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La Billebaude tome 0 sur 3
EAN : 9782070373703
448 pages
Gallimard (06/04/1982)
4.05/5   192 notes
Résumé :
Pour mieux nous parler du pays qu'il aime et où il est né, Henri Vincenot se penche sur son enfance, quand il vivait chez ses grands-parents, dans un petit village de Bourgogne. Impossible d'échapper à la magie de ce conteur merveilleux, et nous le suivons allègrement dans ses fabuleuses parties de chasse, où il sait si bien recréer le climat de fête. Mais tout ici devient une fête, qu'il s'agisse de la visite d'une cousine extraordinaire, nourrice à Paris, ou de ce... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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"Mon grand-père lui-même était bien changé, ses fortes chaussures et ses courtes guêtres maculées de boue, sa cartouchière flasque sur le ventre, sa petite cravate mince nouée à la billebaude [ au petit bonheur la chance] sur le col cassé que ma grand-mère lui fabriquait dans de la percale à petites fleurs, tout cela qui m'était habituellement familier prenait une physionomie nouvelle."
Cré vains dieux !
On est dans la campagne bourguignonne autour des années 1920, et le jeune Henri Vincenot, bien qu'encore aux mains des femmes (il a six grands-mères et arrières-grands-mères ), pupille de la nation, admire son grand-père Tremblot, maître bourrelier issu des Compagnons du Devoir, mais surtout chasseur expérimenté à la billebaude :
"Nous, les pedzouilles, on ne chasse pas à courre".
.
Les étoiles que j'attribue sont montées progressivement à partir du moment où l'auteur, passionné de chiens de chasse, et de chasse aux sangliers, a abandonné progressivement son vocabulaire technique de vénerie pour glisser sur les problèmes plus importants liés à la campagne.
Avant 1920, les gens étaient heureux à la campagne, dit l'auteur, contrairement au misérabilisme souligné par Zola dans "La terre", et "Germinal". Ils étaient auto-suffisants, et procédaient par le troc les rares choses qu'ils n'avaient pas. L'argent était à peine nécessaire.
Le père Tremblot, embobiné par un beau parleur qui a trempé dans l'affaire Stavisky, financier flambeur, voit les dégâts de l'argent.
Mais il n'y a pas que ça.
Vincenot dénonce l'industrialisation qui fait déserter les campagnes, dont sa combe magique :
-une faucheuse mécanique met sur la paille plusieurs faucheurs ;
- les usines du Creusot mettent au chômage les artisans chaudronniers, et ce sont tous les artisans et Compagnons du Devoir qui disparaissent en une décennie ! le père Tremblot, maître bourrelier, n'a plus de travail : les chevaux sont remplacés par les tracteurs, les automobiles et les autobus. L'odeur du cuir, le ligneul, l'odeur de la forêt, des sangliers, ragots ou quarteniers, du vautrait, du châtron, des tisanes que connaissent les grand-mères pour soigner... Tout ça est important pour un petit gars de la campagne.
Je comprends et j'approuve, ayant moi-même des origines campagnardes, du côté de Saint-Aubin-Routot, en Seine Maritime, et ayant pratiqué fauchage, manipulation des bottes de paille, traite et barattage du beurre.
Mon grand-père, qui après avoir été garçon de ferme, s'est "hissé à la force du poignet" comme boulanger indépendant, me fait penser au père Tremblot, fier de son petit-fils, voulant, plus ou moins pour rire, "le placer comme commis".
Enfin, les forces telluriques sont importantes pour tout être humain, et, "montant à Paris" pour faire ses études, Henri n'a plus que le contact avec le goudron : la terre lui manque, le grand-père lui lance un appel :
"Joue-leur la belle, à tes foutus Parigots ! Les fusils sont graissés, les chiens sont au mieux, il y a du noir [ sanglier] comme jamais, et trébin de lapins. Je t'attends pour commencer les fournottières [ pièges] avant que les chats sauvages [Felix sylvestris] ne nous les dévorent tous".
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En Bourguignon que je suis, je voulais découvrir cet écrivain régional dont j'avais tant entendu parler.
Une écriture pleine de sincérité et de simplicité.. Cet homme nous raconte sa vie... sans chichi, sans artifices, une vie rude, nature, proche de l'autre...
c'était le bon temps... trêve de plaisanterie, de temps en temps on peut se faire un plaisir simple, et ce livre en fait partie...
une confiserie entre deux piments...
