Oui, voilà ce qui m'écrase. Comment font-ils, ces Creusois, ces Auvergnats, ces Bretons, ces Berrichons, pour vivre dans ces pièges à cancrelats ou, dans le cas d'immeubles modernes, dans ces caisses uniformes ?
La classe commence comme tous les jours.
Mes cinquante-deux élèves( on en a encore admis deux qui sont installés sur le rebord de la fenêtre) font leurs petites installations quotidiennes en bavardant.
Et dites vous bien que vos démarches ne changeront pas la face des choses... ma pauvre petite ! Tout ce que vous déplorez est le résultat de la marche inexorable de ce que certains appellent le "progrès industriel." C'est un phénomène irréversible.
-Le village abandonné vient d'être racheter ! précisa-t-il.
[ ... ]
- Oui, continua-t-il, et c'est moi qui l'ai racheté ! Pour y mettre des vaches dans l'étable et du fion dans les fenils, et peut-être des moutons pour que les pâturages servent à quelques chose !
On peut toujours implanter des industries au bord de l'Yonne ou de l'Adour, pour fixer les populations et enrayer l'exode, on n'enrayera rien du tout. "Elles" monteront à Paris ou au moins dans la capitale locale, et le corniaud la suivra, avec les mioches, la bouche enfarinée, tout fier d'aller la montrer. Lui aussi, pour s'excuser, dira qu'il vient chercher du travail mais il sait très bien que s'il ne suivait pas le mouvement, elle partirait toute seule, quoi qu'il arrive. (p.103)
Mon mépris serait plutôt pour les hommes, ceux qui abdiquent devant la femme. C'est la plaie du siècle ! (p.145)