Connaître quelqu’un depuis l’enfance, c’est avoir assisté à la naissance de ses rêves, à leur réalisation ou à leur effondrement, c’est avoir eu accès à ses plus grands espoirs et à ses peurs les plus intimes à l’état brut, avant que la domestication sociale n’ait fait son œuvre. C’est discerner qui il est vraiment derrière le brouillard protecteur des conventions et des règles auxquelles obéissent les adultes.
Morgane a expliqué que l'échec de la justice, ce n'est pas que les coupables soient remis en liberté faute de preuve, mais que des innocents soient condamnés à tort. Je ne suis pas d'accord. Pour moi, l'échec de la justice, c'est l'impunité des coupables.
La seule chose pire que de mourir, c'était d'être oublié.
La vie m’avait appris très jeune que la seule façon de ne pas être déçue, c’est d’envisager le pire de la part des gens qui nous entourent.
Quand on est anarchiste, on n' achète pas son blouson tête de mort chez Zadig et Voltaire.
La boum a été une réussite. Les garçons avaient mis du gel et du déodorant, les filles du gloss et du parfum à la fleur d'oranger. La musique était gérée par Alexis Girard, un seconde qui ambitionnait de devenir DJ plus tard, ce qui lui avait valu une invitation. Les frères Chevalier ont dansé avec toutes les filles présentes au son d'Aqua, de Manau, de MC Solaar, des Poetic Lover et des Worlds Apart (de toute évidence, avec une sélection pareille, Alexis Girard n'est jamais devenu DJ).
Angélique et Sarah sont devenus populaires par contagion. Angélique était belle, Sarah était riche, et Éric Chevalier leur adressait la parole. Au collège comme dans la vie, il n'en fallait pas plus pour être quelqu'un d'important.
Avec Julie, elle s'est découvert une passion pour les magazines féminins et s'est mise à engloutir Jeune et Jolie, Fan 2 et 20 ans, comme des fondants au chocolat. Grâce à cette littérature de haut vol, elle avait, à quatorze ans, les compétences en eye-liner d'une maquilleuse de Hollywood, les acquis théoriques sur "comment satisfaire un mec au lit" d'une sexologue en fin de carrière et elle aurait pu écrire l'équivalent de l'Encyclopaedia Universalis de conseils beauté et minceur.
Jusqu'ici, nous n'avions jamais touché au passé. Les serments, les confidences de cette époque n'étaient jamais ressortis. C'était comme une règle tacite : à la guerre, tous les coups sont permis, sauf la désacralisation de ces souvenirs-là.
[...]pour rentrer dans le moule, il fallait être une tarte.