AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4

sur 253 notes
5
12 avis
4
15 avis
3
4 avis
2
3 avis
1
0 avis
Dans ma volonté de revenir un peu à une certaine SF ancienne et primée, Un feu sur l'abîme de Vernor Vinge et son prix Hugo en 1993 ont été mis sur ma route. Ils avaient tout le potentiel pour me passionner avec ce space opera intense et ce planet opera sociologique à la Ursula le Guin. Cependant, je suis en partie passée à côté de ma lecture… Voyons voir les belles trouvailles et les points d'achoppement.

Paru en 1992, Un feu dans l'abîme est vraiment le produit de son époque et s'il se lit toujours assez simplement à notre époque (j'ai lu la première traduction non révisée), il représente aussi une façon d'écrire, de mettre en scène, qui a un peu évolué ou disparu de nos jours. Vernor Vinge, décédé il y a peu, était assez vierge avant la parution de ce roman, ayant publié juste 2-3 textes et il a sûrement été surpris par ce succès inespéré. Il y avait pourtant mis tout ce qu'il aimait et surtout s'était beaucoup inspiré d'un voyage personnel dans la Norvège et ses grands espaces. C'est vraiment un roman donc à la fois personnel et totalement pris dans son temps.

Ambitieux, il l'est donc certainement. Vinge a voulu glisser tout ce qui le travaillait et l'obsédait. Il y est ainsi question d'un univers où les humains mais pas que ont essaimé, un univers qui s'imagine en coupes successives définies par leur vitesse de voyage. Il y a ainsi Les Profondeurs Inconscientes, Les Lenteurs et L'En-delà. Cet univers regroupe aussi de nombreuses espèces sentientes très différentes les unes des autres. Mais cet univers est menacé quand une vieille I.A. est éveillée par mégarde : Perversion/Gale, et qu'elle cherche à annihiler toutes les formes de vie.

Vinge ne nous facile pas la tâche quand il nous plonge dans son univers. Les premières pages sont ardues, riches en noms et concepts, pas toujours des plus simples à visualiser. Il a également une plume très dense, trop souvent pour moi, tant il se perd en détails que j'ai vite jugés futiles et répétitifs. Bref, il a une tendance à l'écriture boulimique et non gastronomique, faisant trop grossir un roman qui aurait gagné à être allégé. J'ai ainsi beaucoup de mal à distinguer et me faire une idée des personnages, ce qui a contribué, sûrement au fait que je peine à accrocher au récit et que je décroche si souvent. Et je le regrette car côté idées, là c'était proche du sensationnel.

D'entrée de jeu, il nous plonge dans une double narration qui exploite à merveille deux vastes champs de le SF : le space opera d'un côté avec un vaisseau multi espèce envoyé en mission de sauvetage dans les confonds de la galaxie et le planet opera + survie avec l'atterrissage en catastrophe d'un vaisseau sur une planète inconnue où les survivants, deux enfants vont être séparés et vont chacun faire la connaissance de l'espace intelligente de la planète : des chiens qui partagent leur conscience unique entre plusieurs chiens pour faire une meute = à un individus. Vous suivez ? J'ai trouvé cela fascinant. J'ai ainsi autant aimé les développements très à la Ursula le Guin, et plus tard à la Tchaikovsky, où on apprend à connaître cette civilisation canine moyenâgeuse qui va drastiquement évoluer au contact de nos jeunes naufragés et de leurs sauveteurs en cours de voyage vers eux ; que les réflexions sur les relations interespèces à bord du vaisseau avec en prime les tensions liées à cette I.A. ravageuse qui détruit tout autour d'eux et des soupçons de trahison et collusion qui planent sur certains d'entre eux. Ouf !

