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EAN : 9782072915819
352 pages
Gallimard (04/03/2021)
4.04/5   5934 notes
Résumé :
"La première fois que Mélanie Claux et Clara Roussel se rencontrèrent, Mélanie s'étonna de l'autorité qui émanait d'une femme aussi petite et Clara remarqua les ongles de Mélanie, leur vernis rose à paillettes qui luisait dans l'obscurité. "On dirait une enfant" pensa la première, "elle ressemble à une poupée" songea la seconde.
Même dans les drames les plus terribles, les apparences ont leur mot à dire."

A travers l'histoire de deux femmes aux... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (820) Voir plus Ajouter une critique
4,04

sur 5934 notes
Le dernier livre de De Vigan traite d'un sujet qui ne m'est malheureusement pas familier, bien qu'étant et ayant été d'une grande actualité tout aussi bien au passé qu'au présent : le voyeurisme et l'exhibitionnisme à travers les médias, Télévision,FB, Instagram, Youtube,....."Vivre pour être vu, ou vivre par procuration ", triste réalité d'un monde creux.
De Vigan attaque l'aventure avec deux filles Mélanie et Clara , biberonnées à "Loft Story", la première en famille, la seconde en cachette. Melanie qui se rêve flamboyante et incontournable mais reste cette jeune femme réservée à l'apparence discrète qu'elle déteste, quitte sa province à dix-sept ans pour tenter une vie d'adulte à Paris. Clara quitte aussi le domicile familiale en banlieue parisienne en deuxième année d'université pour s'installer en colocation dans le le XIIIe arrondissement. En phase terminale d'une licence de droit à La Sorbonne elle décide de s'inscrire au concours National de la Police, grosse surprise aux parents réacs, anti-flics. Deux profils de femmes en faites encore assez flous, mais qui semblent aux antipodes. À ce point je me demande ce que l'écrivaine nous concocte .....eh oui, dix ans plus tard , le chemin de ces deux jeunes femmes vont se croiser dans des circonstances sordides......Je vous laisse découvrir l'histoire que De Vigan mène comme toujours d'une main de maître.

Débutée comme la version littéraire d'un Fast Food , elle prend très vite un virage à cent-quatre vingts degré, c'est ce que j'appelle le talent. Quand le vrai monde, dont on cerne globalement les dangers, est victime d'un monde parallèle, un monde construit de toutes pièces, virtuel, un monde qui obéit à des règles dont on ignore tout, les choses deviennent hors contrôle......nous sommes en plein dans l'actualité. De Vigan à travers "une histoire criminelle" nous pointe les dangers et les dérives de ces mondes virtuelles qui peuvent vite tourner à des machines infernales. Mais la grande curiosité qu'on peut facilement généraliser ici c'est , pourquoi ces mondes virtuels arrivent à rendre leurs protagonistes si riches et si célèbres, pourquoi ça marche ? Et là on arrive aux deux faces du miroir, ceux qui regardent ceux qui veulent se faire regarder, et au bout du fric.....beaucoup, beaucoup de fric ( même pas besoin de "je traverse la rue 😁....", pénard de chez soi ), encore plus grave. Surtout qu'ici dans l'histoire il s'agit de deux gamins instrumentalisés, "les enfants youtubeurs" dont je n'aurais jamais pensé que ça pouvait exister, si bien que je suis même allée voir sur internet s'ils existaient vraiment ou c'était juste de la fiction. Sans l'ombre d'un doute il s'agit d'enfance volée, d'enfance violée. Un roman glaçant marqué de la touche autobiographique De Vigan présente dans presque tout ses livres, celle des adultes généralement trop préoccupés par leurs propres images et problèmes pour pouvoir se soucier de ceux de leurs progénitures . Un clin d'oeil aussi au monde après la pandémie Covid, avec lequel je suis absolument d'accord.
Roman fascinant que je recommande vivement !
"Il faut le voir pour le croire " dit Clara parlant des vidéos des enfants youtubeurs, "Il faut le lire pour me croire " dis-je parlant du livre de De Vigan 😊.



