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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Édité par La Renaissance du Livre dans les années 1940, ce livre de Poésies nous offre 172 pages de pur bonheur. Villon occupe une place de choix, ce qui n'étonnera personne, d'abord parce que sa production fut importante en comparaison de ce que furent celles de Charles d'Orléans et d'Henri Baude (autres poètes présentés dans cet ouvrage), mais aussi parce qu'il est beaucoup plus connu qu'eux.

Je ne dirai pas grand chose de F. Villon car tout, ou presque a déjà été écrit, et n'étant pas spécialiste du Moyen-Age je crains de répéter ce que d'autres auront mieux écrit avant moi. Poète douloureux et génie du 15ème siècle, Villon nous plonge tantôt dans la tristesse, l'amertume et la peur panique de la déchéance physique et de l'anéantissement qui surviennent inévitablement après la mort, tantôt dans la beauté et la jouissance de l'existence, fut-elle éphémère. Certes, Villon parle essentiellement de lui-même mais Villon reste -encore aujourd'hui- terriblement jeune : le regret du passé, le souvenir des bons moments partagés avec des êtres chers, les tourments du coeur, la hantise de la mort, la foi comme refuge fragile et repoussoir aux images grimaçantes de la Danse macabre et un rien de remords, voilà les ressorts de sa poésie, une poésie éternellement actuelle.

Je ne dirai pas grand chose d'Henri Baude, poète qui fut ignoré jusqu'au 19ème siècle et qui naquit vers 1430 à Moulins. Pour avoir attaqué Charles VIII dans une moralité composée à l'occasion de son avènement, Henri Baude connut le petit Châtelet, prison qu'il quitta grâce à l'intervention du duc de Bourbon. Si Baude n'est pas un excellent poète, il n'en présente pas moins des qualités de réalisme, de franchise, de simplicité et de couleur qui restent savoureuses.

L'extrait que je donne des poésies de Charles d'Orléans (cf. citation) permet de mesurer la délicatesse de ce poète assez peu connu bien que contemporain de F. Villon. Élégant et mondain, Charles d'Orléans est qualifié par certains spécialistes du "dernier en date de la longue lignée des poètes féodaux". Léger, galant, sobre et précis, voilà le style de ce poète. Ses ballades, rondeaux, chansons et virelais en constituent d'appréciables témoignages. Ses compositions sont certes de petite taille et les sujets qu'il traite sont certes plutôt familiers (tourments d'amour, joie du renouveau, etc.) et empreints de banalité mais l'écriture est fraiche, imagée et naturelle. Chez Charles d'Orléans, vous gouterez une nonchalance qui vous reposera des graves pensées et de la misère humaine de Villon ou de Baude ; chez Charles d'Orléans, vous apprécierez peut-être que les choses soient dites sans appui, avec grâce et sourire.

Tous ces poèmes sont restitués en vieux français. Leur lecture n'est toutefois pas trop difficile car ici ou là un équivalent vient aider le lecteur (exemple : Nul ne tendroit [tiendrait] contre telle puissance). En conclusion, un recueil qui ravira d'abord les amoureux du Moyen-Age, ou de la poésie ou du vieux-français mais aussi celles et ceux qui, par curiosité, voudront feuilleter quelques pages inscrites à l'encre indélébile dans la littérature française. Je mets quatre étoiles.
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Les poésies de François Villon ont le mérite d'être très amusantes et pourtant, si l'on se renseigne sur leur contexte de rédaction, celui-ci n'a rien de drôle. Entre les lignes, au-delà de l'ironie moqueuse, du cynisme et de l'humour noir, François Villon dénonce la violence exercée par les institutions (la noblesse, l'Eglise) et les foules sur l'individu isolé dont il se fait le meilleur représentant, marginal en fuite incapable de creuser sa planque dans la société des hommes. François Villon déclenche le rire qui « souvent secoue les membres », le « rire terrible » dont parlera plus tard René Daumal lorsqu'il évoque la poésie pataphysique –de l'une à l'autre, il n'y a peut-être qu'une civilisation.


