AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,68

sur 738 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce récit est surprenant dans sa structure narrative, l'auteur navigue entre les genres... A la fois roman épistolaire, poésie, biographie, témoignage, récit imaginaire...
L'auteur y aborde la difficulté pour un métis d'identifier sa culture, ses racines... Pas assez blanc pour les uns, trop blanc pour les autres avec la violence du regard, des brimades, des mots assassins.
Il est également question de la guerre du Vietnam et des symptômes post-traumatiques, de l'expatriation, de la maltraitance, de l'homosexualité,... Et avant tout d'humanité.

Pour écrire cette longue lettre qu'il adresse à sa mère, il utilise soit la première personne soit la troisième en se désignant par "le petit garçon " comme pour mettre de la distance entre ce passé qui l'a fait souffrir et son présent.
Ce récit non linéaire est construit comme des flash back de souvenirs qui cherchent à ressurgir... Autant d'éléments décousus qui expliquent l'homme qu'il est devenu...

J'ai eu la chance après la lecture de ce livre de participer à une rencontre virtuelle avec l'auteur : tout comme dans son écriture, l'homme est plein de poésie, modeste. Il écrit en faisant sciemment sauter les barrières littéraires entre les genres. Il ne sait pas si sa carrière d'auteur se poursuivra, il est reconnaissant pour le succès qu'il a mais se projette avant tout dans son métier de professeur. Écrire des livres et être publié est une super aventure mais qui peut être éphémère.
Commenter  J’apprécie          40
quelle écriture, quelle originalité!!! assez incroyable ! Récit poignant de cet émigré vietnamien aux USA et son arrivée aux USA avec sa mère, sa grand mère....C'est dense, poignant, dur parfois, émouvant le plus souvent.
Ce n'est pas toujours facile à lire car la structure du livre est parfois complexe à saisir, donnant l'impression de tourner en rond....sentiment de vertige qui est peut être une volonté de l'auteur!
Commenter  J’apprécie          30
Dans une longue lettre adressée à sa mère, un jeune homme raconte la recherche du bonheur et les parts d'ombre d'une histoire marquée par une guerre, ses traumatismes, d'un départ pour un pays où il faut tenter de trouver sa place, souvent en se faisant invisible pour ne pas déranger. C'est l'histoire d'un gamin en quête d'amour, qui ploie parfois sous les poings d'une mère qui peine à trouver les chemins de l'amour. C'est l'histoire d'un garçon métisse que la peau et les traits semblent sans cesse trahir, étranger partout. C'est l'histoire d'un homme qui découvre le désir, la violence et la beauté du plaisir dans les bras d'un garçon.
Jolie découverte que ce premier roman évoquant les ravages cachés d'une guerre, l'exil, les origines, la différence, l'homosexualité. Malgré la violence des coups, des addictions et la mort qui plane sur les destins, Un bref instant de splendeur irradie de la poésie d'Ocean Vuong : chercher la beauté quand tout paraît noyé sous les eaux sombres d'une histoire qui nous échappe et trouver la rédemption dans les mots et l'écriture.
Commenter  J’apprécie          30
Ce livre était sûrement le roman que j'attendais le plus de la rentrée d'hiver en littérature américaine.

J'avais lu le premier recueil de poésie d'Ocean Vuong et j'étais tombée sous le charme de cette plume sublime. Un bref instant de splendeur a eu un immense succès aux USA et j'avais donc hâte de lire ce premier roman, j'en attendais vraiment énormément.

Dès le début on comprend que l'auteur souhaite expérimenter, dépasser les limites de l'écriture, mélanger les périodes, les différentes strates de l'histoire. On admire immédiatement le style magnifique : c'est une écriture qui s'évade, nous échappe, virevolte, prend vie devant nous. L'auteur se transcende, se livre et se délivre par les mots, son personnage principal s'ouvre à sa mère qui ne peut le lire, lui dit tout sans rien lui cacher tout en sachant qu'elle ne pourra jamais lire tout ce qu'il pense, ressent et souhaiterait lui avouer. le personnage suit le cours de ses pensées, passe d'un élément à un autre sans chercher à donner une cohérence absolue à sa lettre.

C'est un roman aussi très intimiste : le personnage parle ici de sa relation compliquée avec sa mère, de son lien avec ses proches, de son homosexualité et de son premier amour. C'est un roman sur l'amour, les origines, le langage, les mots, la littérature et la vie tout simplement. Un livre sur le lien entre nos proches et nous, ce qu'on leur dit et ce qu'on leur cache. C'est un roman qui nous livre indéniablement un bref instant de splendeur grâce à la plume enchanteresse de son auteur.

Après toutes ces éloges, je dois quand même souligner un bémol. Pendant ma lecture, j'ai eu la sensation que l'auteur était tellement focalisé sur son écriture qu'il en oubliait parfois son histoire. L'écrivain s'émancipe ainsi complètement d'un cadre narratif mais cela amène parfois la perte du fil conducteur (et du lecteur au passage). J'aurais aussi aimé que certains points soient plus développés. Cela entraîne une seconde conséquence pour ma part : j'ai été un peu détachée du texte, comme s'il y avait une barrière hermétique aux émotions entre ce livre et moi-même. J'aurais aimé être beaucoup plus émue en lisant ce livre et pourtant à part quelques passages précis, j'ai plutôt eu l'impression d'une distance entre le texte et moi, d'être exclue en raison du caractère très personnel des confessions du personnage et que j'étais une intruse qui espionnait les pensées du héros.

