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EAN : 9782226283511
182 pages
Albin Michel (19/03/2013)
5/5   1 notes
Résumé :
Ce livre ne relève ni du « genre » de l'histoire romancée, ni du roman historique : c'est tout simplement de l'histoire pure racontée par un romancier, c'est-à-dire les faits, présentés dans leur nudité et leur exactitude historique, par un écrivain qui sait admirablement raconter une histoire. La part du romancier se limite au talent avec lequel le récit est fait, à la vivacité des images, à la rapidité du mouvement. Quoique plusieurs règnes défilent sous nos yeux,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
"Tout a toujours été très mal" enseignait l'historien Jacques Bainville ... et c'est ce que démontrait Roger Vercel en 1954, en racontant la révolte des légionnaires romains en l'an 18 après JC, (déjà pour les retraites), le pronunciamiento de Macron de l'an 31 et la corruption d'une époque qui est aussi celle de la crucifixion de Notre Seigneur et de l'annonce de la rédemption.

Agrippine, impératrice romaine, est la fille du général romain Germanicus et d'Agrippine l'Aînée. Née en 16, elle est soeur de Caligula, épouse de l'empereur Claude et mère de Néron, né d'un premier mariage. Néron la fait assassiner en 59.

Selon une tradition, elle aurait dit au centurion venu la tuer : « Frappe au ventre qui a porté ce monstre ».

Femme la plus puissante depuis la fondation de Rome jusqu'au début du IIIe siècle, Agrippine est considérée comme une mère indigne, une femme fatale, mais surtout comme une politique redoutable, calculatrice et manipulatrice, à côté de laquelle le prince de Machiavel fait figure de débutant….

Figure historique légendaire, héroïne de Racine, Agrippine renait sous la plume de Roger Vercel qui signe un magnifique roman historique et démontre ainsi qu'il n'est pas seulement le plus grand écrivain maritime français du XX° siècle.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
On arrive ainsi au 18 octobre 31. Il est très tard; ce soir-là pourtant Domitius Ahenobarbus, le mari de la jeune Agrippine, ne fait que rentrer du Sénat. Il se promène de long en large sur la mosaïque éclatante et il raconte à sa femme, frémissante, le drame foudroyant.

— Macron, un chef des prétoriens, est arrivé de nuit, hier. Immédiatement, conseil de guerre avec le consul et le préfet des cohortes vigiles...

Agrippine avait insensiblement haussé les sourcils, en entendant parler des pompiers... Elle ne comprenait pas bien quelle aide pouvaient apporter dans la lutte contre Séjan, les siphonarii avec leurs pompes à incendie, et encore moins les emitularii, chargés de disposer sur le sol des matelas pour amortir la chute des personnes qui sauteraient. Mais elle se souvint que les vigiles étaient aussi chargés des rondes de nuit et de la sûreté générale. Ils avaient souvent affaire aux coupe-jarrets de la ville, donc ils savaient se battre, à l'occasion. Enfin, ils étaient sept mille et jalousaient fort les prétoriens. Son mari continuait :

— C'est sur l'ordre de Macron que, dès le matin, des affidés répandent la nouvelle : le crédit de Séjan est plus grand que jamais. Macron a rapporté des lettres de Caprée, et Tibère associe Séjan à la puissance tribunitienne !... Lui, naturellement, c'est ivre de joie qu'il se présente à la porte du temple d'Apollon, où le Sénat devait se réunir. Derrière lui, des prétoriens, et en nombre !...

Macron a été admirable : il a joué d'audace avec un sang-froid!... Il a salué Séjan et l'a pris à l'écart :

— Ne vous inquiétez pas, lui a-t-il dit, de ce que l'empereur ne vous ait point écrit... Il vous associe à la puissance tribunitienne, mais il a voulu laisser aux consuls le plaisir de vous l'apprendre. Je vais leur remettre en mains propres les ordres » de l’empereur...