"La consommation est au coeur de la plupart des scénarios. Acheter, déballer, manger sont les principales activités des enfants......Toutes ces vidéos obéissent au même ressort dramaturgique : la satisfaction immédiate du désir. Kimmy et Sammy vivent le rêve de tous les enfants : acheter tout, tout de suite."





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Delphine de Vigan explore les dérives de notre époque en mettant en regard l'un de l'autre deux portraits de femmes. Mélanie et Clara étaient adolescentes au moment du Loft et de l'éclosion de Loana, mais elles viennent de milieux différents, ont reçu une éducation radicalement opposée. Mélanie recherche la célébrité et la lumière, elle adhère sans retenue ni réserve à l'exhibitionnisme ambiant en se réinventant comme influenceuse Youtube à succès. Chaque jour, elle met en scène des vidéos de ses enfants déballant des cadeaux sponsorisés, entre autres. Clara, elle, est en marge de tout cela, en retrait d'une époque qui lui fait peur, ce qui ne l'empêche pas d'être une policière procédurière hors pair. Les deux se rencontrent lorsque Kimmy, la fille de six ans de Mélanie, est enlevée.

On ne peut qu'être d'accord avec l'auteure qui dénonce les pratiques de ces influenceurs qui exploitent leurs enfants par vénalité ou narcissisme. Delphine de Vigan décrit parfaitement les violences invisibles engendrées par cette société du spectacle, dressant un tableau précis, glaçant, parfaitement disséqué. Elle interroge aussi sur la maternité avec pertinence.

Pour autant, je ressors très mitigée de cette lecture. Il me semble que le texte hésite beaucoup trop entre documentaire et fiction, sans vraiment trouver le bon équilibre. Soit cela ne va pas assez loin si l'on est familier des dessous de ces pratiques youtubesques, soit cela manque de romanesque. La partie polar est très plate, le personnage de Clara sans intérêt pour l'avancée du récit. Et au final, la deuxième partie, trop courte, qui aurait pu être très intéressante en nous projetant dans l'après, en 2030, pour voir ce que sont devenus ces enfants surexposés, ne décolle jamais vraiment.

Surtout, j'ai été dérangée par le regard de procureur qui plane au-dessus du texte, en permanence, et transforme le texte en réquisitoire un peu lourd et beaucoup trop moralisateur. Delphine de Vigan déroule sa thèse au bulldozer, sans réelle finesse, elle qui a été si fine dans de nombreux romans. En tant que lectrice, je n'aime pas qu'un roman impose un jugement binaire, j'aime trouver par moi-même, par ma réflexion une place dans le roman. Et là, je me suis sentie piégée, alors qu'encore une fois, je partage totalement le point de vue de l'auteure. Bref, ce roman manque terriblement de distance, de complexité, d'humour sans doute aussi pour lui enlever son aspect empesé.

Je précise que mon avis est à contre-courant des autres plutôt très positifs. Cela me déçoit d'autant plus de ne pas l'avoir apprécié alors que j'ai déjà eu de très beaux moments de lecture avec Delphine de Vigan ( No et moi, Les Heures souterraines, Rien ne s'oppose à la nuit ).



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Voilà un livre glaçant et dérangeant au possible car Delphine de Vigan s'attaque de plein fouet à nos chers amis followers et abonnés en tout genre. Big brother vous regarde. Bienvenue dans la folie des réseaux sociaux où tout se voit, se dit, se sait. Un pouce en haut et c'est parti pour une nouvelle rengaine. le pouce en bas, va voir ailleurs.

Mélanie depuis son plus jeune âge ne vit qu'à travers la télé réalité. Sa vie tourne autour de Loana et de tous ces êtres surexposés et célèbres pour avoir été traqués dans leur anatomie et intimité. Quand la routine s'installe des années plus tard, devant le joli minois de ses enfants, elle voit l'opportunité d'un regain existentiel.

