AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,16

sur 9081 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
D'emblée, la femme de la couverture est belle. Sa blondeur sage, le col roulé noir, la cigarette à la main… un sourire à peine esquissé et puis ce regard, que vise-t-il ? Vers quel horizon se porte-t-il ?

Oui, d'emblée on est séduit par cette femme, et le titre du récit, Rien ne s'oppose à la nuit, finit de l'enfermer dans un mystère éternel.

Cette femme, c'est la mère de l'auteur, une mère particulière, comme elles le sont toutes pour leurs enfants.

Delphine de Vigan brosse le portrait de sa mère, et de sa famille, remontant les souvenirs comme on remonte un fleuve, avec ce qu'ils charrient de bon et de mauvais. Ces bagages, lourds, légers, qui font le portrait intime et réel des êtres à part.

Lucile est à part. Et l'est restée jusqu'ou jour où elle a décidé de se donner la mort.

L'auteur parle de trouble bipolaire, pour décrire les failles de toute une vie. Je ne sais pas si ce diagnostic filiale est juste, peu importe. Il s'agit du regard d'une fille qui porte le souvenir de sa mère, comme un testament, comme l'exécutrice légale d'une vie bleue-noire.

Il y a des couleurs dans ce récit. Je me suis rappelé Rimbaud avec ses correspondances. Bleue-noire, comme la musique de Bashung qui donne son titre au roman. Bleue-noire comme cette palette de couleurs qui s'impose à moi quand je pense à Lucile, racontée par sa fille. Bleue-noire la vie brûlée par les deux bouts. Bleue-noire comme la culpabilité et la souffrance, et ces épisodes terribles, qu'on lit en s'accrochant aux pages, le vertige accaparant le lecteur comme au bord d'un gouffre d'incompréhension.

Il est de ces récits qui n'entendent pas se laisser résumer. Que dire ? C'est l'exposé-discussion de toute une famille, un matriarcat imposant, une fourmilière de personnalités, joyeuses et débordantes, tristes et heureuses, et au milieu se dresse, lumineuse, la figure de Lucile.

J'ai eu du mal, longtemps après sa lecture, à trouver les mots pour en parler, et je les cherche encore. Je sais juste que j'ai une tendresse immense pour ces personnes qui ne savent pas comment vivre. Et l'on peut avoir toutes les meilleures raisons du monde d'être heureux et comblés, il y a de ces failles qui ne s'expliquent pas comme on le voudrait. Il est de ces failles qui font la beauté et la sensibilité des gens les plus intéressants. Mais qui font aussi leur malheur, ainsi que celui de leur entourage.

J'ai de l'indulgence pour ces failles, qui sont la marque des gens incapables de vivre dans ce monde sans ressentir l'inexplicable poids de toutes les misères humaines. Il n'st pire souffrance que celle qui ne trouvent pas de source rationnelle aux yeux des autres. Comprendre Lucile est la quête de l'auteur, comprendre et se pardonner, lui pardonner peut-être.

Lire ce récit m'a heurtée, parce que je me suis reconnue, toutes proportions gardées, dans quelques traits de Lucile. Cette incapacité à vivre, ces brusques bouffées d'espérances et de folie, avant de mieux sombrer, autant de raison de lui porter la même indulgence que j'ai à mon égard.

La différence, c'est peut-être que j'essaie de changer deux ou trois petites choses, pour ne pas laisser le galion sombrer totalement.

Un récit d'amour pour la Mère, comme la littérature nous en offre quelquefois.
Commenter  J’apprécie          30912
On ne peut que souhaiter bonne route à Delphine de Vigan après qu'elle se soit, on l'espère, allégée d'un pareil fardeau. Car au-delà de ce portrait en creux de Lucile, sa mère, c'est bien sûr aussi sa propre histoire qu'elle nous livre. Et cette famille hors-normes, moi, je ne l'ai trouvée ni touchante ni sympathique, n'y devinant que des individualités occultées, asphyxiées par l'égocentrisme, l'indifférence ou les non-dits, au prétexte d'une apparente unité familiale censée forcer l'admiration de tous.

