Un excellent roman policier ésotérique. A travers le personnage de l'inspectrice Doumia Blenka, nous voyageons à Prague sur la piste d'enfants disparus. Ce voyage nous mènera en pays occitan où nous revivrons la terrible tragédie des Cathares. L'enquête est captivante et mystérieuse. L'écriture est fluide et dynamique avec des pointes d'humour. Une fois commencée la lecture de ce livre, impossible de s'arrêter! J'ai vraiment passé un moment très agréable et appris beaucoup sur les Cathares
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Coup de coeur pour ce policier ésotérique! 🖤L'auteur nous transporte dans le temps et l'espace pour cette histoire originale. C'est très sombre avec malgré tout une note d'espoir. A découvrir de toute urgence.
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Des cendres voletaient encore dans le ciel quand l’inspectrice Doumia Blenko descendit de son véhicule et s’approcha du cordon de sécurité. D’un signe de la main, elle salua un groupe de pompiers qui se réchauffaient en buvant du café. La nuit s’attardait. Des gyrophares tournoyaient en silence, et la pression d’une lance à incendie entendue au loin témoignait de la récente présence des flammes. Près du portail, elle lut le nom de la villa sans le comprendre, Ucello di fuoco. Un policier de la ville discutait avec un attroupement de voisins. Il s’approcha dès qu’il la vit.
– Bonjour inspectrice, votre collègue est déjà à l’intérieur.
– Vers quelle heure s’est déclaré l’incendie ?
– Les pompiers ont été appelés vers 5 h, nous sommes arrivés juste après.
– C’est vous qui avez contacté la Krim ?
– Oui, quand le capitaine des pompiers nous a informés qu’une personne était décédée…
Le cadavre prisonnier de cette épouvantable gangue métallique était si rachitique, qu’elle envisagea celui d’un enfant ou d’une personne âgée. Les doigts s’étaient amalgamés, ne formant plus qu’une pelote. La main gauche paraissait tenir quelque chose, elle enfila des gants pour l’ouvrir, mais renonça quand le pouce et l’index s’effritèrent. À quelques mètres, un jerrycan posait en coupable. L’inspectrice rejoignit le groupe, et interrogea son équipier du regard. De la main, il l’invita à écouter l’agent.
– Vous savez qui habite ici ?
– Oui, c’est une dame seule : Amélia Ferbail-Jones, une Américaine. Les voisins ne savent pas grand-chose d’elle, très peu lui ont déjà parlé. L’un d’eux m’a dit qu’elle était la propriétaire de la maison, revenue s’installer ici. Pour l’instant, c’est tout ce qu’on a.
Elle suivit l’allée détrempée du parterre de fleurs. La lumière blafarde d’un projecteur éclairait les débris calcinés de sièges et de sofas. En contournant l’un d’eux, elle aperçut les deux bras du corps carbonisé. Figés dans une position paradoxale de relaxation, ils reposaient naturellement sur les accoudoirs. Le buste, englouti par la matière consumée du fauteuil, était soudé à la carcasse de métal. Son crâne, légèrement incliné, avait la peau collée au revêtement de l’armature. L’inspectrice pressa un mouchoir sur son nez. Le cadavre prisonnier de cette épouvantable gangue métallique était si rachitique, qu’elle envisagea celui d’un enfant ou d’une personne âgée.
Le policier la regarda furtivement s’éloigner. C’était la première fois qu’il la rencontrait. Quand sa radio avait annoncé qu’une inspectrice de la Krim était en route, il avait de suite pensé à elle. La description faite par ses collègues correspondait, mais il avait quand même cherché la cicatrice à travers les boucles de ses cheveux. Pour être sûr. Elle affleurait derrière son oreille, rayait le cou, et disparaissait dans le col roulé. Doumia Blenko gravit la pente qui se perdait dans la pénombre sans allumer la lampe. La clarté de la lune suffisait pour distinguer l’allée bordée de plantes soignées.
Au bout de quelques minutes, le corps de Nina se détendit. Ses yeux gris-bleu, épuisés, se posèrent sur la main qui lui arrangeait les cheveux, puis glissèrent vers les prunelles inquiètes.
– C’est fini ma chérie, c’est fini. C’est moi… tout va bien… calme-toi.
Le jeune homme, penché sur elle, regardait le visage apeuré retrouver les traits qu’il aimait. Il ne lui demanda pas en quoi consistait son cauchemar. C’était souvent le même.
– Je suis désolée… dit-elle, en s’asseyant sur le rebord du lit.
– Tu es désolée de quoi ? Tu n’y es pour rien.
– Je suis folle…