Mais justement peut-être en voulant faire trop riche, j'ai trouvé ma lecture fascinante, oui, mais longue, longue, trop longue. L'auteur se perd parfois dans des chemins de traverse par forcément utiles. Il perd du coup en force d'impact et on ne ressent pas bien le vertige qu'on devrait. Pire, il plante des idées fabuleuses pour ensuite les exploiter un peu trop chichement. Par exemple, la race des Dars (ces chiens-meutes) devraient être radicalement différente de nous mais très vite on ne fait presque plus la différence entre eux et nous dans leur façon de penser et agir à de rares exceptions. Dommage. Idem avec Tige verte et Coquille Bleue, des cavaliers-plantes (?) dont je n'ai jamais bien réussi à cerner la particularité alors qu'ils avaient un sacré potentiel pour le peu que j'en ai saisi. J'ai l'impression que souvent, malgré le nombre pharamineux de pages, l'auteur reste en surface une fois qu'il a planté ces concepts. C'est dommageable avec les personnages, ça l'est encore plus avec tout ce qui tient des sciences et de la géographie céleste, où j'ai trouvé très dur de me représenter la navigation, les relations entre espèces en dehors de ce vaisseau qu'on suit et des messages qu'on voit circuler. C'est très nébuleux tout ça. Certes nous sommes a priori sur un tome 1, deux autres tomes étant sortis ensuite dans le même univers, mais ce n'était pas prévu à l'origine et j'aurais aimé que ce soit de suite compréhensible.

Je ressors donc de ma lecture un peu perplexe : beaucoup de concepts et d'idées géniales mais une forme inaboutie et pas mal de portes restées grandes ouvertes sans trop d'explications. J'ai beaucoup aimé mon voyage dans ces contrées lointaines et étranges auprès de personnages humains et surtout non humains challengeants. Je suis restée sur ma faim quant à la visualisation de l'univers et aux devenirs de cet univers pourtant en train de se faire dévorer de l'intérieur. Peut-être sommes-nous trop restés en huis clos, j'aurais aimé trembler encore plus et affronter directement la menace ? Je ne sais pas encore si je lirai la suite…
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
Commenter  J’apprécie          130
Indice de fautes* : 0,5 pour 100 pages

Un médiéval-canin doublé d'un spaceopera humain. Plus médiéval que space opera, et c'est très dommage car sur ce plan, on n'y entre pas du tout alors que le potentiel qu'on nous a fait entrevoir est énorme.

Et c'est long, mais looooong ! Un livre qu'il faudrait facilement réduire de moitié en raison des répétitions et allongements des scènes, voire des 2/3 si l'on enlevait certains personnages ou peuples, et autres messages assez incompréhensibles transmis à travers l'espace.

Niveau créativité :
- Les êtres muliples (multi-chiens, donc multipattes) et multipathes
- Les différentes zones de l'univers (de la galaxie), plus ou moins "rapides", c'est-à-dire ayant des propriétés (physico-technologiques) différentes. C'est génial mais mal expliqué alors que c'est le noeud de l'action !
- La gale qui envahit
- Les réseaux et les messages transmis (n'oublions pas que le livre a été écrit en 1992, tout cela existait déjà certes, mais pas aussi évolués !)

Hugo ? Tant mieux pour lui. C'était à une époque.

Les points négatifs :
- Peu d'explications et de descriptions palpitantes des notions - pourtant incroyables - de cet univers. Quand elles existent, elles sont délayées et perdues un peu partout.
- On ne comprend pas grand-chose à ces niveaux plus ou moins rapides. En vertu de quoi ? On entrevoit les conséquences surtout dans les Lenteurs, mais pas vraiment pour la Transcendence (seul le mot nous évoque beaucoup, mais on n'ira pas dans ce tome)
- On décroche souvent, c'est pénible, en raison de la narration qui se focalise sur le médiéval et dilue les parties peu intéressantes alors qu'il y aurait tant à développer au niveau des êtres si complexes.
- Les aventures médiévales sont trop longues et décalées. Il faut 900 pages pour que le frère et la soeur se retrouvent (à peine) alors que c'est un noeud qu'on attend.
- Alors qu'on passe longtemps sur les personnages, ils ne sont pas profonds et manquent de personnalité.
- On ne voit pas en quoi ces enfants sont la clé du problème qui secoue la galaxie