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Roman autobiographique d'un enfant du début du XXsiècle, l'auteur nous promène à travers un temps qui n'existe plus et un terroir qu'il adore la Bourgogne.

Son père étant mort pendant la guerre de 14/18 ce jeune garçon a bénéficié de la présence de son grand-père au fort caractère pour courir et grandir sur une terre et dans des traditions qui vont s'effacer peu à peu à coups de bateaux et voiture à moteur, de moissonneuses- batteuses et autres objets apportant le progrès. Pour l'auteur toutes ses nouveautés sont dangereuses car elles changent l'ordre des choses .Il faut dire que s'il raconte très bien, il est extraordinairement passéiste .

400 pages de souvenirs qu'il n'est pas question de raconter ici, juste de dire que cette enfance , pas vraiment pauvre mais certainement pas riche, assez rude mais entouré d'affection, a laissé les meilleurs souvenirs à l'écrivain. Si je n'ai pas toujours été emballée par le côté passéiste, il y a un lien si fort pour ses proches pour sa terre et pour ses coutumes que c'est un plaisir de le lire. Alors que je n'ai jamais chassé, les scènes de chasse sont d'une limpidité totale, on voit , on sent, on est avec lui à courir après le "noir". Tourné vers le passé, il a été capable de voir ce que donnerait les changements dans la vie de ces villages et les difficultés écologiques qui découlerait de ceux-ci, passéiste et en avance sur son temps ...

Un roman qui est l'occasion de voir une vie rurale présentée sous son meilleur jour et à travers les yeux d'un enfant amoureux de son coin de terre. Un bon moment de lecture
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Un livre incontournable! Vincenot est non seulement un conteur incroyable mais un écologiste avant l'heure. La philosophie qui se dégage de ce livre provient à la fois d'une ode à la vie et d'une critique acerbe du "progrès" et du monde moderne.
Vincenot nous fait partager ses savoirs ancestraux, décrit les récoltes et les propriétés des plantes, la coupe du bois, la gestion des ruches, l'organisation sociale et familiale, toute son enfance, ... la vie quoi! Les descriptions de chasse ne sont même pas critiquables puisque replacées dans un contexte de vie en autarcie.
Les ingénieurs et inventeurs n'ont qu'a bien se tenir: Vincenot les enverrait au bûcher suivant le principe de l'inquisition, et on ne peut pas dire qu'il à tord!
Un livre à lire et à relire!
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La billebaude est le deuxième roman du recueil consacré à l'oeuvre d'Henri Vincenot. Comme dans le Pape des escargots, l'action se déroule en Bourgogne. La vie y est rythmée par les tâches quotidiennes de la maison et par les travaux des champs en fonction des saisons. Mais la vie du narrateur tourne surtout autour de la chasse. Il y est initié par son grand-père maternel, le Tremblot, qui connaît très bien le parcours des animaux et apprend à son petit-fils l'art d'identifier les traces laissées par le gibier dans les bois. La chasse à la billebaude est la chasse au hasard, au gré du parcours des animaux, par opposition à la chasse à courre où l'animal est traqué sans relâche. Henri Vincenot est un conteur formidable, inspiré en ceci par son grand-père, lui-même grand raconteur d'histoires. Un récit très coloré de ce monde de traditions bien ancrées qui s'inquiète de cette France modernisée, provoquant la mécanisation des campagnes, l'exploitation de la nature et l'exode rural. A lire et à relire!

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Citations et extraits (74) Voir plus Ajouter une citation
Certes, ce n'est que quelques années plus tard que je devais découvrir ce paradoxe bien celte, énoncé par mon frère celte Bernard Shaw : Les gens intelligents s'adaptent à la nature, les imbéciles cherchent à adapter à eux la nature, c'est pourquoi ce qu'.on appelle le progrès est l'oeuvre des imbéciles.
