Quatrième tome de la série Gamer, le cheval de Troie m'a finalement rallié, transformé en un adepte. Avec un titre pareil, je me demandais si quelqu'un allait infiltrer la bande de Laurianne (peut-être sa rivale Sarah-Jade ?) ou si au contraire c'est l'adolescente dégourdie qui fera des siennes. Peut-être pour découvrir enfin qui a créé un compte Facebook pour répandre des rumeurs sur son amie Margot… Ou rien de tout cela.
Dans tous les cas, je sens que m'intéresse de plus en plus au quotidien de cette bande d'adolescents. Et surtout d'adolescentes. Ils me paraissent toujours plus réalistes, je peux vraiment imaginer des jeunes qui leur ressemblent. Ou vice-versa. Chacun a ses particularités, ses qualités, ses défauts, ses tics… Par exemple, Laurianne qui utilise beaucoup l'ironie, ou le sarcasme, qui est capable d'autodérision mais aussi de critique. « Et c'est sans compter tous ces jeux de fantasy où plus les armures féminies sont puissantes, moins elles couvrent de peau ! » (p. 73)
Laurianne découvre (et, à travers elle, le lecteur) que Margot a des talents en dessins et que Zach a tendance à écarter les jambes quand il s'assoit, la réaction allergique d'Elliot, etc. Ces petits détails, pas nécessairement essentiels à l'intrigue, rendent les personnages plus vrais.
Ceci dit, je suis toujours un peu agacé par le fait que chaque tome de la série ne soit pas articulé autour d'une intrigue qui lui est propre mais plutôt sur une méga-intrigue qui traverse tous les bouquins. Peut-être que les amateurs de jeux vidéo, habitués aux expansions sans fin, y trouvent leur compte. En tous cas, ça permet d'ajouter de la cohérence à plusieurs éléments, par exemple, j'étais satisfait de revoir Laurianne et Sarah-Jade faire de la course. Ça rend plus crédible qu'elles en ait fait dans le premier (ou le deuxième ?) tome, que ça n'ait pas été qu'un élément isolé. Surtout qu'elles y excellaient alors ça aurait fait étrange si ce n'était pas une activité régulière.
En terminant, je me suis habitué à tout le vocabulaire techno (geek oblige !), dans tous les cas j'accroche moins dessus. Ça m'a permis de mieux constater la qualité de l'écriture de
Pierre-Yves Villeneuve. J'ai parfois tendance à en être critique dans les romans destinés à un public plus jeune, certains auteurs essaient de trop rapprocher leur écriture au langage des adolescents, se forcent pour essayer d'avoir l'air cool, et ça échoue lamentablement. Ce n'est pas le cas de Gamer, où rien n'a été sacrifié. Les dialogues sont punchés mais la narration bien équilibrée.