Tout d'abord, je remercie Babelio ainsi que les éditions "Lemieux" pour m'avoir fait découvrir ce roman via "Masse Critique".
Le titre m'intriguait, de même que la couverture et l'envie de lire cet auteure que je ne connaissais pas. Et pour cause, il s'agit de son premier roman.
Sans revenir sur le résumé, bien décrit dans la quatrième de couverture, le roman se déroule dans un futur assez proche (quelques dizaines d'années je dirais). En dehors de quelques avancées technologiques, ce n'est pas tant l'environnement qui a changé que l'organisation de la société. Face aux différentes pénuries et à l'évolution du monde, les hommes doivent faire face à certains changements. Petit à petit, les habitants des campagnes et des périphéries ont migrés, certains par choix, d'autres plus contraint pour survivre, vers les grandes villes. Seuls quelques "irréductibles" continuent à vivre en dehors de ces agglomérations géantes et produisent encore de la viande. Dans cette société du futur, la chair animale n'a plus autant de succès, à la fois parce qu'elle est devenue inaccessible au commun des mortels mais aussi parce que les moeurs évoluent et que se nourrir de viande est devenu primaire et "bestial".
Seuls quelques riches peuvent donc encore se permettre de goûter à ce met de luxe. La société trouvant des alternatives protéinées plus ou moins appréciées: insectes, aliments et viande de synthèse.
Le roman suit une partie du parcours de quelques protagonistes évoluant autour d'une zone dédiée à l'élevage bovin. Une journaliste puis plusieurs autre scientifique, chercheur et investisseurs vont interagir avec la famille s'occupant de cette ferme de bétail.
Que dire de ce roman?
J'ai aimé le style du roman, façon conte onirique mais sans jamais décoller vers l'improbable ou l'impossible.
L'histoire est décrite à la fois de manière un peu philosophique mais aussi et surtout de manière très réaliste.
Par moment, j'ai eu l'impression de me retrouver dans un roman de
Zola futuriste, dans le sens où tout est raconté tel qu'il est ou tel que l'auteur l'aurait vu si elle avait été présente sur place.
Les animaux qui portent des noms d'humains et qui, au final, semble bien plus sensibles, réfléchis et nobles que certains des protagonistes ont augmenté cette impression.
Le récit débute au milieu de l'histoire de ces personnes et de cette ferme et se termine également au milieu de quelque chose... Encore une fois, cela m'a rappelé le style d'écriture de certains écrivains d'une autre époque, j'ai beaucoup aimé.
En ce qui concerne ce que le roman aurait pu offrir et qui m'a manqué, je dirais que j'attendais peut être que la réflexion sur la place de l'animal, de l'homme et du lien à la terre soit plus approfondie. Les taureaux du romans semblaient avoir des choses à dire et sont retournés à la terre avant d'avoir pu s'exprimer. La réflexion sur les appétits de l'homme pour la chair (dans tous les sens du terme) est bien là également mais souffre aussi d'un manque d'approfondissement. A moins que ce ne soit justement la volonté de l'auteure? Laisser le lecteur sur sa faim pour méditer plus avant sur cette fable carnivore?