Lénaïc Vilain, un jeune auteur de BD né en 1985, nous relate son voyage en Iran effectué en 2014. Avec pour principal bagage un guide touristique, il voyage en couple durant une quinzaine de jours principalement dans trois villes d'Iran : Téhéran, Ispahan et Chiraz (proche du site antique de Persepolis).
Le ton se veut probablement assez proche de celui d'un Guy Delisle dans ces Chroniques Birmanes, de Jérusalem ou encore Pyongyang et Shenzhen. Il y a pourtant une différence notable : Guy Delisle a vécu un certain temps dans les endroits qu'il portraiture tandis que Lénaïc Vilain ne fait que passer, avec ses bons gros sabots de touriste.
Donc, même si l'on sent un intérêt certain de l'auteur pour le pays dont il nous parle, on sent aussi qu'il n'a pas le temps en un aussi court délai de se défaire de ses préjugés occidentaux. Il n'a côtoyé aucun autochtone pendant suffisamment de temps pour tordre le cou à sa vision occidentalo-centrée sur ce pays ou ses habitants.
Lorsqu'il nous parle de travers du système (et il y en a beaucoup), c'est toujours en comparaison avec ses idéaux à lui or, ses idéaux à lui pourraient aussi être questionnés, je suppose. Et même si l'on sent un réel désir de faire dans la nuance et dans l'humour, on ne sort jamais beaucoup du registre de l'anecdote.
Je ne cache donc pas une petite déception car, à peu de chose près, j'ai eu l'impression de revivre en livre ce que ma tante nous infligeait quand elle sortait ses photos à chaque fois qu'elle revenait d'un séjour d'une semaine ou deux à l'étranger : un chapelet de comparaisons du style « ça c'est mieux chez nous, ça c'est mieux chez eux », le sentiment que « comme j'y suis allée, je connais et je me sens autorisée à porter un jugement fiable », « ça c'est joli, ça c'est moche » et surtout « les gens sont comme ci et comme ça ». Les gens ! cet ensemble monolithique non sujet à variation. Ça veut dire quoi " les gens " ?
J'ai l'impression que voir un film d'Asghar Farhadi m'en apprend plus sur l'Iran que ces souvenirs de vacances bien franchouillards. Ceci étant, entendons-nous bien : de mon point de vue, cette bande dessinée est loin d'être sans intérêt ; c'est juste que je m'attendais à quelque chose d'un peu plus profond et documentaire, d'où ma déception. (Moi aussi je suis bardée de préjugés !)
Cependant, à titre de divertissement et de premier débroussaillage concernant l'Iran, ce livre est très bien et satisfera les curieux en tout genre. J'en remercie d'ailleurs très chaleureusement l'éditeur Vraoum ! et l'opération Masse Critique de Babelio qui m'ont permis de découvrir cet album et de donner un avis dessus. Souvenez-vous que ce n'est bien évidemment qu'un tout petit avis, qui, pris seul ne représente pas grand chose et qui devra être confronté à beaucoup, beaucoup d'autres. D'ici là, bons baisers à vous.
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