Je ne lirai pas les suites

(*) L'indice de fautes est subjectif et forcément imprécis. Je compte le nombre de fautes que je croise et le ramène à 100 pages. Il inclut les coquilles et dépend de ce que je vois, de mon comptage, de la taille des pages, etc.
Lien : https://patricedefreminville..
Commenter  J’apprécie          90
Voilà, c'est fait, j'ai tourné la dernière page de ce petit pavé dont j'avais lu tant de critiques élogieuses. Je me suis ennuyé ? Non. J'ai été captivé ? Non. Est-ce que je regrette mes 6 jours de lecture ? Non. Est-ce que je relirai ce livre ? Non. Alors ? Eh bien, sachez en tout cas, grands lecteurs, qu'un bon Franck Dartal (il y en a plusieurs), un bon Jacques Hoven (Ah l'absolu chef d'oeuvre surréaliste : ''Robinson du Cosmos'' !!!), et plus d'un Barbet, Lemay et tant d'autres valent bien celui-là ! (Ce qui ne m'empêchera pas de lire '' Au tréfonds du ciel '' de Monsieur Vinge) *
Commenter  J’apprécie          00
Premier d'une trilogie, Un feu sur l'abîme est sorti pour la première fois en 1992 sous le titre « A Fire upon the Deep.
Il est suivi par « Les enfants du ciel » et « Au tréfonds du ciel ».
En 1993 l'auteur remporte le prix Hugo du meilleur roman avec ce même roman.
Une super intelligence est réveillée malencontreusement par des humains dans une partie de l'univers. La Gale, la Perversion détruit tout sur son passage, les technologies, les vaisseaux, les civilisations.
Dans le Relai, un vaisseau avec à son bord Ravna une humaine, deux Cavaliers des Skrodes espèce végétale particulièrement intelligente, montés sur Skrodes qui leur permet de se déplacer, Tige Verte et Cosse Bleue, couple de négociants, ainsi que Pham sorte d'humain rafistolé par une Puissance, le Vieux qui le manipule. Tout ce petit monde se retrouve à évacuer d'extrême urgence le Relai attaqué par La Perversion.
Ils partent à la recherche d'un vaisseau écrasé sur une planète dans les Lenteurs de l'univers, où les technologies et l'intelligence artificielle sont inefficaces et ralenties. Une quête désespérée pour sauver les diverses civilisations de l'univers aussi bien humaines que non humaines menacées par la Gale.
Gros pavé à la fois science-fiction et fantasy médiévale. La planète des lenteurs est peuplée par des meutes de chiens intelligents ayant une âme et une intelligence commune.
J'ai bien aimé la partie sur cette planète, je suis un peu plus fermée au space opéra, mais la quête de Ravna et de ses amis nous permettent d'appréhender l'impact que l'intelligence artificielle aurait si nous en dépendions totalement.
Les enfants rescapés, Jeffri et Johanna vont vivre des aventures passionnantes mais traumatisantes au contact de ces meutes. Ils en sortiront grandis et se découvriront de nouveaux amis . Ils vont faire l'expérience de la manipulation des politiques et du monde des adultes.
J'ai aimé l'écriture de Vernor Vinge, surtout quand il ne développe pas trop les évolutions technologiques et synthétiques qui me sont hermétiques. Par contre les intrigues au sein des différentes meutes sont fort intéressantes ainsi que leur fonctionnement.
Je lirai certainement les suites, j'ai bien envie de savoir ce que vont devenir nos héros dans ce monde médiéval qui va sûrement évolué vers la technologie.
J'ai bien aimé la reine le Sculpteur ainsi que Peregrin son compagnon.
Un grand merci à Babelio et les Éditions Ailleurs & Demain pour cette masse critique mauvais genre. Je suis vraiment à l'extrême limite pour ma critique mais des évènements imprévus m'ont empêchés de le lire en toute sérénité.
A très bientôt si j'arrive à trouver les suites.

Commenter  J’apprécie          3110
Waouh !

Un texte dense construit autour d'une menace intergalactique et d'une contre-mesure sauvée in-extremis. Contre-mesure qui se retrouve entre les mains de deux enfants séparés depuis l'atterrissage mouvementé de leur vaisseau. Enfants qui se retrouvent alors chacun entre les mains de deux clans rivaux de cette planète peuplée d'étranges créatures dotées de sapience mais si différentes des humains.

Commence alors un contre la montre qui suit le rythme de l'envahisseur et sa propagation destructrice, qui suit l'avancée d'une expédition de sauvetage mise sur pied en urgence, qui suit l'adaptation bien différente des deux enfants au sein de leur clan respectif, si différent et pourtant si semblable.

