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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
T'es pas un loser, p'tit. En fait, j'ai l'impression que si. C'est comme ça, mec. La loose, je la sens en moi, j'la ressens même. L'archétype du pauvre type. Si tu savais comme ce qualificatif me colle à la peau. La vie dans une putain de vie, une vie qui bascule en vadrouille dans le Nevada. Une nuit d'hiver à Reno, nuit froide nuit d'ivresse, l'esprit se bouscule à l'intérieur et puis un bruit, un choc, laisser le cycliste au bord de la route. Prendre la route dans une vieille Dodge, modèle 74, le vieux Tom Waits qui braille dans les haut-parleurs de la caisse et prendre la fuite.

Je l'ai senti de suite que cette nuit allait mal finir. Dès que le pigeon s'est écrasé contre ma fenêtre, la brisant et laissant entrer le froid s'engouffrer sous la couette. Jerry Lee et Frank, deux frangins qui fuient leur destin et leur propre vie. de motel en motel. Fucking Life.

L'Amérique en mode désenchanté ? L'histoire sans espoir. Et là, ça me parle forcément. C'est mon univers, version d'un pauvre type au sourire disparu, d'un mec qui se sent pas à sa place dans ce monde de bruit, de paroles et de lumières, ou tout va trop vite, même un cycliste dans le noir sur une route enneigée sans lumière face à une vieille caisse aux phares blafards et à la carrosserie blême. Est-ce que des gars comme Jerry Lee et Frank peuvent s'en sortir ?

Le néon du motel clignote, comme prêt à s'éclipser sous la lueur bleue de la nuit. le parking désert s'illumine de sa tristesse, une pluie fine pleure sur ces vies, je vois la lune se refléter sur une dernière flaque. Ne pas se retourner.
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♫ There is a winding road across the shifting sand
And room for everyone living in the Promiseland ♪♪

Sûr que le rêve américain, comme on ne l'ignore pas, tout le monde peut le vivre, tout le monde ! Suffit juste de le vouloir. C'est d'ailleurs ce qui fait la grandeur des États-Unis d'Amérique (America, the beautiful...)
Mais bien sûr, faut voir à pas faire son vilain chameau et y mettre de la mauvaise volonté. Parce qu'il semblerait que c'est le cas de 94% de la population qui n'aurait qu'à se baisser pour cueillir la réussite offerte à tous mais qui ne fait aucun effort... Voilà ! Je vois que ça pour expliquer pourquoi cette notion à la con tombe encore moins souvent que la foudre sur la cafetière de ceux qui ont crû que si on en parle autant de ce foutu rêve, c'est forcément qu'il existe.
Du coup, fatalement, y'a des exclus.
Et pas besoin de lire plus de trois pages de Motel Life pour comprendre que Frank et Jerry Lee Flannigan, frères dans la petite vingtaine, en font partie. Deux chouettes gars, dans le genre doux et sympas mais qui prennent un mauvais départ dès l'adolescence en perdant leur mère et unique parent, se retrouvant seuls au monde, sans réelles ambitions, arrêtant l'école, vivotant de petits boulots ingrats, buvant de la bière et du whisky bon marché à longueur de journée et couchant dans les motels les plus minables qui soient.

Et puis, quand on a la poisse... Voilà que par une nuit glacée, Jerry Lee écrase un gamin surgit de nulle part, et, d'un moral déjà pas brillant, on assiste carrément à sa descente aux enfers. Il pourra bien sûr compter sur son petit frère chéri pour l'aider et le soutenir mais comment supporter le poids d'une culpabilité que quatre épaules ne suffisent pas à porter ? Alors Frank, narrateur de Motel Life plutôt indolent quand il s'agit de raconter le quotidien, s'exalte au récit d'histoires qu'il invente pour lui et Jerry Lee qui les adore et les réclame, et soudain les problèmes paraissent secondaires et l'avenir moins sombre. Malheureusement toutes ces fables ont une fin, souvent heureuse, antinomique de leurs vies.