Quand François Villon écrit à ses amis, c'est pour leur demander de quitter leurs jeux un instant, qu'ils aillent s'occuper cinq minutes de sa sépulture pouilleuse. Quand il remercie ses destinataires, c'est pour dresser sournoisement la liste de tous les méfaits qu'ils ont commis à son égard. Lorsqu'il parle de femme et d'amour, c'est pour souligner la laideur des corps (« Cuisses ne sont plus, mais cuissetes, / Grivelées comme saulcisses ») dont les hommes ne savent se servir qu'à condition qu'on les laisse se pochtronner, péter et roter en paix. Quand il prétend écrire des louanges, on jurerait lire un procès condamnant jusqu'au meilleur des hommes, en fait un saligaud, comme tous les autres, surtout si on doit se prosterner devant lui. François Villon ne demande pas qu'on s'humilie de la sorte devant lui. C'est un brave gars bien drôle et méchant comme le sont tous les petits animaux que l'on martyrise.
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Poète sans portrait, disparu, on ne sait quand et on ne sait où, François Villon est depuis le XVème siècle considéré comme un des plus grands de nos poètes.

Loin de la vision romantique que l'on se fait de lui – un poète maudit, un moderne en avance sur son temps et son époque -, les historiens-biographes ont établi que Villon fut en même temps un délinquant notoire, un voleur emprisonné, un meurtrier condamné à mort puis relaxé, un fugitif, un souteneur, etc. qu'un caractère provocateur et cynique mena jusqu'à sa disparition en 1463. Il n'avait que 32 ans.

L'homme ne manquait cependant pas de qualités. de famille modeste, il devint étudiant à la Sorbonne et fréquenta à la même époque les milieux culturels de Paris. Il obtint la charge de clerc qui lui promettait de nombreux bénéfices, mais son tempérament, ses agissements lui valurent de ne jamais conserver bien longtemps les avantages acquis.

Le Lais et le Testament ont été écrits respectivement en 1456 et 1462. Dans des poèmes en huitains, l'auteur s'y dévoile tout entier et, avec lui, la société qui l'entoure. Écrits dans une langue populaire, emprunte d'argot, les textes sont avant tout réservés au petit milieu que Villon côtoyait.

C'est après avoir été repoussé par une femme cruelle en amour, que Villon choisit l'exil et quitte Paris. Avant cela, il décide d'écrire une suite de poèmes qui deviendra le Lais (le legs). Dans des huitains, il y évoque évidemment le thème douloureux de l'amour déçu mais il dresse aussi une liste de légataires particuliers. Ce sont des clercs, des officiers du Parlement, des chanoines, des hommes d'affaires, etc. que Villon connaissait. Avec sa plume, il les caricature, les moque et les attaque avec envie. Savoureux portraits d'hommes influents mais aussi d'une époque.

Dans le style, la forme et les sujets qui le composent, le Testament apparaît comme la suite du Lais. Villon sort de prison quand il en commence l'écriture. L'homme est blessé, affaibli. S'il poursuit, avec l'usage de huitains et de balades plus longues, ses réflexions sur l'amour, le personnage féminin, la défiance envers le pouvoir politique et religieux, il aborde de manière plus abrupte les ravages du temps qui passe, la pauvreté, la vieillesse et la mort.
Autant de thèmes dans lesquels point un sentiment de déchéance.
Une année plus tard, on ne retrouvera plus trace de l'auteur. Villon n'apparaît nulle part.

« Je plains le temps de ma jeunesse
- Ouquel j'ay plus qu'autre gallé
Jusqu(es)' à l'entrée de vieillesse -,
Qui son partement m'a cellé ;
Il ne s'en est à pié alé
Në à cheval : las ! Comment don ?
Soudainement s'en est vollé
Et ne m'a laissé quelque don. »

Si la lecture de ce recueil des oeuvres poétiques de François Villon n'a pas toujours aisée, j'ai eu plaisir à en ressentir les lointains et secrets ressorts, pleins d'humour et de sagacité, de lucidité aussi.
Lire Villon est affaire de patience, de curiosité et de plaisir. Son écriture témoigne d'une oeuvre poétique incontournable. Les ressources du langage, celles d'une époque et d'un certain milieu (celui érudit et populaire que cotoyait Villon) y sont exploitées, magnifiées.