En définitive, Ocean Vuong est indubitablement un très grand écrivain et j'ai hâte de lire ses prochains écrits. Je termine ce livre en étant très admirative de la forme, de l'écriture (et je tiens ainsi à saluer la traduction sublime de Marguerite Capelle, une très grande traductrice) mais je suis plus dubitative concernant l'histoire et le fond où je suis un peu passée à côté.
Lien : https://leatouchbook.blogspo..
Commenter  J’apprécie          30
Un roman autobiographique surprenant, mélange de cauchemar et de rêve, qui ne raconte pas « tant une histoire qu'un naufrage » d'où émergent quelques brefs instants de splendeur. Inspiré de sa vie, le récit d'Ocean Vuong prend la forme d'une vaine lettre à sa mère, telle une bouteille à la mer puisqu'elle ne la lira jamais. Fille d'un soldat américain et d'une paysanne vietnamienne, celle-ci est analphabète et parle très peu l'anglais. Dure et parfois abusive envers son fils, celle-ci porte, tout comme sa mère qui vit avec eux, les stigmates de la guerre du Vietnam. Ocean Vuong alias Little Dog dans le récit écrit, chaque mot plus désespéré que le précédent : « À quel moment une guerre prend-elle fin ? À quel moment puis-je prononcer ton nom et ne lui faire dire que ton nom, et pas ce que tu as laissé derrière toi ? » La réponse n'est pas aussi simple que d'éliminer la pourriture d'un fruit. Mais dans sa lettre meurtrie et douloureuse, Little Dog se libère, s'émancipe de sa famille et couche sur le papier les blessures qui saignent, à la recherche de réconfort. « Je nous fais de nouveau voler en éclats pour pouvoir nous emmener ailleurs... » Avec une sincérité à vif, il parle de tout, de race, de genre, de sexualité, d'amour à mort, de pauvreté, de drogue, de violence, de douleur, de dignité, de deuil impossible, de souvenirs, de regrets, de chagrin et de langage, mais avec beaucoup de délicatesse et sans jamais alourdir le propos. le dernier thème, la langue, est majeur, et l'auteur en explore l'importance à la fois au niveau du choix des mots et des phrases, mais aussi relativement au pouvoir ou à la dépendance d'un individu ayant eu accès ou non à la langue et à l'alphabétisation. C'est lumineux, bouleversant, urgent, nécessaire. Avec une plume magnifique, l'écrivain oscille entre la grâce de l'instant et l'âpreté du quotidien, un récit pur et cru tant l'écriture est à l'os et les émotions puissantes et étourdissantes. Avec la précision d'un poète, Ocean Vuong examine si mettre des mots sur son expérience peut combler des blessures qui s'étendent sur des générations et s'il n'est jamais possible d'être vraiment entendu par ceux que nous aimons le plus. L'écriture de ce roman est surprenante, magnifique, follement poétique et le récit se lit d'ailleurs presque comme un recueil de poésie, des poèmes en prose, chacun capturant si magnifiquement un moment, un souvenir, un sentiment ou une idée. Une poésie puissante qui canalise le malheur et la soif des oubliés du rêve américain dont Ocean Vuong est paradoxalement aujourd'hui un symbole. le récit ne suit pas donc une structure narrative régulière, mais se compose plutôt d'une série d'extraits ou de moments. Cette construction originale et le style poétique ne conviendront pas à tout le monde, mais ce roman lyrique et puissant mérite la lecture du plus grand nombre.
Commenter  J’apprécie          30
Un livre doux et beau en poésie où l'auteur nous raconte les souvenirs de sa mère et de sa grand-mère, marquées à jamais par les conséquences de la guerre du Vietnam.
C'est aussi un livre sur la quête de soi. L'auteur essaie de renouer avec ses origines vietnamiennes à travers sa mère et sa grand-mère et essaie en même temps de s'adapter aux États-Unis.
Il se découvre lui-même à travers ses propres expériences.
Commenter  J’apprécie          20
C'est un roman intime sur le déracinement, la différence, la solitude, la violence, l'éveil du désir et tellement d'autres sujets, sans qu'à aucun moment on se sente noyé ni même débordé.

Ce roman est aussi une déclaration d'amour à sa mère, celle qui a fui le Vietnam, celle qui l'aime et qui le frappe. Celle qui, analphabète, ne lira jamais cette lettre en forme de roman (ou l'inverse).

Ce roman de formation raconte l'histoire d'un jeune garçon, un « yellow-white », mi vietnamien mi-américain. Il grandit dans un monde de femmes, sa mère, qui respire les volutes de dissolvant à longueur de journée et sa grand-mère, conteuse hors pair. Ces deux femmes ont l'horreur de la guerre gravée au fond d'elles. A tel point qu'elles en font des cauchemars éveillés au bruit des pétards qui parfois explosent dans ce quartier populaire.

