AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Luz Volckmann (Autre)
EAN : 9782956773535
96 pages
Blast (28/08/2020)
3.86/5   14 notes
Résumé :
Le souvenir d'une amitié absolue et pourtant étiolée de l'enfance, le retour pour arpenter et confronter le territoire familial, l'apprentissage et l'éveil d'un corps ralenti, au dos longtemps objet médical. Trois temps racontent les recoins du placard, celui dans lequel on enferme les trans, les queers, les anormales. Ils sont écrits par la haine, la violence, la pauvreté, la prison, l'hégémonie, mais à cela y répondent l'impitoyable poésie du corps, le lien organi... >Voir plus
Que lire après Les chants du placardVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Tout d'abord merci à Masse critique Babelio et les éditions Blast pour l'envoi du livre "les chants du placard" de Luz Volckmann.

Comme à chaque fois, j'ai le coeur en fête et je guette ma boite aux lettres. Les courriers sont si rares maintenant, alors lorsque c'est un livre, c'est une grande joie qui me traverse.

C'est un tout petit livre de 88 pages. Lorsque je l'ai reçu, je me suis dit que c'était un après-midi de lecture qui m'attendait.

Première incursion dans le livre, me laisse pantoise !

Les mots sont percutants, l'auteur explique que le placard « n'a pas de langage, et n'a pas d'odorat. Il n'a pas non plus d'ombre où l'on aurait pu se cacher. le placard ça n'existe pas et pourtant, ça produit toujours plus d'enfants silence. Il nous enfante mais en prenant toujours le soin de nous défigurer »

L'auteur parle brièvement des ignominies infligées par la société : viol, meurtre, haine, la pauvreté, le silence. Il écrit et parle de lui dans des dissonances qui m'ont fait rechercher en vain le fil conducteur que j'attendais après avoir lu la quatrième de couverture.

Ensuite trois « nouvelles » sont écrites par
Luz Volckmann :

Lettres mortes,

La malvenue,

L'alphabet des imbéciles.

Je n'ai pas réussi à faire du lien avec le thème que j'attendais trouver dans le livre à travers ces trois histoires, j'ai retenu de brefs passages tels que : l'amitié nostalgique, les amours interdits à la dérobée, la recherche de l'identité sexuelle, le deuil de l'autre et de soi, une intervention chirurgicale, la vulnérabilité, la solitude ….

Pas de rencontre véritable avec l'auteur, je retiens une plume « en allégorie » qui m'a déroutée et m'a laissée face à de l'incompréhension.
Commenter  J’apprécie          422
« Qu'est-ce qu'on appelle le Placard ? Un endroit qui abîme. »
Ce Placard qui, par le pouvoir de sa majuscule, retire toute possibilité au Je de s'exprimer, fait de lui un On.
Premier mot. Premier sujet. On. L'indéfini, le quelconque, le n'importe qui. le bâillon.
Et puis, la douleur et la rage. Les mots posés sur les maux, ni onguents, ni pansements, accouchement du Je. Ce Moi qui s'affirme, en fin de prologue, pour clamer à la face du monde qu'il a « l'orgueil du peuple des géants ».
Trois épisodes de la vie de la narratrice.
Des « lettres mortes » qui font ressurgir les souvenirs d'enfance, d'une amitié errante qui dans le secret de ses escapades découvre l'ennui et la sexualité. Une amitié pour échapper à la famille, à la dèche, au Morvan, sol d'attache, magnétique, attirant, repoussant.
« La malvenue » qui, plus tard, revient au pays, à la famille pour rompre avec son enfance. Pauvre, glauque, sauvage, alcoolisé, homophobe, raciste, le milieu rural se taille le part du lion dans des poncifs qu'un Bouysse ne renierait pas. Vérité du témoignage ? Pas sûr, la préface nous prévenait d'emblée qu'il ne fallait pas voir dans les mots l'absolue vérité. N'en reste pas moins la beauté des mots qui accentue d'autant plus la violence des actes qui dans la destruction vont toutefois amener à la reconstruction.
Enfin, « L'alphabet des imbéciles » crée la rupture. Je devient Elle. Elle passe sur le billard pour une lourde opération du dos, elle souffre, elle se redresse, doucement, funambule de l'existence.
Qu'il est difficile de parler de ces « Chants du placard », la plume est belle, aussi poétique qu'amphigourique, parfois ; il faut… ou plutôt, j'ai dû me résoudre à accepter de ne pas tout comprendre. L'urgence de la parole bouscule, sa musique enchante autant qu'elle effraie. Il fallait que ces mots s'écrivent, il fallait que ces mots se lisent, ils sont les vers qui luisent dans les ténèbres de ce Placard qui enferme les « trop », les « pas comme », les « pas assez ».
Commenter  J’apprécie          20
C'est un livre surprenant que Les chants du placard. J'ai eu du mal à rentrer dedans. Et puis je n'ai pas pu m'arrêter jusqu'à la dernière page. C'est tellement bien écrit, tellement ciselé, ça demande de l'attention. J'ai l'habitude de lire vite et on ne peut pas lire rapidement le livre de Luz Volckmann. Il faut prendre son temps, apprivoiser le style, écouter chaque mot, suivre leur chemin. Peut-être parce qu'il m'a fallu du temps pour accepter de me laisser porter par cette poésie, ce sont les parties 2 et 3 que j'ai préférées. Dans La Malvenue : le retour au Morvan, ruralité, pauvreté, violence, mémoire, abandon. La beauté brute des paysages et la beauté qui « s'est comme retirée pour n'habiter plus que les gestes. On les retrouve par les plus visibles, les plus exigeants mais aussi les plus vitaux : ceux qui accompagnent la fierté. »
Et dans L'alphabet des Imbéciles : une opération, la douleur, la chair, les cicatrices, vivre dans son corps, vivre avec son corps, réapprendre tout ça, reprendre la parole : « Tu découvriras des demain ce que le refus signifie. L'impotence ne se content pas de jeter la chair à l'ombre d'elle-même, le handicap ne fait pas simplement échouer les corps. C'est un échec dans la Parole. "Je ne peux pas ", ce n'est pas une phrase, c'est une hérésie à la poésie. »
Commenter  J’apprécie          42
Les chants du placard, premier roman de Luz Volckmann édité par les éditions blast, est un texte radical. À tel point que je sens déjà que je vais éprouver toutes les difficultés du monde pour vous en parler.