S'engage alors le processus de valorisation nombrilliste à être aimé pour l'image qu'on véhicule. Une course effrénée aux followers dans une supercherie effarante à exposer faits et gestes de ses bambins sur YouTube et Instagram. Bienvenue dans Happy Récré.

Delphine de Vigan n'accorde pas ses violons pour servir un texte larmoyant ou accusateur. Son ton est tranché, clinique et fait froid dans le dos. Elle décrit au scalpel la lente descente aux enfers d'enfants vendus sur la toile en échange d'un grille pain et de Winnie l'ourson. Chacun est libre de ressentir ce qu'il voudra, d'aduler cette célébrité facile ou de la vomir. Pour ma part, j'ai ressenti une colère monstre contre cette mère aveugle et imbue de son petit trafic juteux sans la moindre compassion ni conscience ni remise en question envers ses enfants.
Ce livre n'est pas sans me rappeler le dernier roman d'Olivier Bourdeaut (Florida) avec sa jeune héroïne en proie à la folie d'une mère.

Le plus sidérant dans ce texte est certainement le côté ultra actualisé, miroir d'histoires similaires qui affluent à la pelle.
Un ami m'a dit un jour « internet c'est ouvrir une de ces deux portes : le paradis ou l'enfer ».

Avec Les enfants sont rois, nous avons ici un livre qui pose question, redistribue les cartes et pointe avec intelligence les dérives d'une société surdimensionnée conditionnée par des pantins de pacotilles ou des êtres innocents ne sont pas nés à la bonne époque.

Protégeons nos enfants. Exposons-les aux livres, à la culture, au grand air. Apprenons-leur que la seule richesse se trouve dans une émotion palpable nichée dans un monde réel et humain.
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Brigade criminelle 7 avril 2021


Disparition inquiétante de la Youtubeuse Onee-Chan


Objet : Transcription et exploitation de la dernière vidéo postée sur You Tube par Onee-Chan


Vidéo intitulée : « Si nos enfants sont rois alors nous sommes les reines, ne l'oubliez jamais »


Postée sur la Chaine Youtube Happy Bibli d'Onee le 1er AVRIL 2021


[voix mielleuse et dégoulinante d'amour à peine forcé et d'excitation faussement contenue]


« Coucou mes chériiiiis »


Si vous êtes, comme moi, un pur produit des toutes premières années de téléréalité, que vous avez vu éclore morues et requins, Loana et Greg le millionnaire, vous savez à quel point il est bon et facile de fuir sa propre vie en se glissant dans les images retouchées de celle des autres : leur vie si glamour, si heureuse, si parfaite qu'elle en devient notre modèle, notre refuge et notre espoir. Pourquoi tous ces zoos humains n'auraient cessé de croître depuis, si ce n'est pour répondre à notre envie de croire que nous aussi on peut devenir célèbres, vivre une vie de star en étant seulement nous, sans jouer de rôle (hum), croire que des milliers d'inconnus peuvent nous aimer pour ce que nous sommes, sans nous connaître (re-hum), juste parce qu'on leur dit qu'on les aime tous et chacun en retour ? Dans ce monde désenchanté, les poutou-nours, ça fait tellement de bien ! Alors aujourd'hui, en exclusivité pour vous sur ma chaîne Happy Bibli d'Onee, je vous partage le nouveau roman de Delphine de Vigan, intitulé « Les enfants sont rois ».


