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Critique de de


« le mouvement des femmes a été à l'origine d'une effervescence théorique qui s'est traduite par la production d'un corpus de concepts extrêmement riche. Ces élaborations ont permis de rompre avec l'idéologie de la complémentarité ”naturelle” des sexes, de penser les rapports antagoniques entre le groupe des hommes et celui des femmes dans le but de les transformer. » Roland Pfefferkorn présente son livre : « L'objectif est de rendre compte de la diversité, de la richesse et des limites des analyses produites par les différents courants et auteures féministes et de rappeler quelques-uns des débats qui ont traversé le mouvement des femmes ».

Corpus très riche : patriarcat, mode de production domestique, travail domestique, travail productif et reproductif, échange économico-sexuel, division sexuelle du travail, sexe social, sexage, classe de sexe, etc… « La diversité des conceptualisations tient d'abord au caractère multidimensionnel de l'oppression qui renvoie à la fois à l'exploitation, à la domination, à la discrimination et à la stigmatisation. »

Quelques auteures : Christine Delphy, Nicole-Claude Mathieu, Colette Guillaumin, Paola Tabet, Danielle Kergoat, Helena Hirata, Delphine Gardey, Ilana Löwy, Eleni Varikas, Jules Falquet, Elsa Dorlin, etc…

Sans partager toutes les présentations de l'auteur, je tiens néanmoins à souligner sa volonté d'exhaustivité et la clarté de l'exposé. Sa critique des dérives autour du concept de genre, tout en étant juste, sous-estime les ambiguïtés des autres formulations, en particulier dans le monde universitaire. le problème n'est pas, à mon avis, lié au sens multiple des mots, mais à leurs usages séparés du point de vue des femmes, du féministe, comme pratique subversive de l'organisation sociale. Dans le dernier chapitre « Division sexuelle du travail et rapports sociaux de sexe », l'auteur argumente sur la pertinence et sa préférence pour l'utilisation du concept de rapports sociaux de sexe, son lien avec la division sexuelle du travail, le travail pouvant être défini comme la« production de la société ».

Je partage ce que dit Danielle Kergoat et l'auteur sur les caractères consubstantiels et co-extensifs des rapports sociaux : « en se déployant, les rapports sociaux de classe, de genre, de ”race”, se reproduisent et se co-produisent mutuellement ».

Cependant, rien n'assure que cette conceptualisation permette à elle seule, de ne pas oublier le féminisme dans les orientations stratégiques émancipatrices, sans parler des débats politiques concrets.

Quoiqu'il en soit, je ne pense pas qu'un concept puisse totalement, intégrer, d'un coté les dimensions variées de l'asymétrie, de l'exploitation, de la domination, de l'oppression et de l'autre, permettre d'exprimer les leviers possibles de l'émancipation.
« L'oppression des femmes résulte d'un fonctionnement systémique qui n'est en aucun cas réductible au système capitaliste », Il est donc regrettable que les dimensions sexuées des rapports sociaux ne soient pas systématiquement pris en compte par les universitaires et les groupes se réclamant de l'émancipation.

Cette courte mais dense présentation des théorisations matérialistes féministes, « construire des concepts nouveaux pour penser les rapports antagoniques entre la classe des hommes et celle des femmes », me semble à la fois synthétique et suffisamment diversifiée, pour une première approche de l'histoire de certains débats. Elle ne saurait dispenser de lire et d'étudier les textes produits par les féministes elles-mêmes.
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