Et les maladresses que je vais sans aucun doute enchaîner à propos de ce texte ont déjà commencé. Existe-t-il un terme moins convaincant, moins vendeur, que « radical » pour parler d'un livre ? C'est un terme qui fait peur, encore plus dans notre société où radical et extrémisme cohabitent souvent. Mais je ne vois pas de terme plus adéquat pour parler du livre de Luz Volckmann. Ce texte est radical puisqu'il propose une rupture, ou plutôt une multiplicité de ruptures.

Il y a d'abord les ruptures comme motifs dans ce que le roman dit. Rupture d'amitié dans les Lettres mortes, avec l'enfance dans La Malvenue, avec un corps dans L'alphabet des Imbéciles. Trois chapitres qui montrent qu'il est parfois nécessaire de casser pour mieux reconstruire, que les fins peuvent être des recommencements et que les nombreuses manières de mourir sont autant de façons de naître.

Il y a également ruptures dans la forme. D'abord parce que le texte de Luz Volckmann échappe aux cases habituelles. Difficile de parler de roman face aux Chants du placard tant les trois chapitres qui les composent peuvent fonctionner séparément. Par ailleurs, ils sont introduits par quelques pages qui, parce qu'elles ne sont pas nommées, pourraient être à la fois prologue, manifeste ou note d'intention en même temps qu'elles pourraient n'être rien de tout ça. Impossible par contre de parler de recueil de nouvelles, tant l'ensemble est homogène, malgré une nouvelle rupture formelle entre les deux premiers chapitres et le troisième qui voit la narration passer de la première à la troisième personne.

Mais la plus grosse rupture de toutes, c'est celle que Luz Volckmann entame avec le Placard. Ce texte, c'est une réappropriation de la Parole de la part d'une autrice qui se l'est vue trop souvent confisquée. Et, sans doute parce que le monde l'a trop souvent réduite au silence, la Parole de Luz Volckmann ne se laisse pas approcher facilement. Il faut s'accrocher pour avancer dans ces 90 pages. Il ne faut pas avoir peur d'entrer en contact avec une langue riche et poétique, dont certaines images resteront sans doute obscures pour tout qui n'est pas l'autrice de ces mots. Mais la Littérature doit-elle nécessairement livrer tous ses secrets pour être lue, appréciée et entendue ? Je n'en suis pas sûr ; en tout cas, les zones d'ombres que créent ces Chants du placard n'ont fait que renforcer ma fascination pour ce texte queer par son essence même.

Je tiens à remercier les éditrices derrière cette maison d'édition que je découvre en même temps que je découvre Luz Volckmann de proposer une littérature autre, qui n'hésite pas à bousculer les codes. Les chants du placard ont sans doute fait une entrée discrète sur la scène littéraire, mais ils feront assurément beaucoup de bruit à l'intérieur de celleux qui les liront.