C'est l'histoire de Mélanie qui échoue à devenir l'héroïne de ces télé-réalités pour lesquelles elle postule ; Elle décide alors de devenir l'héroïne de sa propre vie sur sa propre chaine Youtube, comme ces super-parents qu'elle admire tant, qui exploitent l'image de leurs enfants pour amadouer des fans noyant leur ennui dans les vies des autres - qui ressemblent aux leurs en plus formidables. Faussement formidables. Parce que regardez mieux : ces enfants filmés H24 à déballer des cadeaux de grandes marques, pour que maman se sente aimée, ou les aime eux en proportion du nombre de likes récoltés par la vidéo du jour, ils n'ont pas l'air de s'éclater comme des fous. Z'ont pas l'air non-plus d'avoir du temps pour eux : pour s'ennuyer, choisir un jeu hors caméra, voir des vrais amis au bar, avec leurs emplois du temps de ministre du culte du like. C'est qu'il faut être présent pour les fans - vous savez ce que c'est vous aussi, mes bibli-fans chéris, vous qui postez aussi votre contenu magnifique sur ce web assoiffé de votre énergique impudeur. de leur premier caca jusqu'à leur premier sous-vêtement de grand, en passant par leurs levers et leurs repas, ce qu'ils font et où ils sont à tout moment de la journée : tout est filmé, instagrammé, partagé, fixé pour toujours par les yeux de merlans bienveillants, envieux, curieux, dubitatifs, haineux, jaloux, protecteurs, émerveillés, compatissants, désolés, sidérés, détraqués, navrés, désespérés des milliers de fans de leur mère qui les exploite, heu, pardon assure leur avenir en les faisant devenir riches et célèbres.


Contre leur gré. Car peut-on choisir son mode de vie, actuel et futur, à cet âge ? Les parents ne devraient-ils pas être des protecteurs et des tuteurs plutôt que des propriétaires de leurs droits à l'image qu'ils s'arrogent ? Esclaves de parents dont c'est le rêve, comment Sammy et Kimmy peuvent-ils refuser, s'exprimer, sans risquer le désamour - de leurs fans et de leurs parents ? Et seront-ils seulement écoutés et compris, ou plus sûrement ignorés et TRUIIIIT remis au travail ? Toutes ces questions se poseront un peu tard, alors que Kimmy vient de disparaître, très probablement ravie par un fan détraqué… à moins que ce ne soit par un militant anti-enfance maltraitée ? Ou encore des voisins jaloux ? Ou un ex ? Quelqu'un qui veut de l'argent ? des parents de chaines youtube rivales ? Les pistes ne manquent pas, qui permettent toutes d'explorer les dérives des réseaux sociaux, l'impuissance des lois à protéger ces frêles victimes, et les conséquences futures d'une vie d'écrans, sur ces générations plus que jamais déconnectées… de la réalité. Alors mes p'tits saumons d'amour, je vous invite à remonter le courant de ces graves questions d'actualité en lisant Delphine de Vigan, sa plume propre et fluide, son scénar au carré et dans l'air du temps alternant interrogatoires de police et description du contenu vidéo.


Quant à moi je vous dis à très vite mes chéris-bibli-fans-d'amour, je vous retrouve tout bientôt ici ; Surtout ne mourez pas entre temps, ça ferait baisser mes stats, n'oubliez pas de liker ce contenu et de vous abonner à moi pour m'aimer encore plus, comme moi je vous aime !!! [coeur coeur coeur se déployant sur la vidéo]


Commentaires :


SupMôm : Il a l'air trop bien ce livre, je kiffe [étoiles coeurs]


Onee : Oui malgré un sujet qui peut sembler racoleur, il est assez bien traité et non-dénué de sens.


Mamanlit : Bravo pour ta vidéo, un peu de réflexion sur un sujet qui menace de nous dépasser. Si ça pouvait faire prendre conscience à cette génération de ce qui les attend…


Onee : à lire et peut-être à faire lire aux concernés, vu que le sujet peut les intéresser. Reste à savoir s'ils comprendront, car la mère dans le livre ne comprend pas du tout le problème, malheureusement !


JuJePaLu : Je suis maman de quatre enfants et je suis scandalisé par ces enfants YouTube, l'auteure a bien raison de dénoncer ce fléau !!!


Onee : Bonne lecture !


trOrebL : 'Tain mais sans déconner t'es ki pour te permettre de juger ?


Enfanteam : L'auteur est qu'une bouffonne jalouse et toi tu diffuse avec des coeur pffff trop nul ta vidéo


reine2glass : Azy c pas kimmy qui va disparaître


Némo-tiv : Critique qui veut en attendant nos enfants ont tout ce qu'ils veulent, et les vôtres ?


SupMôm : Onee ??


