Bob Morane, tome 29 : Les géants de la Taïga

Une présence à ses côtés fit soudain sursauter le voyageur. Un homme aux yeux bridés, qui portait une casquette d’officier verdie et déformée, se tenait debout non loin de lui. Une sorte de Mongol mâtiné de Britannique à en juger par ses cheveux d’un blond filasse dont les mèches folles jaillissaient de dessous la casquette, et aussi par son épaisse moustache à l’Écossaise, blonde également, qui tranchait sur son visage bronzé, telle une touffe d’étoupe collée à l’aveuglette sur un masque de carnaval.
— Peut-être, monsieur Morane, serait-il temps de songer à boucler vos bagages, fit l’homme à la casquette dans un mauvais anglais où, de temps à autre, un mot de pidgin émergeait tel un récif dans une mer démontée. Dans quelques heures, nous pénétrerons dans le port d’Okhotsk et, si vous ne voulez pas manquer l’arrivée…
— Je ne la manquerai pas, soyez sans crainte, commandant Zolym. Pour rien au monde, je ne le voudrais. En ce qui concerne les bagages, rien ne presse car j’ai bouclé un nombre respectable de malles et de valises au cours de mon existence, et je suis passé maître en ce sport…
Le commandant Zolym hocha la tête avec indifférence.

Derrière les monts Djougdjour, le soleil lançait droit dans le ciel les faisceaux de ses rayons qui, tels de gigantesques pinceaux, badigeonnaient d'or liquide quelques groupes de nuages bas venus de la mer. Réfléchie par ces nuages, la lumière illuminait les eaux calmes de la baie qui se mettait à ressembler à une gigantesque pièce de bronze souigneusement polie.

Une folle terreur s'est emparée des populations primitives de la taïga sibérienne, où des souris géantes ravagent les récoltes et détruisent les habitations.
Ce sera bien malgré que Bob Morane croisera la piste de ces monstres déchaînés et celle de l'être démoniaque qui leur a donné vie, le mystérieux Mantu, "celui qui vit sous terre"...
(quatrième de couverture du volume paru aux éditions "Marabout Junior" en 1962)

On ne contrecarre pas la nature sans que celle-ci ne se révolte un jour, ne prenne une revanche souvent insidueuse, parfois terrible.