Comment se serait-il douté ?... Il fait une entrée triomphale dans la Curie, tandis que Macron s'attarde un peu sur le péristyle du temple et appelle à lui les centurions des prétoriens. Dès qu'ils ont formé le cercle, il leur sort le message de Tibère qui le nomme préfet du prétoire. C'est lui maintenant leur chef : demi-tour et point de direction, le cantonnement, où les attend une gratification. La garde aux portes du Sénat sera assurée par les vigiles... Le tout n’a pas duré cinq minutes...
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— Alors, quoi ! dit-il, ça va encore durer longtemps ? C'est esclaves, alors, qu'on est ?... Des mulets !... Il y en a ici qui ont sué leur viande pendant trente ans dans leur cuirasse et pour quoi ? Je vais vous le dire : pour dix as par jour. Ta peau vaut moins cher que celle d'un vieux bouc ! Et là-dessus, il faut que tu te fringues, que tu t'équipes, que tu paies à boire aux centurions pour qu'ils ne cognent pas toujours sur le même, que tu leur refiles la pièce pour la moindre exemption de service. A ta retraite, s'ils n’ont pas réussi à t’avoir la peau, ils te donneront des terres... Des terres ! Ah là là !... Un bout de marais puant, où tu grelotteras la fièvre, un arpent de cailloux à défricher ! Est-ce que tu ne vaux pas tous les jours les prétoriens qui, eux, leur en jettent plein la vue, à Rome ; avec leurs cuirasses à écailles, leurs boucliers niellés, leurs casques d'argent à plumet rouge ? Toi, tu t’appuies les coups durs ! Eux, pour un simple service de place, pour escorter toutes les peaux du palais à la porte de leurs amants, ils gagnent leurs deux deniers et on leur donne leur retraite à seize ans de service ! A cinquante-six ans, toi, là, le vieux, tu attends encore la tienne !

L'interpellé, un balafré au poil gris, se racla longuement la gorge et cracha. La première veille s'achevait et on entendait hennir du côté de l'infirmerie des chevaux. Un vétéran qui avait gardé sa cuirasse où s'attachaient quatre phalères, des décorations gagnées en Espagne et chez les Sicambres, haussa lourdement les épaules :
— Ça dure depuis toujours. Tu n'y changeras rien !

Le harangueur se retourna, comme piqué :
— Ça ne changera pas si tu ne changes pas, eh, fossoyeur ! Ah! si vous vouliez !... Qui est-ce qui tient l’empire dans sa main ? Cest vous ! Sans vous autres, les légions germaniques, les chariots des barbares rouleraient dans quinze jours sur la voie Emilienne !... Quand un imperator veut un surnom illustre, il s'appelle, comme le nôtre, Germanicus !... Après ça, vous, les vieux, vous n'avez pas gagné votre congé ? Nous, les jeunes, on n'a pas gagné la solde prétorienne ?... La retraite, après seize ans de service et deux deniers par jour, voilà ce qu'il faut exiger !
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Macron, préfet du prétoire, grâce à qui il régnait et qui, du vivant de Tibère, lui avait trois fois sauvé la vie, s'était permis, lui aussi, quelques observatiens. Caligula qui adorait parader, n'avait cependant rien de ce qu'il fallait pour séduire la foule : sa mine farouche, son air inquiet, ses questions choquantes ou incohérentes le rendaient très difficile à montrer. Macron, que ses fonctions attachaient à sa personne, s'employait, en public, à l'avertir d'un signe, d'un clin d'œil, d'un mot. Ces leçons de maintien le rendirent très vite odieux. Puis il eut l'imprudence de se vanter un peu trop haut.

— Il est mon ouvrage, disait-il de l'empereur. C'est moi qui lui ai mis la couronne sur la tête. Rien n'était plus exact, mais c'était cependant la dernière chose à rappeler et Macron, qui ne semble pas s'être douté de la folie de son maître, ni s'être suffisamment gardé, fut tué sans difficulté... Sa femme, Ennia Naevia, qu'il avait offerte à Caligula, jadis à Caprée, comme don de joyeux avènement, fut exécutée. Caligula expliqua qu'ils faisaient tous deux commerce de débauche et de prostitution : c'était vrai, car le couple lui servait de pourvoyeurs.
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