JuJePaLu : Onee, plus de vidéo depuis une semaine ?


Mamanlit : Onee, tu ne réponds plus on s'inquiète


Mamanlit : Hého quelqu'un a vu des cybertraces d'onee récemment ?


SupMôm : Non, c'est comme si elle avait disparu…


JuJePaLu : Qu'est-ce qu'on fait, on prévient la police ou elle nous fait un POISSON D'AVRIL ?! Parce qu'en relisant, j'ai trouvé plusieurs poissons dans ce billet, non…?!


InspecteurGadget : Trop clair, je crois qu'elle attend qu'on ait trouvé les noms des 7 poissons qu'elle a insérés dans le texte pour nous souhaiter un bon 1er avril…!


Fait à BABELIO
Le 7 avril 2021 à 19 heures
AFFAIRE CLASSÉE par l'Inspecteur ISIDORE, aidé dans sa quête/ son enquête par l'inspectrice adjointe SAM, qui ont trouvé les 7 poissons masqués, heu... cachés.
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Enquête passionnante et inquiétante sur le narcissisme et le voyeurisme contemporain, « Les enfants sont rois » révèlent la perversion générée par la monétarisation des contenus sur les services de partage de vidéos (YouTube et Instagram) et les dangers qui en résultent pour les enfants.

Mélanie Diore, star ratée de la télé réalité, projette sur le web, du matin au soir, ses enfants Kimmy et Sammy, dans des spots publicitaires achetés par Disneyland, McDonald's et autres multinationales. Elle tient en laisse son époux Bruno réduit au rôle d'assistant. Leurs vidéos génèrent plus d'un million de revenu annuel.

Tout va bien jusqu'au jour où Kimmy disparait lors d'une partie de cache-cache dans la cour de leur immeuble … La police entre en scène et Delphine de Vigan décrit le métier de « procédurier » qui assure la synchronisation entre Police et Justice. C'est un autre intérêt de ce reportage de valoriser la très procédurière Clara Roussel et les équipes policières.

Depuis la parution de « Priez pour petit Paul », il y a vingt ans déjà, les ouvrages alertant sur les menaces que l'internet représente pour les enfants sont rares et laissent les familles peu averties. Il suffit de lire la réaction du policier Cédric Berger réalisant que ses enfants sont accros aux vidéos de Kimmy et Sammy pour mesurer l'étendue des dégâts.

Combien de parents savent que leur progéniture est aux publicitaires ce que les bestiaux sont dans « L'amour est dans le pré » : il faut les gaver !

Voici pourquoi « Les enfants sont rois » est un ouvrage salutaire, incontournable, dont je recommande vivement l'étude par chaque famille.

Mais une enquête est-elle un roman ?

Force est de reconnaitre que l'intrigue « policière » est aussi sommaire que primaire, réduisant la police au rôle de témoin et que les « héros » sont des caricatures et non des personnes et qu'aucun d'entre eux ne suscite la moindre empathie. Mélanie est l'ombre d'une Loana. Bruno est pitoyable dans son rôle de cocu entretenu. Kimmy et Sammy ne se révèlent que dans le dernier quart du roman, dix ans après l'enlèvement, irrémédiablement détruits hélas. Et leur mère, ressemblant à nos politiques, répète au milieu du champ de ruines qu'elle a semées « tout va bien ; ne vous inquiétez pas ; tout va rentrer dans l'ordre ». Consternant et pathétique.