C'est mon ressenti essentiel au sortir de ce livre.

Au-delà de ce sentiment inconfortable, on est touché par l'écriture de cette femme au passé si douloureux. Comme elle le dit si bien, il n'est pas très original d'écrire sur sa mère, mais la façon dont elle évoque ses recherches et ses découvertes, ses errances et ses doutes, en fait un récit plutôt atypique, humble, vivant, et surtout très attachant.


Lien : HTTP://MINIMALYKS.TUMBLR.COM/
Commenter  J’apprécie          2184
Ce livre laisse des traces. Je l'ai refermé la larme au coin de l'oeil.

Cette recherche d'une mère …

Cette recherche d'une certaine forme de vérité littéraire. Pour raconter, reconstruire cette mère imparfaite. Tant aimée.

Ce livre a beaucoup été critiqué. Je ne comprends pas bien pourquoi. de faux procès car écrire pour exorciser, pour comprendre, combien l'on fait avant elle sans s'attirer les foudres des critiques en tous genres.

Delphine de Vigan m'a emporté avec elle.

Delphine de Vigan est un auteur qui compte pour moi. Car elle donne de toute son âme et il en faut en tout cas du courage pour écrire un tel roman, cette folle fuite en avant.

Ce livre est un cri d'amour. Que dis-je, un hurlement.

Dans la nuit.

Lien : https://labibliothequedejuju..
Commenter  J’apprécie          17117
Voici un livre que j'ai ouvert avec méfiance, une méfiance double, d'abord en raison de l'engouement général qu'il suscite… (on est parfois déçu !), pour le sujet ensuite, qui peut laisser craindre le déballage impudique… J'ai bien vite oublié ma méfiance : brillant, tendre, pudique et bouleversant, voici ce qui me vient à l'esprit après l'avoir refermé.
Evoquer la folie de sa mère est une gageure : parler de sa famille, comme le dit Delphine de Vigan, expose au conflit, mais parler de la tragédie qui a ravagé toute sa famille, décortiquer les raisons qui ont pu provoquer cette folie, voilà qui relève de l'acrobatie et suppose une bonne dose de courage, un besoin impérieux de comprendre, de déculpabiliser, de guérir…
Delphine de Vigan nous raconte sa mère et sa famille, cette famille fantasque, haute en couleurs, improbable, merveilleusement gaie, vivante et pourtant traversée par des tragédies précoces et annonciatrices d'autres drames. Avec beaucoup de justesse, elle nous parle des siens et l'on ne peut que s'attacher à ces grands-parents hors-norme, cette fratrie nombreuse et indisciplinée, cette mère dont elle traque toutes les bizarreries.
Elle brosse le portrait d'une femme délirante, une mère absente, qui à force de courage deviendra une femme indépendante et une grand-mère farfelue et aimante, et on peut sentir toute la tendresse et l'admiration qui sous-tendent ce portrait en dépit de la souffrance, de la peur de voir revenir les délires…
J'imagine assez bien le bénéfice thérapeutique d'une telle lecture pour toute la famille de Delphine de Vigan, mais aussi pour tous les lecteurs, et ils sont probablement nombreux, qui ont été confrontés éventuellement à un proche bipolaire ou malheureux simplement de leurs héritages familiaux.
Commenter  J’apprécie          820
Delphine de Vigan tente de nous raconter ici, le plus objectivement possible, l'histoire de sa mère, Lucile, qu'elle a perdu deux ans auparavant. Je dis «tente» parce qu'elle sait très bien, elle-même, que lorsqu'on raconte sa mère, l'objectivité n'est pas facile.
Aidée par les témoignages de ses oncles et tantes, elle commence son récit dans leur enfance, alors que sa mère est la coqueluche des publicitaires et que ses séances de photographie aident à faire bouillir la marmite.
Elle sème tout au long de son récit les bizarreries de Lucile (et de sa famille !), et ceci ressemble de plus en plus à une maladie : la bipolarité. Elle raconte, depuis ses souvenirs d'enfance, les délires de sa mère, les hospitalisations, les traitements, l'arrêt des médicaments, l'angoisse...
Comme un peintre, elle met des touches de couleurs patiemment... et le portrait prend forme...
On voit naître cette femme sous nos yeux, on la voit vivre... et mourir.

