de vivre l'âme du Liban, terre merveilleusement empreinte de Sacré.

La guerre du Liban décrite transcende l'approche que l'Occident lui a toujours accordée. On le perçoit nettement lorsqu'on entend le colonel Belleface dire« En France, vous ne pouvez concevoir ce qui se trame ici car vous ne savez pas de quoi sont capables les Palestiniens ni les chiites du Hezbollah » sans que le jeune Favrier ne puisse répondre. « le Hezbollah n'est qu'un avant-goût de ce qui nous attend. Nous sommes là pour protéger les frontières du monde occidental en attendant que les nôtres ouvrent les yeux », lui confie, comme en écho, Belleface.

A lire d'urgence
Commenter  J’apprécie          191
Coup de coeur pour ce roman qui relate la relation entre Belleface, la cinquantaine, militaire de carrière, célibataire, sans enfant, sans famille et Favrier, 22 ans. Ce roman nous parle de la guerre, des militaires, pourquoi ce choix, quels combats mènent-ils ? Que cache leur engagement ? Dans une belle écriture, je découvre cet univers et me plonge dans cette guerre du Liban. Je vous le recommande

#netgalleyfrance #lemetierdemourir
Commenter  J’apprécie          170
Mais qui est donc ce soldat qui surveille un check-point dans le Sud-Liban pendant la guerre civile ? Sibyllin, il porte le nom d'une montagne de la vallée d'Aoste et semble vouloir garder tous ses secrets au plus profond de son âme. Seuls, quelques anciens collègues du temps de l'Indochine ou de ses fonctions dans l'armée israélienne ont quelques éléments de sa vie. Né en Pologne, il est un survivant du camp d'extermination de Treblinka, personne ne sait comment il a survécu car toute sa famille y a péri. Sa vie consacrée à la guerre est une succession de « déchirures, de ruptures, de cassures ». Seul au monde il continue pourtant de croire en la vie. Il sait pourtant qu'il peut disparaître à tout moment et l'arrivée d'un jeune volontaire français, Favrier, lui fait espérer un espoir de transmission : sans enfant il se dit que ce jeune homme pourrait devenir le fils qu'il n'a pas eu.

Belleface est un bon chef, dur mais juste. Un baroudeur hors norme qui pourrait avoir vécu toutes les époques, de la traversée des Alpes avec Jules César jusqu'à l'Indochine. Intuitif, il est avare de paroles et de gestes, attache de l'importance aux détails et semble ne s'émouvoir de rien. Pourtant, le soir sous sa tente, une certaine mélancolie l'accapare et seul l'opium lui procure un apaisement lorsqu'il repense à sa tendre enfance entre un père médecin et une mère violoncelliste ou à la femme, Ruth, qu'il a aimé de tout son coeur et qui a été assassinée par un terroriste alors qu'elle rentrait chez elle. Seul ou avec ses hommes, maintes fois il fait référence à son livre de chevet, L'Ecclésiaste, mais l'ouvrage auquel il tient le plus est une vieille bible qui a appartenu au Père Tarkowski.

Ce roman a des accents de « Désert des Tartares » ? Belleface aussi seul que l'officier Giovanni Drogo, même s'il a vu maintes fois les ennemis arriver et les verra encore. Mais son combat est la mort, cette grande faucheuse qui sévit autour de ses proches comme une malédiction. Tourmenté entre sa décision de ne pas avoir eu d'enfant dans ce monde sanguinaire et l'absence de descendance, le soldat fonde des espoirs de survie après la mort, de son histoire, de son expérience à travers ce jeune Favrier. Il a cette préscience de deviner qu'il fera un excellent militaire. Pour cela il va le former et il passe du temps avec lui, aussi bien pour des conseils stratégiques que pour lui confier quelques secrets, même si à dose homéopathique. C'est là, tout le tragique des personnes qui se retrouvent seules au monde et qui voient la mort inéluctable effacer, non seulement toute trace familiale génétique mais également le patrimoine historique personnel fait de peines et de joies, de succès et d'échecs, de sentiments et de convictions.