D'où, à mes yeux, une certaine déception et le sentiment que l'auteur est passé (par précipitation peut-être) à côté d'un véritable chef d'oeuvre.
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critiques presse (12)
Telerama
04 janvier 2023
Une am­bition moraliste — et jamais mora­lisatrice — dont la romancière irrigue délicatement une œuvre réaliste et ­incarnée [...] au sein de laquelle vient aujour­d’hui prendre place l’ambitieux et très convaincant Les enfants sont rois.
Lire la critique sur le site : Telerama
Actualitte
14 mai 2021
Dans ce roman, ce sont deux mondes qui entrent en collision : celui de Mélanie Claux, star des réseaux sociaux dont la petite fille est enlevée, et Clara Roussel, jeune policière solitaire qui prend part à l’enquête.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeSoir
26 avril 2021
Dans « Les enfants sont rois », la romancière française trace la ligne qui part de l’avènement de la téléréalité en France à la surexposition via les réseaux sociaux, des enfants youtubeurs en particulier.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Culturebox
12 avril 2021
L'autrice dénonce les méfaits des réseaux sociaux à travers le regard de deux adolescentes devenues femmes, Mélanie et Clara.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeJournaldeQuebec
12 avril 2021
Avec Les enfants sont rois, l’écrivaine française Delphine de Vigan se penche sur un phénomène de société franchement perturbant.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaPresse
06 avril 2021
Dans ce roman qui se promène entre le polar, le pamphlet et la dystopie, Delphine de Vigan se questionne : à l'heure des plateformes numériques et des réseaux sociaux, la société sait-elle protéger les enfants ?
Lire la critique sur le site : LaPresse
LaCroix
29 mars 2021
Delphine de Vigan signe un roman palpitant sur les enfants exposés à un jeune âge sur les réseaux sociaux par leurs parents.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeFigaro
15 mars 2021
Le nouveau roman de Delphine de Vigan, Les enfants sont rois, fait ressembler Guillaume Musso à un auteur inventif.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeSoir
12 mars 2021
Son nouveau roman, « Les enfants sont rois », dénonce l’asservissement d’enfants au pouvoir de l’image et de l’argent.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeMonde
05 mars 2021
Dans son nouveau roman publié le 4 mars, l'écrivaine ausculte les conséquences de la télé-réalité sur la vie familiale.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
05 mars 2021
Une mère exhibe ses enfants sur sa chaîne YouTube. Jusqu'à l'enlèvement de sa fille. Un tableau convaincant de notre époque, qui voit les réseaux sociaux chambouler les frontières de l'intimité.
Lire la critique sur le site : Telerama
LesInrocks
01 mars 2021
La romancière analyse la violence sournoise des réseaux sociaux, mais oublie d’en faire un bon roman.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (489) Voir plus Ajouter une citation
Toutes ces vidéos obéissent au même ressort dramaturgique : la satisfaction immédiate du désir. Kimmy et Sammy vivent le rêve de tous les enfants : acheter tout, tout de suite.
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Elle avait même trouvé un mari capable de s'entendre avec leur père, ce qui relevait, si ce n'est du miracle, au moins de la prouesse, Habile, sa sœur l’était, en couture, en pâtisserie, en décoration d'intérieur. Tout ce que Sandra entreprenait semblait parfaitement accompli. En outre, elle était toujours restée là, à sa place, près de ses parents. Elle n'avait jamais pété plus haut que son cul.