A plusieurs reprises, au détour d'un nouveau chapitre, Delphine de Vigan prend la parole directement, elle doute, se questionne, elle a peur de faire souffrir ses proches, sa soeur Manon, ses oncles et tantes, elle a peur de ne pas être juste, d'être légèrement à côté, mais elle s'accroche à cette envie viscérale, celle de raconter sa mère. Elle explique sa démarche, elle donne ses sources pour que rien ne nous soit caché, dans une espèce de transparence qui aide à la construction du portrait.
Ces interventions nous la rendent tellement proche, qu'on pourrait presque lui prendre la main, et parfois lui tendre un mouchoir...

Vous l'aurez compris ce livre m'a terriblement émue, touchée... tant par ce qu'il raconte (il y a toujours un peu d'écho dans les bouquins !), que par sa forme si humaine...
Merci à mon amie Soanne qui me l'a glissé dans les mains !




Commenter  J’apprécie          7412
Comme l'on s'assoit avec une amie pour recueillir ses confidences, j'ai écouté Delphine de Vigan me parler de sa mère, Lucile, de sa famille, de ses drames, de ses doutes aussi... de cette lecture forte, voici quelques impressions.

Tout d'abord, le titre : cet extrait d'une chanson d'Alain Bashung est puissamment attractif, comme ces mélodies que l'on ne peut s'extraire du crâne. « Rien ne s'oppose à la nuit » scande l'inéluctabilité du suicide, comme l'auteur en dresse le constat à la fin du livre : lorsque quelqu'un a décidé de mettre fin à ses jours, rien ni personne ne peut l'en dissuader. La chanson est évoquée une seule fois dans le texte, comme un clin d'oeil au lecteur, par l'expression "à l'arrière des berlines" écrite en italique à propos d'un taxi.

L'écriture, ensuite : le vocabulaire est recherché, le style fluide et précis. Je crois volontiers Delphine de Vigan quand elle déclare avoir profité de ses moments de doute, en panne dans la narration, pour revenir sur son texte et repeser chaque mot, tailler, reformuler.

Enfin, la délicatesse et l'humilité du récit. Ecrivant sur la famille nombreuse dont sa mère est issue (9 enfants en comptant 1 adoption) pour évoquer des thèmes aussi difficiles que la perte d'enfants, la folie et l'inceste, l'auteur a su faire preuve d'une admirable retenue. Elle respecte ainsi les proches qui lui ont permis, par leurs témoignages, de reconstituer par fragments la vie de Lucile. Elle prend du recul en livrant parfois d'autres versions du même événement, comme par exemple la mort d'Antonin, le jeune frère de sa mère, premier déclencheur des tragédies familiales. Surtout, elle cherche à s'abstenir de juger, décrivant ce qui ressemble le plus à des faits, exercice d'autant plus difficile qu'elle parle de sa propre famille.

Prenons par exemple Liane, la mère de Lucile, la grand-mère de l'auteur. La lumière met en valeur un brin de femme enthousiaste ayant mis au monde 8 enfants, capable de faire encore le grand écart à 70 ans, ciment de la cellule familiale et adorée de tous. L'ombre révèle les contours d'une femme épuisée qui laissait chaque jour ses enfants au parc pendant 2 heures sans surveillance pour aller dormir. D'une mère meurtrie par la mort de son fils qui n'avait plus la force de s'intéresser à ses autres enfants. D'une épouse tellement attachée aux apparences qu'elle n'a jamais voulu envisager un comportement suspect de son mari face à ses enfants…

Au lecteur, donc, de recenser, entre les ombres et les lumières de l'entourage de Lucile, les causes possibles de sa folie. On peut aussi tout simplement choisir de partager les joies et les peines d'une famille autre que la sienne, trouvant parfois, au coeur du récit, un écho fugitif à sa propre histoire.
Commenter  J’apprécie          552
Je ne comprends pas les reproches virulents faits à Delphine de Vigan pour ce roman sur sa mère. de loin s'en faut, elle n'est pas la première, ni la dernière, à écrire une autofiction familiale, un exercice où le plus important n'est pas tant les faits qui sont rapportés que la manière dont ils le sont.