Une plume colorée et détaillée, des personnages très particuliers et pourtant tellement attachants, une imagination débordante et un back ground scientifique pointu, voilà ce qui rend ce roman particulièrement complexe à lire. Je vous rassure, au fil des pages, l'ambiance et l'histoire font qu'on ne peut plus le lâcher même si parfois certains passages restent un peu obscurs surtout au début de la lecture.

Une traduction qui a été retravaillée pour être plus en phase avec le monde actuel et surtout ses avancées technologiques. Un roman qui mérite largement le détour pour la finesse des analyses psychologiques des différentes races en présence ainsi que pour son étude de l'évolution des espèces au fil du temps.

Bon, même si c'était ardu à certain moment, même si c'était parfois un peu long, j'ai adoré ma plongée dans le monde de Vernor Vinge et je vous la recommande :-)
Commenter  J’apprécie          132
Petit tour du côté de la science-fiction avec le premier tome de cette trilogie. C'est un genre que je lis très peu, car souvent cela passe ou cela casse. Très peu d'ouvrages me plaisent et je ne sais pourquoi, je suis très difficile avec ce genre par rapport à d'autres.
Pour cette lecture, elle m'a plu dans son ensemble. Tout ce qui a trait au voyage spatial, comment fonctionne les vaisseaux, la politique des mondes, les différentes espèces qui peuplent les univers. Je n'ai rien à redire, c'est la partie la plus intéressante du livre avec en plus cette petite touche de menace intelligente activée comme toujours par l'humain, l'être le plus curieux mais aussi le plus égocentrique de l'univers quitte à mettre en péril les autres.
Concernant les personnages, il m'a fallu un peu de temps pour comprendre le fonctionnement de Pérégrin, le Sculpteur et les autres. Je ne sais pourquoi, au début je les voyais comme un amas de divers entités alors que c'est juste des meutes de loups humanoïdes qui fonctionnent en groupe. Chacun sert au groupe et les solitaires sont rares à survivre vu que le lien entre les différents membres de la meute est fort.
Pour conclure, ce fut une lecture agréable, mais malgré tout, je suis passé à côté. Je n'ai pas eu d'attachement pour les personnages, je suis resté à survoler l'histoire sans entrer complètement dedans. Cela reste un bon univers à découvrir, cependant je n'ai pas ressenti le déclic familier qui me donne envie de connaître la suite.
Lien : https://la-bibliotheque-du-l..
Commenter  J’apprécie          100
Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les éditions Robert Laffont pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une opération Masse critique.

Malheureusement, je ne suis pas parvenue à aller jusqu'au bout. Dès les premières pages, j'ai eu beaucoup de mal à m'immerger dans l'univers complexe créé par Vernor Vinge. Je ne suis pas parvenue à le visualiser et cela me bloque toujours dans une lecture.

Je ne sais vraiment pas quoi dire. J'avais vraiment beaucoup aimé son autre roman « La captive du temps perdu » et j'étais persuadée que j'allais adorer ce roman.

Je suis quand même curieuse de jeter un oeil à la traduction originale de Guy Abadia de 1994. Elle colle peut-être un peu plus à l'époque où ce roman a été écrit.
Commenter  J’apprécie          2813
Amoureux de la science-fiction, je vous souhaite la bienvenue. Allergiques au genre je vous prie de passer votre chemin!!! Ce roman de 800 pages demande beaucoup d'attention au cours des 100 premières. En effet, l'univers vaste de notre ami Vernor Vinge se mérite comme le prix Hugo qu'il a obtenu avec ce livre en 1993. le nombre de races extraterrestres, les distances parcourues, le temps écoulé, la physique et la géographie vingienne, tout est incommensurable chez cet auteur.

Une expédition quasi-humaine tombe sur une découverte extraordinaire aux confins de l'univers : Un programme informatique inconnu dans les archives d'une civilisation disparue. En l'exploitant, elle réveille une intelligence artificielle qui ne pense qu'à conquérir et à détruire toutes les formes de vie. Deux enfants parviennent à s'échapper et emportent avec eux le seul remède possible pour mettre fin à cette perversion tentaculaire qui veut dévorer la galaxie. Ils vont devenir l'enjeu d'une rivalité à l'échelle d'une galaxie…

Le décor est planté et bien planté. L'action se passe sur des planètes exotiques mais aussi à bord d'astronefs. Les batailles sont bien décrites et réalistes. le foisonnement des histoires est impressionnant d'autant plus que les civilisations humaines et non humaines ne sont pas toutes arrivées au même stade de développement (de type médiéval au plus High tech). le choc des cultures est abordé de façon efficace et crédible et Vernor Vinge redonne ici ses lettres de noblesse au Space opera. Grace à cet écrivain, ce genre n'est plus une expression péjorative et retrouve de l'importance grâce au nouveau sens qu'il sait donner à ses aventures épiques et tragiques tout en préservant également le réalisme scientifique.