À Pâques ou à Noël, lorsqu'ils se retrouvaient en famille, la mère de Mélanie manifestait toujours une joie supérieure en voyant sa sœur. C'était quelque chose d'imperceptible, une octave plus haut dans sa voix, un mouvement plus rapide, plus spontané de son corps, mais Mélanie ne pouvait ignorer cette différence de traitement, ce supplément d'enthousiasme et de chaleur. Découvrir presque chaque jour les photos des enfants de sa sœur publiées par sa mère sur Facebook devint pour elle une véritable souffrance. Il lui arrivait même de pleurer devant son ordinateur.
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Dans ce monde où chaque geste, chaque déplacement, chaque conversation laisse une empreinte, elle aimerait n’en laisser aucune. Elle est bien placée pour savoir à quel point le smartphone, quelle que soit la forme qu’il prend (aujourd’hui multiple), les assistants vocaux, la domotique, les réseaux sociaux sont autant de mouchards sans scrupule et d’inépuisables mines de renseignements pour le commerce comme pour la police. Aujourd’hui, à la Crime comme ailleurs, une bonne partie de l’enquête se joue sur le tracking : vidéosurveillance, reconnaissance faciale, suivi en temps réel ou rétroactif des déplacements, étude des communications, des factures, des disques durs et des historiques de recherche, analyse des comportements. Plus rien n’échappe au contrôle.
À mesure qu’elle utilise ces outils dans son métier, dans un mouvement inversement proportionnel, Clara Roussel s’attache à disparaître.
Si, comme on le dit, la société actuelle se divise en deux, elle est du côté des récalcitrants. Ceux qui refusent d’être suivis à la trace comme des poulets élevés en batterie, notés comme des paquets de pâtes, ceux qui ont renoncé, autant que faire se peut, à tout ce qui permet de connaître leurs goûts, leurs amis, leurs horaires et leurs activités, ceux qui n’appartiennent plus à aucun réseau, aucune communauté, et préfèrent ouvrir des livres et des journaux que des pages Google. Déconnectés. Un choix minoritaire mais qui gagne du terrain. Un choix difficile à tenir, mais un credo commun : le mieux est l’ennemi du bien. Car elle n’est pas naïve : il est impossible aujourd’hui de disparaître totalement des radars. Ne serait-ce que pour communiquer avec ses collègues, elle est obligée d’utiliser un système de messagerie instantanée dont les données, soi-disant cryptées, sont conservées par l’entreprise qui le commercialise et restent à la portée de n’importe quel hacker un peu malin.
Mais limiter ses traces, réduire le halo qu’elle produit, effacer son sillage numérique sont des combats auxquels elle refuse de renoncer.

Dans sa vie quotidienne, elle limite ses empreintes. Elle n’a pas de voiture, circule à pied ou à vélo, n’utilise aucun plastique, ne prend pas l’avion, ne mange de la viande que lorsqu’elle est invitée. D’une manière générale, elle consomme peu, achète ses vêtements dans un dépôt-vente, recycle et récupère tout ce qui peut l’être.

Le monde d’après, évoqué lors de la pandémie de Covid en 2020, n’a pas eu lieu. Comme le prédisait à l’époque un écrivain célèbre, le monde est resté le même, en pire, et plus que jamais aveugle à sa propre destruction.
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Dans la plupart des cas, ce sont les parents qui filment leurs enfants et postent des vidéos plusieurs fois par semaine. Le phénomène a commencé aux États-Unis et s’est développé un peu partout ces trois dernières années parce que cela s’est révélé très, très lucratif. Cette année, le youtubeur qui a gagné le plus d’argent au monde est un petit Américain de huit ans. Il s’appelle Ryan et il est filmé par ses parents depuis ses quatre ans. Rien que pour 2019, le magazine Forbes a estimé ses revenus à vingt-six millions de dollars.
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Une troisième hypothèse effleura Clara : cette femme n'était ni une victime ni un bourreau, elle appartenait à son époque. Une époque où il était normal d'être filmé avant même d'être né. Combien d'échographies étaient publiées chaque semaine sur Instagram ou Facebook ? Combien de photos d'enfants, de famille, de selfîes ? Et si la vie privée n'était plus qu'un concept dépassé, périmé, ou pire, une illusion ? Clara était bien placée pour le savoir. Nul besoin de se montrer pour être vu, suivi, identifié, répertorié, archivé. La vidéosurveillance, la traçabilité des communications, des déplacements, des paiements, cette multitude d'empreintes numériques laissées partout avaient modifié notre rapport à l'image, à l’intime. À quoi bon se cacher puisque nous sommes si visibles semblaient dire tous ces gens, et peut-être avaient-ils raison ?
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Videos de Delphine de Vigan (107) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Delphine de Vigan
Elle est l'éditrice attitrée de plusieurs écrivains contemporains qui comptent dans le paysage littéraire français, tels que Hervé le Tellier, Delphine de Vigan ou encore Monica Sabolo. Depuis 2019, elle s'évertue à faire briller le talent des écrivains de la prestigieuse maison d'édition Gallimard, dont elle est secrétaire générale. Elle y a rapidement porté de grands succès, comme par exemple le livre L'anomalie de Hervé le Tellier, prix Goncourt 2020. Rencontre.
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