Je ne voudrais pas exagérer mes mérites d'adolescent mystique et imaginatif, mais vrai, tout naïf que j'étais, je vis avec une grande netteté se dessiner le monde de l'avenir, celui qui, tout compte fait, j'allais hélas être obligé de me farcir Oui da ! dans ma petite tête de potache, petit-fils de pedzouille et pedzouille moi-même, j'ai pensé : " Si on continue à donner aux rigoureux minus, aux laborieux tripatouilleurs de formules, aux prétentieux négociateurs d'intégrales, le pas sur les humanistes, les artistes, les dilettantes, les zélateurs du bon vouloir et du cousu main, la vie des hommes va devenir impossible ! "
Et je ne croyais pas si bien dire ! Mais, qui, à l'époque, ne m'eût pas considéré comme un plaisantin ?
.../...
Le professeur bâillait bleu, blet d'admiration. Moi, je trouvais çà affreux et bougrement inquiétant.
Il était là, devant le tableau, et vous torturait les X et les Y, vous les mélangeait, vous les pressurait, vous les triturait, vous les superposait, vous les intervertissait, et selon qu'il leur donnait une valeur égale, supérieure ou inférieur à zéro, la courbe qu'il dessinait, je ne sais trop pourquoi, montait ou descendant sur l'échelle des abscisses. C'était effroyable !
Ce vide prétentieux, ce néant stérile et compliqué a duré vingt minutes et j'ai alors pensé : " Si on laisse ce gars-l en liberté dans la nature, eh bien, la nature est foutue, et nous avec ! "
Je ne croyais pas si bien dire ; il est devenu ingénieur bien entendu et il s'est mis dans le crâne de concevoir de dangereuse âneries, comme ces barrages qui ont noyé je ne sais combien de villages, de maisons, de jardins, de vergers où avaient vécu cent générations de paisibles sous-développés. Sa dernière trouvaille a été l'installation sur la mer de plates-formes flottantes pour perforer le fond de l'océan et y faire gicler le pétrole. Eh bien, pour gicler, on peut dire qu'il a giclé, son pétrole. Il y a maintenant au moment où je raconte, une grande tâche grasse sur la mer du Nord et jusque sur les côtes de la Norvège et je ne sais pas trop où ; c'est à pleine benne qu'on y ramasse les maquereaux et les dorades crevées, le ventre en l'air ! Et ce n'est que le commencement !
Vrai, on a fusillé et guillotiné des charretées de gens qui n'en avaient pas tant fait !
Je vous le demande, n'eût-il pas mieux valu raisonnablement neutraliser, en temps voulu, les futurs inventeurs de la mitrailleuse, comme le suggérait ma bonne grand-mère, et à plus forte raison les artisans de la fission de l'atome ou même du moteur à explosion ? Quelle économie d'atrocités aurait-on faite !...
.../...
Non, vraiment, l'on ne peut pas dire que nous n'étions pas prévenus !
Mai où diable vont m'entraîner ma haine des mathématiques et mon goût pour billebauder ?
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Aujourd'hui, pourtant, parce que l'on se désagrège dans leur bouillon de fausse culture, que l'on se tape la tête contre les murs de leurs ineffables ensembles-modèles, que l'on se tortille sur leur uranium enrichi comme des vers de terre sur une tartine d'acide sulfurique fumant, que l'on crève de peur en équilibre instable sur le couvercle de leur marmite atomique, dans leur univers planifié, les grands esprits viennent gravement nous expliquer en pleurnichant que la science et sa fille bâtarde, l'industrie, sont en train d'empoisonner la planète, ce qu'un enfant de quinze ans, à peine sorti de ses forêts natales, avait compris un demi-siècle plus tôt.
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Que me dites-vous là, jeune homme ? Entends-je bien ?
Une horloge à pointer dans un amphithéâtre ?
Une horloge à pointer ! Mais c'est le déshonneur !
C'est la mort du plaisir de la tâche accomplie,
Et librement choisie !
C'est la fin de l'Esprit ! La honte ! Le scandale !
Qui rejaillit sur le monde universitaire !
Que dis-je ? Sur le monde aussi des travailleurs,
Sur le monde du labeur et de la pensée !
Sur l'humanité toute entière !
Ah ! Comme je comprends, Tremblot, votre colère !
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[...] les moineaux qui venaient becqueter la pâtée gelée des poules. Cette pâtée que le grand-père dégelait en y jetant une chopine de vin chaud, pour contempler ensuite les poules saoules tituber sur la glace en hoquetant et en grommelant les pires injures, au grand scandale de ma grand-mère qui y voyait péché.
