Je l'ai lu pour comprendre cette fameuse "droite alternative" que nous propose l'auteur (étant moi-même de droite, sans populisme cela dit). Je n'ai trouvé qu'une sorte de brochure politicienne dans laquelle, mise à part des attaques usées contre notre système politique actuel, on ne retient pas grand chose (aucune proposition, aucune critique systémique).
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La France a ceci de particulier que la défiance lancinante envers les pouvoirs publics, et envers l’État de manière générale, n’a d’égale que le consentement presque toujours unanime que peuvent rencontrer ses injonctions, dès lors que celles-ci savent se draper dans l’étoffe rougeoyante du salut public et brandir l’étendard azuré de l’intérêt national.
C’est dans cet apparent paradoxe que se niche la notion subtile de citoyenneté à la française, tantôt bravache et impétueuse, tantôt exaltée et flamboyante, mais ne renâclant jamais au sacrifice suprême lorsque l’essentiel est en jeu. Cette singularité fait de la France une nation à part, assurément la plus politique du monde, et intrinsèquement attachée aux institutions qu’elle s’est données, aussi imparfaites soient-elles. Mais cette communauté de destin est en crise. Les maux qui l’affligent sont anciens et profonds. Ils s’enracinent dans une métaphysique de l’illimité et la dénaturation de la notion de liberté, dans la défaillance du principe d’autorité et la récusation de notre souveraineté, dans la remise en cause de notre identité millénaire et la falsification de notre narration collective. Dès lors, on conçoit sans peine que les bavardages, les réformettes et les tentatives maladroites de replâtrage qui emplissent par centaines les programmes des partis d’hier, toutes tendances confondues, ne puissent en rien rencontrer une quelconque aspiration populaire, tant ils témoignent d’un esprit de capitulation et d’impuissance caractéristique d’une classe politique démissionnaire et si étrangère à notre esprit national. [...]
Aucun régime n’est neutre, et la République ne fait pas exception. Tout édifice institutionnel procède d’une vision du monde, reflète les circonstances du moment et répond aux aspirations d’une génération donnée. Le projet porté par la droite alternative, et dont nous avons voulu définir dans ce Manifeste les principales lignes de force, ne déroge pas à cette règle et assume l’ambition d’instaurer un État nouveau, que nous qualifierons de national-démocrate. National d’abord, car la nation est par excellence, en vertu de l’Histoire et de ses caractéristiques géographiques et culturelles, l’espace privilégié d’expression et d’exercice de la souveraineté, et parce qu’elle se réfère, par sa définition même, à un héritage identitaire et à une filiation historique qui ne souffre d’aucune équivoque. Démocrate ensuite, car c’est la souveraineté populaire, et elle seule, qui fonde la légitimité des pouvoirs publics et de la loi, et qui est la condition indispensable de la cohésion et de l’unité nationale dont nul n’ignore qu’elles sont des conquêtes précaires et fragiles. Ces deux notions sont donc indissociables et c’est précisément parce qu’elles furent peu à peu vidées de leur substance, détournées de leur objet, et escamotées par près de cinq décennies d’inconséquences qu’il convient aujourd’hui de les réhabiliter pour en faire les piliers d’un nouvel ordre institutionnel.
Ontologiquement, la droite alternative n’est ni une construction intellectuelle abstraite, ni une doctrine à prétention moraliste. Il s’agit d’abord d’une démarche pragmatique et réaliste qui part du réel intelligible pour en déduire des attitudes adaptées à la situation présente en se défaussant des préjugés univoques, des nostalgies incapacitantes et des complexes idéologiques. En cela, la droite alternative est d’abord une force de transgression des abstractions moralisatrices de la gauche progressiste autant que des lubies conformistes et surannées de la droite républicaine. Elle représente une volonté de penser le commun dans des catégories nouvelles qui échappent au discours dominant pour renouer avec les principes fondateurs et impérissables de la philosophie politique. En somme, la proposition de la droite alternative est celle d’une politique de civilisation qui se défie de toute forme de totalitarisme, qu’il soit technologique, marchand, étatique ou encore progressiste, qui oppose au culte de l’instantanéité le primat du temps long et de la perspective diachronique, qui conjure le processus nihiliste de réification du monde en y substituant le sens au rapport et l’organicisme au mécanicisme, et qui dénie leur légitimité aux élites politico-médiatiques et à leurs infrastructures pour réinstituer le peuple en tant que sujet historique et la nation en tant que volonté de puissance.
L’identité, la souveraineté, l’autorité et la liberté en constituent ainsi les quatre points cardinaux. La résilience, son point focal. La droite alternative est donc, fondamentalement, une écologie politique, au sens premier de ce terme, puisqu’elle place au coeur de son analyse les enjeux d’enracinement identitaire, de contexte environnemental, d’autonomie effective et de permanence anthropologique dans toutes leurs dimensions et leurs équilibres naturels. Il n’est donc pas question ici de régression, de reflux ou de réaction, mais bien plutôt de dépassement, de reconquête et de refondation. La droite alternative apporte ainsi une réponse révolutionnaire - là encore, au sens premier de ce terme - à la profonde crise de sens qui traverse la société occidentale, en ce qu’elle se refuse à travestir le réel et à voir dans la mondialisation libérale autre chose que la plus vaste entreprise jamais conçue d’asservissement simultané de l’homme et de la nature au processus global d’uniformisation marchande et de déracinement symbolique, et qu’elle lui oppose une vision du monde innervée des principes intangibles et ataviques de la civilisation européenne au premier rang desquels se hisse celui de la res publica.
En quelques heures, le mot d’ordre "Black Lives Matter" devint l’épicentre de l’attention médiatique et le point de ralliement de toutes les forces subversives. Des émeutes éclatèrent dans plus d’une centaine de villes des États-Unis. Dans les capitales européennes, des mobilisations furent "spontanément" organisées, rassemblant des dizaines de milliers de manifestants essentiellement immigrés, au mépris des règles sanitaires de distanciation physique qui perduraient pourtant et dont ils furent curieusement exemptés. Partout, les cortèges laissèrent dans leurs sillages des monuments vandalisés, des commerces incendiés et des devantures saccagées. Dans une même confusion revendicative, on y fustigea les "violences policières" le "racisme systémique", on dénonça la "colonisation", "l’exploitation de l’Afrique" et les "discriminations", autant de crimes impardonnables et imprescriptibles dont seraient intrinsèquement et exclusivement coupables les sociétés blanches européennes.
À l’instar du mouvement néo-féministe "Me too" qui dénonçait "l’explosion des violences masculines" et "l’oppression patriarcale", l’essentialisation du statut de victime comme de celui d’agresseur y tint lieu de principale axiomatique. D’un fait-divers lointain, aux circonstances encore floues, on déduisit un fait social à la portée universelle indiscutable et face auquel il devint nécessaire de s’incliner et de légiférer. Les fondements juridiques du contradictoire, de la prescription ou de la présomption d’innocence furent brusquement éclipsés à mesure que cliquetait l’engrenage bien rôdé de l’emballement médiatique qui entraînait avec lui le balancier des contritions politiques, dévoilant au gré de ses oscillations l’ampleur du processus de "sécession des élites" décrit par Christopher Lasch il y a déjà vingt-cinq ans.