Que le viol ait été ou non précédé par une danse nuptiale, il se résume à une brusque et impériale domination mâle sur une femelle qui doit subir l’assaut, la pénétration, puis qui doit attendre que le pénis du mâle ait dégorgé son trop-plein de sperme.
La nature n’a pas été indulgente avec les femelles, n’a prévu pour elles aucune douceur consolatrice. Elle a prévu pour les mâles l’intense satisfaction du bout de la queue qui détermine chez eux tous les comportements, de la recherche effrénée d’une femelle partenaire jusqu’à la danse nuptiale puis l’accomplissement du viol.
En réalité, l’homme a obéi à de vieux ordres qui datent eux aussi de cent millions d’années et qui, pour des raisons obscures ou aléatoires plus qu’objectives, dictaient des choix de partenaires en même temps que la nécessité impérieuse de faire gicler d’urgence sa semence dans une femelle.
Le refus du viol motivé par la médiocre attractivité de la femelle est simplement une facette moins violente de la pulsion de viol en général, le revers d’une médaille aux deux côtés à peine différenciés.
L’image du viol effectué sans entrain, l’image du viol inaccompli en raison d’un manque d’intérêt ou d’un manque d’attirance pour la femelle font partie des images de viol qui visitent systématiquement les animaux mâles humains. Elles appartiennent à la culture du viol et ne sont pas détachables de la pulsion de rut qui les suscite.
Ils sont reclus, ces fantasmes, et n’atteignent pas le stade de la formulation. Les hommes les repoussent en bordure de leur inconscient, avec d’autres non-dits et avec le silence. Mais ils ne les censurent pas.
Le coït est en bonne voie, il va aboutir, l’existence en ce monde a retrouvé sa fondamentale raison d’être.
Une satisfaction inscrite dans le patrimoine génétique de monsieur Yamada, la sensation du viol en train de réussir.
Quelque chose d’indispensable qui donne une raison d’être à sa présence parmi les vivants, une nécessité impérieuse transmise depuis les temps primitifs, depuis l’ère secondaire ou même avant : oublier tout le reste, chercher l’entrée, s’enfoncer.
Quelle que soit l’amabilité ou même la beauté du visage du type, quels que soient son charme, son rire, la douceur de sa peau, ses odeurs, au bas de ses poils pubiens il possède un tube qu’il va enfoncer en toi, un tube dur, turgescent, aux veines gonflées, qu’à peu près personne n’aurait l’idée saugrenue de trouver charmant, un tube qui va cracher en toi un liquide poisseux. Et quelle que soit sa proclamation de tendresse à ton égard, au moment où il introduira son membre au bas de tes poils à toi, il pensera, ce type, qu’il te possède. Qu’en entrant en toi, il te possède.
Ça se passe à l’intérieur de ton ventre, c’est merveilleux, pour que cette merveille s’accomplisse il faut bien qu’un homme ait accès à l’intérieur de ton ventre, il faut qu’un homme enfile son sexe à l’intérieur du tien pour y faire couler des demi-bébés minuscules.