Les personnages ont aussi une place privilégiée dans «un feu sur l'abime ». C'est eux qui portent le roman de la première à la dernière page. Une galerie d'humains et de non-humains comme on en voit peu. Ceux-ci enrichissent l'histoire par leur force de caractère et l'ampleur de leurs sentiments dramatiques. Ravna, Pham, Coquille bleue et Tige Verte, Pérégrin, Acier, Sculpteur, Vendacious et nos deux enfants humains Johanna et Jefri ont tous un rôle essentiel à nos yeux. C'est grâce à eux que les pages se tournent sans difficultés. L'auteur parvient à nous les faire aimer et à mieux les comprendre. le résultat est impressionnant quand on sait que pour une fois les humains sont peu nombreux, la part belle étant faîte aux extraterrestres.

Un univers qui peut faire peur par sa complexité. Un roman-pavé qui peut effrayer par le nombre de ses pages. On peut en effet être impressionné par un Vernor Vinge, mais grâce à sa prose et son originalité, on arrive à s'approprier l'histoire et bien s'y sentir. La magie opère page après page, au point de ne plus vouloir abandonner la lecture en acceptant d'aller jusqu'à cette fin tant attendue.

Je remercie Babelio et les éditions Robert Laffont pour cette belle découverte que j'ai tenue à raconter en essayant de rien divulgâcher. Ce roman sera suivi en 1999 d'une prémisse « Au tréfonds du ciel » qui recevra lui aussi un prix Hugo en 2000…
Commenter  J’apprécie          6445
Les éditions Robert Laffont continuent à toiletter leur catalogue. Gérard Klein ayant demandé à ce qu'aucun nouveau titre ne vienne enrichir cette mythique collection, il s'agit de faire du neuf avec du vieux. Ou de proposer un patrimoine essentiel aux plus jeunes en le mettant au goût du jour. Après la saga de Dune de Frank Herbert et Les Dépossédés d'Ursula K. Le Guin, c'est au tour d'un autre monstre de la fin du XXe siècle de retrouver une nouvelle jeunesse : Un feu sur l'abîme de Vernor Vinge, qui a obtenu, entre autres, le prix Hugo en 1993.

On le sait, à force de lire des romans (et des nouvelles), de regarder des films et des séries, une des caractéristiques de l'humanité qui lui joue souvent des tours, c'est la curiosité. Et au début d'Un feu sur l'abîme, c'est encore la tentation d'un groupe de femmes et d'hommes de jouer à l'apprenti sorcier qui va lancer un mouvement de destruction massive inégalé. Tombés sur un ancien artefact, ils ont réveillé la Gale, une Puissance, un être (?) capable d'agir sur l'esprit, sur la matière. À des degrés incompréhensibles pour nous autres, pauvres humains. Mais les conséquences vont être catastrophique, puisque cette Puissance est bien décidée à régner sur l'univers. Heureusement, quelques rescapés de la mission d'exploration parviennent à s'échapper avec, même s'ils l'ignorent, une chance de vaincre cet ennemi surpuissant. Cependant, le vaisseau qui abrite cette solution miracle s'écrase sur une planète très peuplée, où la civilisation en est restée au stade médiéval. Quant aux habitants, ils sont pour le moins différents de nous. Je n'en dirai pas plus sur eux…

Même si j'ai eu une peu de mal à entrer dans ce roman, tant certains concepts m'ont été un peu difficiles à intégrer au début (la géographie de l'espace et ses spécificités dépasse mes limites très modestes en physique), j'ai vite franchi cette barrière pour entrer pleinement dans cette histoire. Car, comme souvent en SF, une fois les bases posées, cela roule tout seul. Vernor Vinge met en place trois grands axes narratifs : deux survivants de l'accident du vaisseau sur la planète « médiévale ». Deux enfants bien jeunes pour porter un tel poids sur les épaules. D'autant que dès l'arrivée, ils sont séparés et pensent que l'autre a été tué. Les voilà donc isolés sur un monde étranger, entourés de créatures terriblement différentes. le dernier axe est centré autour d'une femme qui va entrer en contact avec l'un des enfants et va tenter, pour de multiples raisons, d'aller le sauver. Et leurs aventures, qui décideront de l'avenir d'une partie de l'univers, sont d'une grande richesse : les plus de six cents pages filent à grande vitesse, malgré la police de taille assez modeste.