Dans Rien ne s'oppose à la nuit, l'auteur reconstitue, avec une âpreté non dénuée d'affection, la vie d'une femme belle et fantasque, très tôt tourmentée, au point de frôler souvent la folie qui la conduira au suicide. Pour cette quête, hantée de questionnements sur son bien-fondé, afin de comprendre cette tragédie, Delphine de Vigan a établi une chronique familiale honnête dans laquelle elle n'a pas cherché à travestir la réalité, ni à prendre une quelconque distance. Et c'est précisément ce ton intime et personnel qui rend son écriture touchante et donne sa valeur à cette introspection. Rien ne s'oppose à la nuit, ni à son succès mérité.


Commenter  J’apprécie          540
Dès les premières pages, je fus submergé par ce roman. Je ne sais pas pourquoi j'ai envie ou « besoin » de douceur dans mon esprit, en ce moment !

J'avais peur de lire ce livre. Certaine critique que j'ai lue, le certifier identique à l'ouvrage « les gens heureux lisent et boivent du café de Martin-Lugand » que j'ai rapidement abandonné.
J'ai bien fait d'insister.

C'est une « belle » histoire de famille…
Nous partageons la vie de Lucile, entrecoupée de doute, d'amour, de folie, de maladie et de secret de famille irréparable, relaté par sa fille.
J'ai été bouleversé, ému par cette femme hors du commun. Cette couverture que j'ai entraperçue mainte et mainte fois, je la regarderais d'une autre manière dorénavant.

C'est le premier livre que je lis de Delphine de Vigan et ce ne sera pas le dernier.

Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
Commenter  J’apprécie          508
Difficile de donner son avis (823ème avis), et difficile de donner une note sur ce roman. C'est personnel… Et délicat d'entrer dans une intimité… Même si celle-ci est dévoilée intentionnellement… Nous nous y sentons de trop… Pas à notre place en tout cas...

Un récit biographique intense, bouleversant, courageux et osé. Un ouvrage pour lequel j'ai mis plus de temps que d'habitude à lire… Un ouvrage lourd malgré sa légèreté. Nous sentons bien que Delphine fait face à ses propres démons pour écrire cet ouvrage. Un texte resté, à plusieurs reprises, figé sur pause, sans possibilité pour elle d'écrire davantage. Que ce soit aussi bien un texte, un mot ou une phrase, nous sentons leur poids ainsi que l'effort nécessaire pour réussir à les mettre sur papiers.

La parole est libératrice, nous le savons tous. Mais nous savons aussi que raconter nous inflige à revivre ces scènes… Delphine prend le risque en écrivant cet ouvrage de se replonger… Et de remuer des sentiments « endormis ». Mais le prix de ce risque a finalement le pouvoir de libération.

Delphine D.V. : « Mais plus j'avance, plus j'ai l'intime conviction que je devais le faire, non pas pour réhabiliter, honorer, prouver, rétablir, révéler ou réparer quoi que ce fût, seulement pour m'approcher. À la fois pour moi-même et pour mes enfants sur lesquels pèse, malgré moi, l'écho des peurs et des regrets, je voulais revenir à l'origine des choses.

Et que de cette quête, aussi vaine fût-elle, il reste une trace. »

Un livre dont l'histoire fait écho à la mienne, à celle de ma mère… « Pendant des années, j'avais eu honte de ma mère devant les autres, et j'avais eu honte d'avoir honte ». le souhait de vouloir se détacher de sa mère en faisant en sorte de ne pas lui ressembler ni sur le plan physique ni sur le plan psychologique. Mais détrompez-vous, la majorité du temps dans cet ouvrage, il est question de l'histoire d'une fille qui aime sa mère, et qui à travers ce roman, la garde encore un peu en vie à sa façon. Parce que c'est l'histoire de SA Lucile.