Avec ce premier roman, Willy Vlautin nous offre un instantané d'une Amérique qui cache sa misère sous le tapis, véritable hymne à tous les oubliés de l'american dream qui auraient pourtant mérité, eux aussi, d'avoir une part du gâteau et pas la plus petite.
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Très beau roman, très belle découverte grâce au Picabo River Book Club.
L'auteur a une très belle écriture, pleine de sincérité. Il réussit à nous faire quitter la réalité pour nous retrouver aux côtés de ces deux garçons. On est aspirés avec eux dans cette spirale descendante, on a peur pour eux....Vraiment très beau roman....
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Un roman au sujet des white-trashs extrêmement bien réussi et exceptionnellement bien écrit. On ne peut pas dire que l'auteur ait voulu se perdre en descriptions ou en phrases compliquées. Mais chaque phrase reste un bijou ; un peu comme des punchlines de rap. C'est un romain hyper contemporain, qui se lit d'une traite, qui se lit en trois petites heures. Elles passent à une vitesse folle ces trois heures, on est absolument absorbé. Réellement, on ne peut hurler à la grande littérature, et pourtant, ce livre, il remue quelque chose, quelque part.

Les personnages principaux sont-ils attachants ? Oui ? Peut-être ? On ne sait trop. Quoi qu'il en soit, entre hallucinations totales dues à l'alcoolisme, réalité désespérante, macabre même, et aussi mélangé de souvenirs et d'arts… C'est un mélange extrêmement bien dosé, un jeu de funambule sans aucune faute ni aucune tâche. Comme les mots, précis et efficace, cette histoire ne vous lâchera plus.

Première page : le plus grand des frères entre chez le narrateur. Ils ont tous les deux passés une sale nuit, ils sont un peu bourrés. Vous connaissez cet adage, celui qui dit qu'un vrai ami c'est celui qui vous aide à planquer un corps à n'importe quel moment ? Bah voilà, grand frère n'a plus que petit frère.
Ainsi, dans leur cavale, car une partie du livre est un road trip – mais pas que ! – ils vont faire ce qu'ils ont toujours fait de mieux : se soutenir. Ils se soutiennent et se remémorent : les filles, les copains, les bêtises, mais aussi et surtout, la rue, les galères, les mauvais choix…

C'est une belle histoire, drôle aussi, touchante, et très bien écrite bien que ce soit du contemporain. Entre fantômes du passé et du présent, c'est réellement un beau livre, une belle histoire. Par un auteur sincèrement amoureux de l'art : un ôde à la création qui nous permet de nous échapper du quotidien, de le réécrire, de se l'approprier, de le fuir…
Lien : https://barauxlettres.wordpr..
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Une nuit d'hiver à Reno dans le Nevada, Jerry Lee Flannigan, ivre, renverse et tue un adolescent à vélo. Totalement paniqué, il décide de cacher le corps et de fuir vers le nord avec Franck, son frère cadet. Mais comment vivre avec un tel poids sur la conscience?

Sans aucun jugement ni pathos, Willy Vlautin dresse un très beau portrait de deux frères, deux paumés qui ont quitté l'école bcp trop tôt et vivotent tant bien que mal entre jobs journaliers, bière et whisky qu'ils consomment souvent à longueur de journée. Malgré leurs nombreuses difficultés et les petits et grands problèmes auxquels ils ont été confrontés depuis la mort prématurée de leur mère et dont ils peinent à se sortir, Jerry Lee et Franck sont unis par un très fort amour fraternel et font preuve d'une gentillesse et d'une générosité à toute épreuve, ce qui les rend profondément attachants.

Des parcours de vie difficiles, bcp de tristesse et peu d'espoir... J'ai refermé ce livre le coeur serré, une nouvelle fois touchée par le regard profondément humain de Willy Vlautin dans sa façon d'appréhender l'exclusion et la précarité.
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