Car la force de l'auteur américain est de mêler le sort d'individus et celui de civilisations. On suit de simples femmes et hommes, tout en découvrant la fin de sociétés entières. Comme Liu Cixin dans Les migrants du temps, il manie des distances formidables, des milliards d'individus, des milliers d'années. Mais à la différence de l'écrivain chinois, il sait parfaitement nous impliquer dans le destin de ses personnages (je trouve en effet que Liu Cixin s'en sort mieux avec les grands groupes qu'avec les simples entités). Dans son cas, c'est plutôt le sort des civilisations menacées par la Gale qui semble bien lointain, sans véritable relief. Certains personnages ont beau être émus par leur disparition, de mon côté, cela ne m'a fait ni chaud ni froid.

Par contre, savoir ce qu'il allait advenir de Johanna ou de son petit frère Jefri, de Ravna, la jeune « sauveteuse » ou du presque humain Pham, qui va l'aider mais pas nécessairement pour de bonnes raisons, ça, ça m'importait. Je voulais découvrir comment ils allaient survivre et gérer cette crise phénoménale, comment ils allaient communiquer avec les autres races extraterrestres, les connues comme celles que fréquente Ravna, la nouvelle que Johanna et Jefri découvrent à leur corps défendant. J'ai été impressionné par la solidité de l'univers créé par Vernor Vinge et sa capacité à lui donner vie, à m'y faire pénétrer et à m'y sentir chez moi (à défaut de m'y sentir bien, car la situation est très, très tendue).

J'avais lu, voilà bien longtemps, du Vernor Vinge et cela ne m'avait pas particulièrement marqué. Mais je dois dire qu'Un feu sur l'abîme m'a agréablement surpris, malgré une entame un peu laborieuse. Cette fresque gigantesque menée presque comme un thriller, aidée sans doute par la révision de la traduction, se lit avec un plaisir gourmand.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
Commenter  J’apprécie          2710
800 pages qui se lisent bien. Si bien que Vernor Vinge, devenu roi des cimes avec ce roman et le prix Hugo, ferait passer n'importe quel autre écrivain du genre pour un besogneux des massifs.

Le point de départ demande un peu de concentration. Une singularité démoniaque, libérée suite à une erreur humaine, a perverti une colonie terrestre nommée le domaine Straumli. Son extension est supraluminique et son pouvoir de destruction met la galaxie en danger. C'est la Gale.

Un vaisseau humain, parti en catastrophe et porteur d'un élément susceptible de contrer l'ennemi, atterrit sur la planète des Dards, des loups qui ont évolué jusqu'à un équivalent médiéval avec châteaux forts, épée, arbalète et cruauté intégrée.

La grande trouvaille réside dans le fait que chaque meute de ces loups a un cerveau collectif et le changement d'un des membres modifie le caractère du groupe.

Et la grande vadrouille commence quand des sauveurs autoproclamés et de divers recoins du système galactique, Ravna, Pham, Coquille bleue et Tige Verte, se lancent à la recherche du vaisseau humain.

Ils sont rassemblés pour sauver la galaxie dont quelques milliards de résidents ont décidé de faire la chasse à la race humaine jugée responsable du fléau. Nous voici donc avec un poule-renard-vipère intersidéral.

Récit parfois haletant et, malgré quelques longueurs, un bon moment de lecture qui dépasse le genre SF pure avec cette image géniale que, comme ces meutes de loups, un humain peut-être plusieurs simultanément.

Idée exploitée par le celui qui répond au doux nom vengeur de Vernor Vinge dont le voyage vaut d'être vu pendant les vacances.
Commenter  J’apprécie          320




Lecteurs (810) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4908 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}