Citations sur Comme des sauvages (19)
AVERTISSEMENT :
Celui qui pénètre dans cette partie de la forêt
ne reviendra jamais en arrière.
Jamais.
La forêt était neuve comme elle l’est à chaque printemps. Les feuilles, jeunes et veinées, avaient ce vert qui semble capturer la lumière et la préserver jusqu’au crépuscule, la terre restituait des parfums de sève exaltants, les feuilles mortes et les bogues qui se décomposaient dans l’humus parlaient d’un temps révolu.
« Nous marchons sur les putréfactions des années passées, sur toutes les morts, les disparitions », réalisa-t-elle. Elle accumulait ce genre de micro-révélations, elle avait le sentiment de devenir sage, soudain, de tout comprendre, tout ce que sa vie lui avait caché jusqu’à présent.
On veut bien que quelqu'un soit malheureux, mais on ne peut accepter que ce malheur le détruise. On voudrait qu'il résilie. On le somme de le faire ou bien on le met à part, parce que son existence même nous rappelle que la nôtre pourrait s'effondrer, elle aussi, n'importe quand.
La forêt était neuve comme elle l’est à chaque printemps. Les feuilles, jeunes et veinées, avaient ce vert qui semble capturer la lumière et la préserver jusqu’au crépuscule, la terre restituait des parfums de sève exaltants, les feuilles mortes et les bogues qui se décomposaient dans l’humus parlaient d’un temps révolu.
Faute de sentier, Tom se fiait à sa boussole, habitué de ces courses d’orientation. Pourtant, les reliefs ne ressemblaient pas aux courbes de niveau de la carte. C’était comme si les collines avaient roulé, dansé, depuis qu’un géomètre ou un satellite les avait cartographiées.
"Le jour se leva dans le sous-bois. C'était une magnificence fantastique dans la forêt, une beauté irréelle, et dans l'odeur du musc des bêtes, dans le bourdonnement des insectes et des parasites qui occupaient leurs fourrures, dans la pesanteur de leurs sabots, chacun voulait s’ancrer à chaque pas dans le sol, elle sentait les vibrations de la terre. Mère louve. Centaure. Elle ne craignait plus rien."
AVERTISSEMENT :
Celui qui pénètre dans cette partie de la forêt ne reviendra
jamais en arrière.
Jamais.
Mais non, l’être humain est ainsi : il ne peut renoncer, accepter son sort. Même pris au piège, même devant l’inéluctable défaite ou la perspective d’une mort certaine, il essaye. Il se bat. Il rue.
Elle ne savait pas ce qu’elle désirait, croyait, espérait croire, ni même si elle attendait quelque chose. Elle avait juste le sentiment qu’ici, la mort de son âme était plus supportable.