Il y a une grande sincérité dans ce récit qui donne parfois le sentiment de partir dans tous les sens. Ça pourra en dérouter certains, les autres, dont je fais partie, trouvant que cela donne au contraire du rythme à ce récit intime.

Les moments de délicatesse pure côtoient les moments plus crus, qui disent les coups, la violence.
La langue est travaillée, épousant selon les moments du récit des formes allant de la poésie à des phrases plus hachées, fragmentées pour dire la violence ou les coups. Mais à chaque fois la poésie l'emporte comme pour dire que les mots soignent les maux.
Commenter  J’apprécie          20
J'ai beaucoup de mal à écrire une critique cohérente pour ce livre ; j,ai mis un temps fou à rentré dans l'histoire,je m'y suis reprise à plusieurs fois .Je me suis un peu perdu dans le labyrinthe des pensées mais c'est pour moi le propre de nos souvenirs , ne pas avoir nécessairement de chronologie.Il y a deux passages du livre qui m'ont touché : lorsqu'il travaille pour la première fois dans les champs de tabac et découvre l'amour avec Trevor et à la fin les adieux à là grand mère et son enterrement .C'est également un livre sur la différence sexuelle et de culture avec une mère absolument pas intégrée à la vie américaine et j'aurai aimé comprendre son refus d'intégration.
Commenter  J’apprécie          20
"(...) Que se passe-t-il quand la langue maternelle est atrophiée ? Que se passe-t-il quand cette langue est non seulement le symbole d'un vide, mais un vide elle-même, quand cette langue a été coupée ? Est-il possible de prendre plaisir à la perte, sans se perdre totalement soi-même ?"
Le narrateur écrit une lettre à sa mère, celle ci étant analphabète il peut alors vider son coeur dans une pureté du récit, d'une sincérité époustouflante, sans tabou.
Little dog vit avec sa mère maltraitante et sa grand-mère schizophrène, toutes deux marquées par la guerre du Vietnam. Lui, trop blanc pour vietnamien ou trop jaune pour être américain se raconte sans fard et pourtant il y a de la pudeur dans ses mots, presque une forme de respect alors même que certains passages de l'enfance sont déchirants. Mais avec grâce, il arrive à équilibrer avec émoi en piochant dans ses souvenirs d'enfant qui a fait face au racisme, à la honte et à la pauvreté au milieu de ses américains qui "vivent plus". A l'adolescence, il rencontre Trev, il découvre le corps, le désir, un amour. Ce qu'il en écrit et ce qu'il vit sont des pages bouleversantes. Ce livre est bouleversant tant par le sujet, par l'écriture sublime, par sa teneur, par ses questionnements d'une intelligence aiguë.
"Je repense à la beauté, à ces choses qu'on chasse parce qu'on a décidé qu'elles étaient belles. Si la vie d'un individu, comparée à l'histoire de notre planète, est infiniment courte, un battement de cil comme on dit, alors être magnifique, même du jour de votre naissance au jour de votre mort, c'est ne connaître qu'un bref instant de splendeur."
Commenter  J’apprécie          20
Un retour tardif mais un retour quand même ! Je voudrais tout d'abord remercier Babelio et les éditions Gallimard qui m'ont permis de découvrir cet EXCELLENT roman ET de participer à une rencontre avec Ocean VUONG, l'auteur, afin de d'échanger avec lui autour de cette petite pépite !

Ne perdons pas plus de temps voici un léger topo pour ne pas trop en dire :
Ce roman prend la forme d'une lettre écrite par Little Dog, jeune homme d'origine vietnamienne, né en 1988 à Hanoi, adressée à sa mère, Rose, qui ne pourra jamais la lire car elle est illettrée.
Dans cette lettre, il retrace la vie de sa famille depuis la guerre du Vietnam jusqu'à son adolescence aux Etats-Unis.
Par l'utilisation de flashbacks, l'auteur nous fait vivre la violence de la guerre, la destruction de villages entiers et toute l'horreur qui a conduit sa mère et sa grand-mère à souffrir de stress post-traumatique et les effets de cette maladie sur sa propre vie.
Ensuite, arrivera Trévor, avec qui l'auteur découvrira son homosexualité ainsi que la passion dans toute sa grandeur et diverses addictions aux conséquences que l'on peut imaginer.
Les thèmes du racisme, de la violence, de l'homophobie et de l'illusion du rêve américain sont largement abordés.

Ocean VUONG est un tout d'abord un poète et c'est tout à fait ce que l'on ressent en lisant ce roman. Cette lettre déborde de poésie. C'est violent parfois cru mais toujours beau. La lecture peut sembler difficile du fait de juxtaposition des pensées de l'auteur mais je l'ai abordé comme le jet à l'état brut des pensées de l'auteur et cela m'a beaucoup plu.

Un roman splendide et un excellent moment de lecture.

Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (1978) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1736 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}