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Critique de dourvach


Qu'ajouter à vos critiques enthousiastes, les amis ?

Que "Le Sphynx des Glaces" (1897) est EFFECTIVEMENT un magnifique roman d'aventures en tous points digne d'être la très "logique" continuation des toujours étonnantes et très étranges "Aventures d'Arthur Gordon Pym de Nantucket" d'Edgar Allan POE - qui constituait en 1828, à son insu, une sorte de "Tome I" de ce "Diptyque Antarctidien" poesque-vernien...

La verve narrative du "Sphynx" évoque pour nous celle de "L'île au Trésor" ("Treasure's Island", 1881) ou du "Maître de Ballantrae" ("The Master of Ballantrae", 1889) de Robert-Louis STEVENSON... voire même - dans un registre sensiblement plus cruel - celle de "Au coeur des Ténèbres" ("Heart of Darkness", 1899), de "Typhon" ("Typhoon", 1903) ou de "La Ligne d'Ombre" ("The Shadow Line", 1917) de ce bon Joseph CONRAD, qui "avait vécu" avant que d'écrire - tel notre natif de Nantes - afin de ne point risquer d'écrire pour ne rien dire...

Tous les vrais "fans" du Grand Jules VERNE (1828-1905) aiment jusqu'aux grands défauts et petites faiblesses de l'Oeuvre vernienne (Tenez, rappelez-moi le chiffre de ses "Voyages Extraordinaires" : près de soixante-dix, n'est-ce pas ?) ; jusqu'à ses rituels incorrigibles et très naïves maladresses... Parce qu'il y a de la Matière. du total respect pour son lecteur. L'artisan est solide et consciencieux, son positivisme a forgé pour nous un Continent à Rêves à réaliser sans délais...

Bien sûr, une ou deux fois, on sait que l'honnête forgeron s'était un peu "oublié" : et nous avions bien ri de voir combien certains étaient ressortis - fatalement - épuisés voire traumatisés des "ressources" énumératives botaniques et zoologiques de Vingt-Mille Lieues sous les mers" (1865) - Ah, ces imparables techniques de "remplissage énumératif" - à base de cet inépuisable matériau tiré des encyclopédies de son temps : elles ne concernaient évidemment pas que les seuls ballasts du "Nautilus"... "Mais là, non !" (comme disait Coluche) et même "Pôs du tout !"... Ici l'artisan a un long savoir-faire derrière lui et ne renouvellerait jamais les petites facilités du passé...

Et il adore son "modèle", sa base fictive, son plancton nutritif (le roman de Poe), il le soigne, le cite sans cesse, en parle avec un infini respect - par la psyché et la "voix-off" de son narrateur-mécène Jeorling, "l'embarqué pour le Pôle"...

Et "ça" fonctionne et fictionne vraiment ! On se frictionne avec icebergs et icefields... On est prêt à y croire - et même TOUT croire !

Ce Pôle Sud franchi dans la brume.... le magnétisme du Sphynx qui a cloué "ce pauvre Pym" avec son fusil métallique en bandoulière - telle une figure christique ou une mouche agonisant interminablement, pitoyablement engluée dans ce papier tue-mouche jaunâtre de "La campagne" de nos souvenirs... Les frères Capitaines Len Guy (pour la goélette "Hallbrane") et William Guy (pour la goélette "Jane" disparue), Jem West le lieutenant fidèle, ou ce bavard de "boute-en train" de bosseman Hurliguerly, ou encore l'étrange Hunt, nain qui se re-transformera en Dirk Peters, malade de se souvenir qu'il a dû tuer et manger la chair d'un camarade dans le terrible roman de POE...

L'emploi des termes techniques maritimes, ici d'une richesse infinie, ne gêne aucunement la lecture : faisant partie de la technique picturale de toute "Marine"...

Ce Pôle austral du "Sphynx" (roman de l'extrême maturité) est, bien sûr, aux antipodes existentielles de la revigorante fraîcheur narrative du Pôle boréal des "Voyages et Aventures du Capitaine Hatteras"(1864) imaginé par l'alors jeune Verne - roman si justement vanté et célébré par Julien GRACQ... Bref, on ne s'y ennuiera là, non plus, pas une once, au cours de cette longue traversée des 32 chapitres du "Sphynx" (divisé en deux Parties de XVI chapitres dûment titrés à l'Ancienne - encore un plaisir devenu bien rare, de nos jours !).

Et les 68 illustrations de Georges ROUX sont splendides, inoubliables, d'une finesse indescriptibles...

Disons donc encore plus clairement la chose ! Messieurs Jules VERNE,Pierre-Jules HETZEL et Georges ROUX, nous vous disons chaleureusement (pas moins de cent vingt-trois années plus tard) : "Encore merci !" :-)
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