PS : Si les détracteur·rices de l'écriture inclusive prennent la peine de lire Les chants du placard, iels pourront se rendre compte de tout le potentiel littéraire qu'une écriture qui ne laisse personne sur le côté peut avoir.
Lien : https://8tiret3.blogspot.com..
Commenter  J’apprécie          00
Au premier abord, il peut sembler difficile de rentrer dans la lecture des Chants du placard.
Qu'est-ce donc que ce placard, d'abord ? La réponse est dans la préface. « Un endroit qui abîme. Un abîme pour contorsionnistes que nous devenons malgré nous, dont on ne se dépêtre jamais totalement. »
Un placard, c'est donc un lieu où on enferme les divergences, dans l'espoir de les ramener à la norme ou juste pour les cacher à la vue.

Luz Volckmann prête sa voix à ces oubliés, ces laissés pour compte, mais ne prétend pas parler en leur nom à tous. C'est personnel et subjectif, on ne peut pas tout comprendre mais je crois qu'on en a pas besoin parce que cette écriture est belle, si belle qu'on a envie de s'y plonger pleinement. Par moments c'est une écriture qui choque, par la dureté des mots peut-être un peu, mais surtout par la dureté du propos, sa violence.

Dans cet ouvrage divisé en trois courtes nouvelles, c'est la deuxième, « La malvenue », qui a trouvé le plus de résonance en moi, sans doute parce que Luz y parle du Morvan, une région que je connais très bien moi-même, et décrit sans détours la triste réalité d'une mentalité campagnarde qui cache plus de choses dans son placard qu'elle n'en a même conscience.

Un grand merci à l'opération masse critique de Babelio et aux éditions Blast pour l'envoi de ce livre, petit par la taille mais grand par le propos, qui m'aura fait bien réfléchir !
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Moi
Je ne pourrais jamais être, quantitativement, autant que vous. Je ne pourrai, comparativement, jamais être aussi belle que vous. Si ma voix est merveilleuse, c'est parce que nos laideurs s'y reflètent. Ces laideurs, c'est mon trésor et ma fin. Quand la lune est faste, je les porte à mes lèvres et à la feuille. Mes mots n'embellissent rien mais n'imaginez pas pour autant qu'ils sont vrais. Le Placard n'est ni beau ni vrai.
Le Placard nous réduit.
Or
J'ai l'orgueil du peuple des géants.
Commenter  J’apprécie          30
À mon corps d’enfant :
Charge-toi des douceurs de ces années tendres et lointaines. Charge-toi pour les jours à venir, lorsque la tempête et les Polices voudront te réduire à l’abandon. Et peut-être était-ce là ta manœuvre, mon ami ? Peut-être toute ta douceur était-elle destinée à me permettre d’accueillir plus tard une violence sans précédent.
Commenter  J’apprécie          30
Le projet est aussi invraisemblable que de réaliser une fresque de l'invisible : faire rentrer au sein de la Parole « ce qui ne peut pas ». À bout de forces, un sujet un verbe un complément, nous voilà déjà en nage. C'est à désespérer. Essayons autre chose : d'une bouche sans lèvres et sans langue, d'un visage sans nez ni oreilles, essayons la cacophonie mais essayons tout de même. Chantons :
Les corps interdits à la beauté et les mots bannis de la poésie
Les insortables et les insolvables
Les bonnes à rien et les bons débarras
Les ratures sur les peaux et les songes
Les matins à la chair idiote et les soirs grandes larmes
Les charges impossibles, les pieds qui ne marchent plus, les jambes qui ne portent pas
Les fiertés en lambeaux
Les viscères et les cellules qui croupissent.
Ils bénissent les charognes ?
Grand bien leur fasse ! Nous pleurerons dans le langage des signes nos gloires en silence, nous hurlerons des ritournelles frénétiques à la lymphe et à la pourriture de nos propres plaies, nous réciterons en bégayant des odes à la vapeur de javel et aux sondes urinaires.
Commenter  J’apprécie          00
Voici le dessin de tout un pays sans angle droit. C'est dans cette absence de géométrie que l'idée d'immobilité s'invite, la tranquillité figée et pétrifiée. Éternelle est l'adjectif que cette campagne accorde et sa population sait se gonfler de l'orgueil d'en connaître la précise conjugaison.
Commenter  J’apprécie          00
Si tu la trouves entre ces lignes, la nostalgie que tu lis t'appartiens.
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : lgbtVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Autres livres de Luz Volckmann (1) Voir plus

Lecteurs (45) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature LGBT Young Adult

Comment s'appelle le premier roman de Benjamin Alire Saenz !?

Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers
L'insaisissable logique de ma vie
Autoboyographie
Sous le même ciel

10 questions
42 lecteurs ont répondu
Thèmes : jeune adulte , lgbt , lgbtq+Créer un quiz sur ce livre

{* *} .._..