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Citations sur La bataille d'Occident (23)

En Lorraine, dans les Ardennes, de toutes parts les corps qui avaient mis tellement de temps à grandir, à pousser, à avoir des mèches de poils sous le menton, eurent tôt fait d'être couchés dans l'herbe. On vit une cascade de corps humains. Jamais les guerres du passé (...) n'avaient été si cruelles.
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- En France, Jaurès dénonce les manoeuvres du gouvernement; il ne veut pas de cette guerre où les peuples n'ont rien à faire.Il s'époumone, se fâche, mais il y a dans sa voix une sorte de douceur.Quand, tout à coup, une main apparaît, tenant un revolver ; le doigt presse la détente, la gâchette libère le chien qui heurte.L'amorce pète et le petit cylindre de plomb quitte sa chambre et commence sa course effrénée à la vitesse de presque trois cent mètres par seconde... il pénètre l'os...Et ça traverse la cervelle, ressort, mettons par le front, là où se trouve la mystérieuse grotte qui pense.
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Aux commencements, il y a un lit où sont enchaînés l'un à l'autre un homme et une femmme. Et puis des enfants grouillent autour du lit, de tous petits enfants qui ont soif et qui ont faim. Alors, on fait avec des orties de la soupe, avec du feu un théâtre, avec de la neige Dieu. C'est tout ce qu'on sait faire.
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Fallières est un gentil monsieur qui fut président. Pendant toute la première partie de son mandat, il gracia tous les condamnés à mort. il rencontra Nicolas II à Cherbourg, ils burent le thé pour renforcer la triple entente. En 1912, il instaura l'isoloir - petit clapier où derrière un rideau, l'homme broie ses limites et lève le poing.
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Pourtant, qu'on imagine seulement pendant quarante-trois secondes les 27 000 morts du 22 août 1914, journée qui fut, en son temps, la plus meurtrière de l'Histoire. Qu'on imagine les 27 000 dormeurs du val ! Qu'on imagine Auguste Piel, Joseph Loeh, Victor Metz, qu'on imagine chacun dans sa plus exacte personne, allongé-là, chacun. Puis ce sont des milliers de Charles, de Célestin, de Paul, des centaines d'Otton et de Karl. Qu'on entende chanter la rivière, qu'on soit ébloui par ces haillons d'argent. Ils sont là, têtes nues, milliers de bouches ouvertes, la lumière pleut sur leur sommeil. Qu'on imagine leurs narines blanches frissonner au vent du soir et que l'on voie ces milliers de trous rouges dans l'abdomen, le front, le dos, qu'on imagine ces corps déchiquetés, l'herbe noire.
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Il faut que les sociétés humaines s'affrontent dans le grand paradoxe de leur souffle et de leur déclin. Il faut qu'elles se fracturent et s'ouvrent à la vérité de leur nature contradictoire. Car elles sont vivantes et pour cette raison cherchent à vaincre en elles leur propre ennemi et à atteindre hors d'elles leur propre centre qui sont les points décisifs de leur haine ou de leur amour. Sans cesse, l'Occident aura découvert en lui un abîme nouveau. Toute la science du monde et tous les plaisirs ne le consoleront pas.
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À l'époque, les régiments de dragons forment le gros de la cavalerie française. On y voit tout un attirail de péplum : crinière, pantalons garance, grand équipement de ceinturon. Mais les Autrichiens ont poussé l'art de la guerre et du plumage encore plus loin que les Français ; leurs régiments se reconnaissent à de subtiles nuances de couleur : le cerise, le rose, l'amarante, le carmin, l'écarlate ou le homard. Les Anglais et les Allemands, eux, sont vêtus de kaki ou de vert-de-gris, c'est plus moderne, mais plus triste. Qu'on imagine à présent toutes ces armées couvertes de galons, de panaches, ces tenues de golf mélangées avec le tartan, le kilt, le pompon, ces képis colorés et ces casques à pointe, toutes sortes de hures picardes ou bataves, sifflant, marchant au pas, dans une grande flaque de soleil ! Voilà une guerre qui se prépare, tout un attirail de sottises, un retard inouï, des progrès bien vilains, un héroïsme qui va être broyé par le fer. Car c'est un monde étrange, double : à la fois très ancien, monde de salpêtre et de roses trémières, monde d'éventails et de mauvaises valses, mais aussi le monde des premiers tanks, des obusiers, des premières grandes machines à faire mourir. Les saint-cyriens iront au feu en belle tenue, on verra de jeunes puceaux, casoars et gants blancs, parader quelques jours, avant que les premières rafales de mitrailleuses ne fauchent leurs plumes.
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Très vite, ces jeunes gens pleins de vie ne sont plus que des nids de pie, les becs les picorent, les trompes les sucent...Un champ de bataille est un paysage comme un autre.Mais semé de corps humains, d'armes, de toutes sortes d'objets. L'impression d'abandon domine.
Mais c'est à l'ouest ...que tombent les premiers coups.C'est là que les petites dents françaises...viennent mordiller les plumes de l'aigle.
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Ce fut un carnage. La conscription est le nom de ce déchaînement, de cette terrible générosité de corps, où la jeunesse est envoyée mourir au milieu des champs de betteraves sucrières.
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Les petits-fils de la reine Victoria occupaient le trône d’Angleterre et d’Allemagne, un même derrière avait posé ses fesses sur deux chaises
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