Par une narration qui vous prend aux tripes, ce récit noble et admirable sur la dignité humaine baigne dans une atmosphère terriblement romantique, entre des amours perdues, des histoires de transmission et la magnificence d'un paysage baigné entre rayons solaires et balles dévastatrices. Vaste réflexion sur le métier de soldat, de ceux qui s'engagent sachant que servir c'est aussi mourir et sur les affres d'un homme qui, malgré son métier de dureté, ne reste pas insensible à son sort, à ceux des autres. A celui du monde aussi.

Un roman à vous faire mettre au garde à vous.
Lien : https://squirelito.blogspot...
Commenter  J’apprécie          150
Ce roman est un de mes trois coups de coeur de la sélection du Prix Filigranes 2020 pour lequel je fais partie du jury ! Ce court récit s'étale sur trois jours à peine à Ras-el-Bayada au Liban en 1985. le lecteur se trouve plongé au coeur de ce check-point tenu par l'armée du Liban Sud qui opère avec le soutien de l'armée israélienne pendant la guerre. Il est aux côtés d'un duo atypique : Belleface, le militaire de carrière aguerri qui a tout vécu au pseudonyme mystérieux héritage de la Légion, et Favrier, le jeune français qui vient fraîchement de débarquer et veut comprendre pourquoi on se bat pour cette terre. Un lien fort s'est tissé entre les deux hommes, une relation père-fils très touchante.

Au rythme des tours de garde sur le mirador, des patrouilles autour du camp et des baignades salvatrices, le lecteur vit au plus près du quotidien de ces deux hommes dont on apprend bribe par bribe les vies respectives tout au long du roman. le passé mystérieux et trouble de Belleface intrigue le jeune Favrier tandis que le Vieux, comme le français l'appelle, s'interroge sur les raisons de l'engagement de ce jeune idéaliste dans la milice libanaise. Au gré de leurs discussions et de leurs confessions, on découvre leurs secrets dans l'intimité de ce check-point, dernière barrière contre le Hezbollah avant Israël. le lecteur sera touché par l'histoire de Belleface, un émouvant parcours qui révèle un homme dur aux cicatrices vivaces tandis qu'il essaiera de comprendre, parfois vainement, les motivations du jeune Favrier.

Un récit vibrant et poignant jusqu'à la fin inéluctable servi par une très belle écriture, séduisante et prenante. Un gros coup de coeur pour cette plongée dans le Liban en guerre aux côtés d'un duo émouvant de deux hommes plein de questions !
Lien : https://thetwinbooks.wordpre..
Commenter  J’apprécie          143
Été 85. Belleface, juif polonais qui a survécu à Tréblinka, commandant d'un avant-poste dans une enclave démilitarisée entre le Liban et Israël, lit des versets de l'Ecclésiaste à ces hommes.
« Là-Bas », dans ce désert des Tartares méditerranéen, le Hezbollah et l'armée israélienne se regardent en chien de faïence, attendant Godot, Dieu ou les « orages d'acier ». le destin va frapper. Et frapper fort. Sur Belleface, son bataillon et Paul Favier, son protégé, un jeune français idéaliste.
C'est, dans des paysages de commencement du monde, au rythme des balles qui sifflent et de la lecture des Saintes Écriture, inspirée d'un personnage ayant réellement existé, l'histoire de ces amitiés folles que seule la guerre et l'aventure savent engendrer.
C'est, à travers Belleface et Favier, un hommage à tant de soldats inconnus, une variation quasi mystique sur ce que Pavese appelait « l'unique et âpre métier de mourir ».
Une fois le livre refermé, il est difficile d'oublier Belleface, l'un des personnages les plus puissants de la littérature contemporaine.
Commenter  J’apprécie          120

Autres livres de Jean-René Van der Plaetsen (1) Voir plus

Lecteurs (193) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3205 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}