Le tableau de cette basse-cour en ribote devant le grand-père riant aux éclats mérite qu'on en parle. Il s'esclaffait en me bourrant de coups de coude :
— Regarde la grande jaune ! La charogne ! Regarde comme elle ferme les yeux de plaisir !
Et les poulailles ivres s'affalaient en gloussant pour gagner la genière où elles s'endormaient.
— Elles aiment ça ! marche ! Elles aiment ça ! disait le Vieux.
Dans la nuit, on entendait un grand tintamarre de ce côté-là, comme si le renard y était venu en visite. Ma grand-mère y courait avec le falot et revenait en disant :
— Non, Joseph, ce n'est pas raisonnable de mettre ces pauvres bêtes dans cet état : les voilà qui rendent partout !
J'entendais le Vieux rire dans ses draps, car il se couvrait même la tête, en disant :
— N'aie pas peur et garde-moi les œufs qu'elles vont faire demain matin. Ça fera une fameuse omelette, que tu n'auras pas besoin de beaucoup de feu pour la faire cuire !
Chose bizarre : les lendemains de cuite, bien que ce ne fût pas le temps de la ponte, toutes nos poules pondaient et l'on faisait l'omelette avec ces œufs issus du péché d'ivrognerie.
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-- Honorine, il te faudra pendant neuf jours, boire une tisane faite avec neuf têtes de pensées sauvages, à neuf heures du matin, en récitant neuf Pater et neuf Avé. En même temps, moi je travaillerai pour toi ! Au bout du neuvième jour, ça sera cicatrisé.
....
Il faut dire que trois jours plus tard, les squamosités étaient sèches, au bout du sixième jour, les démangeaisons avaient disparu, au bout du neuvième jour tout était cicatrisé.
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Videos de Henri Vincenot (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Henri Vincenot
23 juin 1989 1125 vues 01h 22min 21s
Pour cette 676 ème émission, Bernard Pivot a choisi sept invités pour nous inciter à lire quelques romans français et étrangers pendant la période des grandes vacances: - romans anglais, avec Frédéric FERNEY (journaliste, proposant "Le négociateur" de Frédéric Forsythe), et Auberon WAUGH (fils du romancier britannique Evelyn Waugh et romancier lui même, pour "La fin d'une époque" d'Evelyn Waugh et "Bagages enregistrés" d'Aauberon Waugh) - un roman espagnol, avec Olivier ROLIN (pour "La joyeuse bande d'Afzavara" de Manuel Vasquez Montalban) - romans des Etats Unis, avec Philippe LABRO (qui présentent "Dalva" de Jim Morrison et "Privilège" d'Eduard Stenard) et Michaël Korda (pour son roman "La succession Bannerman") - -et des romans français, avec Félicien MARCEAU (pour son dernier titre "Un oiseau dans le ciel") et Claudine VINCENOT-GUIHENEUF (fille d'Henri Vincenot qui a préfacé un ouvrage inédit de son père "Le livre de raison de Claude Bourguignon" et qui conseille la biographie de Jean Louis Pierre intitulée "Vincenot") - Claudine Vincenot-Guiheneuf parle longuement de son père (avec un extrait d' Apostrophes de 1978, où Henri Vincenot parle de son roman "La billebaude"), Philippe LABRO évoque la biographie de Jackie Kennedy Onassis, Michaël Korda (auteur et éditeur) que Bernard Pivot présente comme l'observateur privilégié de la jet society new yorkaise, raconte le sujet de son livre (la vie et la mort d'un milliardaire américain) et exprime son plaisir d'écrire, lui qui est éditeur depuis plus de trente ans; Frédéric Forney présente Frederic FORSYTHE, auteur de best sellers qui adore "fabriquer des histoires" ("Le négociateur" se passe dans un futur proche au cours d'une crise pétrolière menaçant les grandes puissances), tandis que Philippe Labro vante deux écrivains américains mal connus en Europe. Puis Bernard Pivot laisse la parole à Auberon WAUGH en lui confiant: "Après Shakespeare, c'est votre père que j'aurais aimé interviewé" (l'écrivain britannique en profite pour raconter de nombreuses anecdotes sur son père qu'il admirait et redoutait) , puis c'est au tour de Félicien MARCEAU d' expliquer le sujet de son dernier livre, et enfin à Olivier Rolin de disserter sur le roman de Montalban.
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