Si ses poèmes gardent encore aujourd'hui une part de leur secret, ils ne cessent de faire de François Villon, poète sans portrait, disparu, on ne sait quand et on ne sait où, l'ombre de nous-mêmes et de notre condition.

« Je sens mon cueur qui s'affoiblist
Et plus je ne puis papier.
Fremin, siez toy près de mon lit,
Que l'en ne m'y viengne espïer.
Pren ancre tost, plume, pappier !
Ce que nomme escriptz vistement,
Puis fay le partout coppïer.
Et vecy le commancement. »




Une mention particulière à Claude Thiry, docteur en Philosphie et Lettres, professeur aux universités de Louvain et de Liège, auteur d'une très belle préface et des notes précieuses qui accompagnent ce recueil des Poésies complètes de François Villon.

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N'étant ni une passionnée de poésie, ni une spécialiste du moyen age, je ne vais pas tenter ici une belle critique érudite.
Mes propos s'adressent donc à toi, lycéen désemparé "qui est obligé parceque c'est au programme", lecteur non averti à qui on a prêté ce livre (et qui sert pour l'instant à caler le pied du buffet de la cuisine), bibliophage goulu qui l'a acheté sur un coup de tête et ne l'a jamais ouvert...
Car moi aussi je l'ai lu par hasard il y a très longtemps; à cette époque de la vie où on préfère aller au ciné avec les copains, je faisait l'équation suivante:
Moyen age = manger des chataignes en sandale dans un monastère = on va mourir d'ennui.
Et pourtant !
Il y a la barrière de la langue, certe difficile, mais une fois le sens comprit, quelle surprise ! Ce gars là est un rebelle, ironique et désabusé, qui fait parler les cadavres pour leur faire dire des blagues.
Tout comme le (sexy) anti héros des blockbuster américains, qui, en pleine explosion/invasion extra-terrestre/catastrophe nucléaire...(au choix), trouve le moyen de sortir une vanne...
Un vrai "badass", quoi !!
La comparaison est hâtive, c'est vrai, mais c'etait pour vous convaincre de ne pas fuir, car Villon est plus moderne qu'il n'y parait. Ses poèmes, parfois drôles et toujours sombres, pourraient bien vous fasciner !
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Coquillards de jours et de nuits errantes.

Hommes d'aventures et de lettres rescapé d'un hôtel Dieu aux âmes acerbes d'une religion sans pardon.

Rimes d'instants aux regrets de présents et de passés sans futurs.

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Le plus célèbre poète du moyen-age qui inspira Rimbaud à ses débuts. C'est du grandiose à l'état pur dans une version bilingue pour mieux se rendre compte comment la langue a évolué depuis.
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Toute la base de la poésie dans ces vers. Pas toujours facile à lire mais très bien écrit!
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Mauvais garçon de la poésie médiévale, Villon cultive sa réputation à travers ses oeuvres. le Testament et l'Epitaphe Villon mettent en scène les heurs et malheurs d'un jeune homme du XV° siècle, un TIti parisien avant la lettre.

La langue peut paraitre compliquée et c'est normal. Villon joue volontairement sur les archaïsmes et même ses contemporains devaient parfois s'y reprendre à deux fois avant de tout comprendre.

Evoquant l'amour, la misère, la mort ou le rire, Villon ciselle ses ballades à la façon d'un joaillier ou d'un bourreau qui fabriquerait une belle corde pour sa victime. Outre la Ballade des pendus, courez lire la Ballade de la Grosse Margot (une prostituée) ou bien encore la Ballade pour prier Notre Dame...
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