On voit et ressent à quel point il est difficile pour Delphine d'écrire sa mère… Son histoire… Et elle réussit à le faire avec douceur. On voit que c'est avec difficulté qu'elle essaye de reconstituer les fragments que sa maman a livré à chacun pour en recomposer un tout pour ainsi créer cet ouvrage. Une tendresse de récoltes auprès de ses oncles, tantes, frères et soeurs. Comme des notes de musique éparpillés qu'on tente de rassembler pour en faire une chanson.

Lucile… Une femme hors du commun… Elle avait une beauté qui attirait les regards pendant que son coeur saignait…

Pour conclure, Delphine a réussi avec brio de me convaincre que lire une biographie pouvait être enrichissant et bouleversant.
Commenter  J’apprécie          477
Ce roman encensé par la critique m'a laissé sous le coup d'une double impression. Si j'ai été touchée, voire émue par tout ce qui touche à la genèse de cette saga familiale, je n'ai pas réussi à entrer vraiment dans le récit qui retrace l'histoire de Lucie, la mère de la narratrice, et celle de sa famille.
Pourquoi ce double regard ? Cela tient sans doute au fait que les passages où la narratrice parle le mieux des uns et des autres sont ceux où elle évoque ses émotions, ses sentiments, ses craintes, ses doutes et ses colères face à cette famille hors normes, transgressive et porteuse de drames familiaux qui vont jalonner l'enfance et l'adolescence de Lucie et faire d'elle une adulte profondément perturbée.
Autant la petite Lucie, enfant objet puis adolescente trop convoitée par les hommes y compris par son propre père n'existe pas en tant que personnage, autant elle se met à vivre à travers le regard de la narratrice lorsqu'elle évoque son impuissance douloureuse à entrer dans cette souffrance maternelle dont elle porte les stigmates : "la douleur de Lucie a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d'adulte, la douleur de Lucie sans doute nous constitue ma soeur et moi." Même constat lorsque l'auteur souligne combien Lucie est restée toute sa vie tellement prisonnière de ses traumatismes qu'elle n'a jamais pu véritablement en parler autrement que sur le mode pulsionnel : " Elle évoquait parfois ces choses, la mort d'Antonin, celle de Jean-Marc, les photos de l'enfant vedette qu'elle avait été, (...) elle les évoquait avec une violence certaine, mais hors de toute narration, de toute mise en récit, comme elle aurait jeté des pierres pour nous atteindre de plein fouet ou se délester du pire."
Je ressens la même ambivalence de jugement face à ce que la narratrice appelle "la mythologie familiale". Toutes les parties narratives restent très factuelles et s'inscrivent dans une chronologie parfois un peu lassante. Là encore cette famille n'existe vraiment pour moi qu'à travers le double regard que la narratrice porte sur elle avec toutes les déchirures qui s'en suivent. Dune part elle assume avec courage et même fierté le fait de lui appartenir : "Je suis le produit de ce mythe, il me revient de l'entretenir, de le perpétuer afin que vive ma famille et se prolonge la fantaisie un peu absurde et désespérée qui est la nôtre." D'autre part elle laisse éclater sa colère face à tous les dénis, les secrets honteux qui émaillent l'histoire familiale : "Ai-je le droit d'écrire que Georges a été un père nocif, destructeur et humiliant, qu'il a hissé ses enfants aux nues, les a encouragés, encensés, adulés et, dans le même temps, les a anéantis ? Ai-je le droit de dire que son exigence à l'égard de ses fils n'avait d'égale que son intolérance et qu'il entretenait avec certaines de ses filles des relations au minimum ambiguës ?"
Pour finir je dirais que toutes les considérations de Delphine de Vigan sur les rapports entre l'écriture et la réalité sont interpellantes même si certaines sont déjà largement connues.
Commenter  J’apprécie          472




Lecteurs (22676) Voir plus



Quiz Voir plus

Delphine de Vigan

Delphine de Vigan a écrit son premier roman "Jours sans faim" sous un pseudonyme. Quel est-il ?

Agnès Dantzig
Lou Delvig
Sara Dliping
Mia Dumrig

10 questions
255 lecteurs ont répondu
Thème : Delphine de ViganCréer un quiz sur ce livre

{* *}